Vendredi dernier, à la fin, après le beau Ligeti et Beethoven, Jonathan Schiffmann nous a informé que c'était sans doute le dernier concert qu'il dirigeait, (stupeur de la salle, il était aimé, pour sa façon de diriger, pour son attitude ni trop ni trop peu décontractée, pour le renouvellement amorcé du répertoire, pour le combat mené avec lui pour sauver l'orchestre), ce que j'évoquais le 4 avril http://brigetoun.blogspot.com/2010/04/pour-mettre-jour-mon-petit-journal.html et ce que raconte cet article (adresse fournie par Florence Trocmé de Poezibao http://www.qobuz.com/info/MAGAZINE-ACTUALITES/CURIOSITES/Agitation-en-Avignon41843
et ce matin j'ai découvert sur le site de Vaucluse Matin que pour le concert de vendredi, que j'attendais avec joie, pour le programme, et pour le plaisir d'écouter de la musique dans le cadre de Saint Pierre, non seulement il ne dirigerait pas mais que la symphonie n°3 de Philip Glass s'est transformée en sérénade pour cordes de Tschaïlosvki (belle musique, mais que je désirais un gros peu moins) http://www.ledauphine.com/eglise-saint-pierrejonathan-schiffman-remplace-demain-soir-l-orchestre-lyrique-vien – avec navrance. Jonathan Schiffmann introduisait peu à peu (et expliquait joliment au public ce qu'il allait faire entendre) une pincée des classiques du 20ème siècle dans les programmes honorables mais poussiéreux, comblant ainsi un tout petit peu l'un de mes manques dans cette ville vouée au 19ème et au bel canto (mon besoin de classique et baroque étant légèrement calmé par la musique de chambre).
un peu rassérénée par l'article plus précis de Midi Libre http://www.midilibre.com/articles/2010/04/07/VILLAGES-L-39-orchestre-va-t-il-perdre-son-jeune-chef-1179658.php5 qui semble indiquer que les ponts ne sont pas définitivement coupés. Je ne sais si cela tient aussi à l'ambiance mais vendredi dernier le pupitre des violons était en grande partie renouvelé.
J'ai pensé : je gueule (j'ai simplement envoyé un courriel sans virulence mais navré) et demande à être remboursée, mais il y a Saint Pierre, un chef que j'ai bien aimé et Pergolèse, alors... j'attends la suite. (mais si je veux écouter de la musique n'aurais guère le choix)
Sur ce collage les deux petites photos viennent de chez Michel Benoit http://avignon.midiblogs.com/
Je reprends paresseusement deux paragraphes accrochés au convoi (un nouveau dans celui de jeudi) http://leconvoidesglossolales.blogspot.com
Au dessus du mur, l'éventail noir des arbres hivernaux, la cime en attente des platanes d'une route qui nous longeait. Route désertée, et le silence nourri uniquement de l'infime mouvement des rameaux nus dans le vent, quand il prenait force et balayait la région, n'était que très rarement cassé par l'arrivée, le passage, l'éloignement d'un moteur, si rarement que c'était presque événement. D'ailleurs la plupart, à heures à peu près fixes étaient bien la marque des minuscules «évènements» qui ponctuaient la vie du hameau, le toussotement croissant et décroissant de la mobylette du facteur, le car de l'école de Villedieu, le matin et le soir, et deux heures après le premier, une heure après le second, celui qui nous reliait au bourg, avec aussi le circuit du camion de la coopérative. Le reste du temps le jardin m'était une île, et je m'y installait pour travailler, dans la première douceur des jours, à une table sous la gloriette blottie dans un angle, à l'abri du vent, mais à vrai dire, comme il faisait trop froid pour écrire, je restais assise, mains gantées dans les poches de mon manteau, et je rêvais un peu, croyais penser, espérais que les idées me viennent, mâchant des mots pour tenter de les mettre en forme et les retenir, les mettre en réserve, et puis je me réfugiais dans la véranda chauffée, où je me tenais les jours de pluie ou de froid trop intense, et les gouttes de pluie ou la buée maquillaient l'extérieur. La vie du village, les voitures, les tracteurs, se déroulait de l'autre côté de la maison, devant le porche qui s'ouvrait au bas de la place de l'église.
Août s'achevait dans des journées de pluie sur le lac. On avait rentré dans la galerie où les enfants jouaient, tout au bout, contre la porte fenêtre en angle, sur le potager, quatre des chaises et la table de fonte de la terrasse, pour les dessins, les parties de mille bornes ou de Cluedo, et les plus grands s'étaient réservé ce coin, installant même un énorme philodendron comme une frontière. Alice et Jeanne commentaient le dernier numéro de Elle qui annonçait les tendances de la rentrée, et comptaient les jours qui s'étendaient encore entre le vide de ces deux mois de cousinage, de marches derrière le grand-père dans les alpages, de rares descentes à Amphion pour vérifier que l'ennui y était plus concentré encore, comme leur groupe, et la trop brève fin de vacances, quand elles seraient rentrées, enfin, les longues journées de septembre, les soirées au bas de l'immeuble avec les autres, dans le ressac de la mer, le frissonnement des pins, quand la chaleur du jour ressort de la peau, les phrases échangées avec une cigarette, en attendant que les garçons repartent en pension. Et de temps en temps une révolte fusait dans le groupe des petits, et entraînés par Arnaud, ils fonçaient à l'assaut de leur rêverie dans un tumulte de bras, de récriminations, et puis de pleurs de Julie qui invariablement recevait un coup qui ne lui était pas destiné. Généralement il était alors l'heure d'aller en troupe à la cuisine pour le goûter.
P.S. Pour l'orchestre, il y a aussi cela (et sa vie en suspens)
http://www.laprovence.com/article/avignon/lolrap-secoue-par-un-concert-de-dissonances
6 commentaires:
toute une journée de musique..par delà
"l'éventail noir des arbres hivernaux"
A propos du Festival de l'Abbaye de St-Michel en Thiérache pour lequel vous aviez marqué de l'intérêt - malgré la distance trop étirée - cette information.
Les réservations débutaient le 1er avril à 14h. A 18h, plus une place pour le concert du 13 juin (16h30)...
C'est dire si par ici, nous sommes en manque, notamment de baroque.
Schiffman le disait lors du grand concert de soutien à l'OLRAP :
« Les chefs d'orchestre passent, les orchestres restent. »
Était-ce prémonitoire ?
Mais pour lui, c'est beaucoup beaucoup trop tôt !!!
bien d'accord, et pour l'orchestre il y a la fin de 'article de Vaucluse-matin et mon étonnement devant les nouvelles têtes des violons
La semaine qui vient je me contenterais, fort bien, d'Imuvrini. à bientôt Brigitte.
le tempo est là dans ce texte, une fin de vacances, un pied içi et déjà une nostalgie passe...
Toujours un coup coeur pour vos photos en reflet.
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