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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, mai 07, 2011

aperçu sur vases communicants

Mon rite mensuel – de l'excitation à intimidation, de l'intimidation admirative au découragement, du découragement idiot à la bataille avec machine, brève, de la résurrection machine au lavage de cheveux, du lavage de cheveux au plaisir pur, du plaisir pur au : bon, ce sera ce que sera

une plongée en science fiction, avec grains de sel
G@rp http://www.frth.fr/quoi/vases-communicants/rumeurs-paralleles,149 : une histoire qui commence par une machine à café qui ne veut plus
« Sans un Immelman, et encore, il apparaît que les chances de survie de la machine à café sont définitivement compromises. Or l’espace manque aussi pour tenter une telle manœuvre même si la raison la commande : ce que l’univers entier des costards/ tailleurs commence à penser à l’unisson, déstabilisant le d’ores et déjà ex- futur- sauveteur qui se débat dans son dilemme (Immelman or not Immelman ?), par the question mortifié. .. » et cela s'emballe, c'est savoureux, avec ou sans sucre, lisez donc, parce qu'en fait ce n'est qu'apparence, histoire masque
et
Franck Thomas http://lasuitesouspeu.net/2011/05/lheresie-⎢franck-thomas-_frth-⎢-vasescommunicants/ : l'histoire, avec liens pertinents, d'un mutant à bord d'un vaisseau, drôle de mutant à coquille, embarqué avec de drôles de gens dans une drôle d'histoire
« il se relève, le mutant est sur lui désormais ; quelques typos bien placées entre les deux yeux le tiennent en respect, mais le nain reprend vite l’avantage ; dans un fracas étourdissant, il plaque au sol le gastéropode et se libère de son étreinte ; l’issue devient critique, le traître s’apprête à débrancher le secteur, quand tweet ! un hashtag furtif le grille sur le coup, laissant son corps fumant se froisser dans la main de son adversaire. Pas mal, ces petites choses finalement, se dit G@rp en soufflant sur sa paume les cendres de l’ennemi. »

un échange de photos, et de (très) beaux textes
Maryse Hache http://aquelquepasdelusine.blogspot.com/2011/05/femme-vient-et-sen-va-de-maryse-hache.html sur des photos de Jérôme Wurtz, trois très beaux poèmes
« ombre et lumière dans l'usine en ruines
comme dans la grande forêt
arbres feuilles soleil à l'extérieur de l'usine
comme dans la grande forêt
sanglots
une main doucement
retira la dague.. »
et
Jérôme Wurtz, sur des photos de Maryse Hache http://semenoir.typepad.fr/semenoir/2011/05/trois-portraits-i-jérôme-wurtz-vasescommunicants-avril-2011.html trois photos de groupes, à travers les ans, leur description précise, à mots soigneux, et l'histoire de ces hommes, femmes, enfants
« 22 mars 1952. Les jumeaux du 57 naissaient. Un père encore dans son Alsace, courant dans la forêt sombre fuyant les religieuses pour se réfugier auprès de sa mère. De l'autre côté de Billancourt, dans le 16e, une autre mère attendait sa seconde fille, ma mère. Elle arrivera 14 jours plus tard. Et quelque part en France, une autre famille se rassemblait pour fêter une communion. Peut-être. La trace de cet événement. Une photo de famille. Celle de Maryse Hache. » Beau

un échange de quotidienneté scrutée
Joachim Séné http://www.fuirestunepulsion.net/spip.php?article991 : un marché, des oiseaux, du plastique, des noirs, des blancs, des légumes et un père
« Je continue dans le marché, à passer devant des stands que j’ai déjà vu tout à l’heure. Elle va avoir un an, elle peut manger de tout, ou presque, un peu mouliné, avec ses deux dents ; tout, vraiment tout ? »
et
Guillaume Sénac http://www.joachimsene.fr/txt/spip.php?article322 : bientôt les Prudhommes, la suite du texte d'avril chez Oeuvres ouvertes – cette langue des bureaux.. toujours aussi ironiquement cafardant,
« puisqu’officiellement c’est juste un jour comme n’importe quel autre alors bosser tout simplement, et puis baisser la tête, serrer sa main, lever la tête, assister à la réunion générale, faire ah bon, faire ah oui, dire comment ?, et merde alors, mimer sur nos visages assez blasés la surprise malgré tout, puis assister à l’entretien en tête à tête, faire genre je suis un peu abasourdi en fait » et petite pirouette finale

beaux développements sur chansons
Louise Imagine http://kmskma.free.fr/?p=5124 : le réveil dans cette chambre de l'hôtel qu'il avait choisi (beau, encore)
« C’était peut-être hier. Ou la semaine dernière, je ne sais plus. C’était peut-être le mois dernier. Quelle importance… Je me souviens du tissu, lisse et étonnamment frais sous ma joue. De mes cheveux éparpillés sur l’oreiller, une mèche frôlant l’arête du nez s’emmêlant dans mes cils. »
et
KMS http://louiseimagine.wordpress.com/2011/05/06/les-vases-communicants-mai-2011/ ; sur « eyes on my back » de Joseph Arthur (que je ne connaissais pas et que j'aime)
« Ils sont écarquillés, secs de larmes, que même la pluie ne vient adoucir. Ecarquillés jour et nuit de peur de rater on ne sait quel hypothétique retour »

rencontres chaleureusement contées
un poème pour le petit roi de Cuba
« laissés à la terrasse 

les cliquetis des grands 

des briquets 

des gourmettes 

des cuillères à café ... »
et Christophe Sanchez http://koukistories.blogspot.com/2011/05/vases-communicants-texte-de-christophe.html : parle du vieux Négus qui fréquentait la terrasse du café, avec une ironie tendre, en le suivant au fil des heures de l'après-midi
« Une parenthèse de silence où il nous semblait le perdre et il baissait son menton d’orgueil comme pour un dernier soupir, fermait ses yeux bouffis et laissait un somme le ramasser une heure ou deux. »

les reflets
Christopher Sélac http://www.liminaire.fr/spip.php?article1277 : petite merveille d'émerveillement devant petite fille émerveillée par les bulles de savon
« La petite fille les porte du regard, ces petites sphères irisées de bonheur, mues par l’immensité de ses espoirs. Elle les regarde s’envoler, les petites comme les grosses, comme autant de ses rêves »
et
Pierre Ménard http://christopherselac.livreaucentre.fr/2011/05/06/vases-communicants-face-aux-reflets-par-pierre-menard/ : face aux reflets, un texte d'une délicatesse extrême
« Derrière les petits carreaux, il tombe avec la pluie une lumière grise très belle, pleine de douceurs d’automne, qui met une étincelle à chaque goutte. La pluie fait monter du pavé de la ville une odeur de campagne, de feuillage et de terre, le vent s’engouffre au coin des rues avec une fraîcheur guillerette »

survivance dévoyée des mythologies
Isabelle Butterlin http://valetudinaire.net/index.php?post/2011/05/05/Paris%2C-6%3A24 = dans Paris, marcher entre les groupes, les jeunes, les garçons, les filles surtout, et les portables
« Lecture commentée du sms. Lu il donne : “tu fais quoi ce soir?” Mais je suis incapable de dire comment il est écrit. De remonter de cette phrase, de ses sons, du sens qui est le sien, à ce qui apparaît sur l’écran. Je n’en ai aucune idée. Je ne parviens pas à savoir à qui appartient le portable. Chacune l’exige aussi impatiemment. Ni ce qu’il dit. Sinon l’intime. Exposé. Étalé. Mots pauvres. Les rires les remplacent. Et les insultes. Stridences. »
et
@Valtudinaire http://yzabel2046.blogspot.com/2011/05/les-faunes-blesses-vase-communicant.html : dans notre monde contemporain, les mythologies ont changé ou sont mortes, mais les faunes sont là, blessés
« Que les faunes s'accordent le plus à contempler à mesure de leur progression vitale la beauté environnante, elle ne surgira que bien plus tard quand les espoirs seront fanés, que leur vieux corps douloureux subira les impacts du temps, que leurs envies seront enfouies ; mais la jeunesse ne se regagne pas, ne se partage pas, elle se contemple du haut des âges perdus »

les yeux sur l'air
les nuages : le nucléaire, le cirrocumulus ondulatus, le cirrus et les autres
« Le plus élevé. Le poète. Celui des signes. Du poète. Charles mais pas seulement.
Celui qui traîne, se balade, court, gambade… nous emmène… »
et
suivre les nuages, suivre la route, les pensées
« Il me semble que la compagnie des nuages est un apprivoisement lent et patient, qu’ils ne se laissent pas attraper facilement. J’aimerais parfois les dompter et achever leur chantier, leur œuvre en cours, leurs perpétuelles ébauches mais ils ont du caractère (je les comprends, moi aussi je suis cyclothymique) ; la preuve, le ciel est à nouveau très bleu, très clair »

Paris
Piero Cohen Hadria http://dh68.wordpress.com/2011/05/06/de-la-blanche-a-celle-de-clichy/ photos et texte, chemin dans Paris vers rendez-vous, les souvenirs et
« En sortant de ce lieu à la mort dédié (y sont aussi mes parents, et leurs parents et mes oncles et mes tantes ainsi qu’une inscription, en mémoire d’un de mes grands pères – je ne la savais pas là, celle-là), en sortant de ce lieu calme aux passions éteintes, j’ai rejoint donc au café Wepler prix littéraire, mon ami correspondant : sur la terrasse, mais devant nous, assis, ses lunettes de couleurs, cet homme et devant lui qui passent toutes ces personnes tellement plus vraies que ce qu’ils veulent bien en dire, en les avilissant, les salissant et les renvoyant (par trente mille, par an, parce que « un ça va encore, c’est quand ils sont plusieurs… » ), ceux qui emploient ces termes ignobles, vers un « chez eux » qui n’existe pas. »
et
« Défaire le trottoir, entre deux stations de métro, et laisser ouvertes les portes de la perception, inscrire une mince pellicule d’impressions, expressions, situations, en une heure de temps, le 28 avril dernier, et ensuite retrouver l’ami Piero dans un café, on échange nos photos, restera le choix à opérer et les mots à semer » et l'actualité à y accrocher, avec malice et saveur comme toujours

un très bel échange
Anita Navarrete-Berbel http://www.face-terres.fr/texte/06-mai-2011/et-il-voit-larbre-noir-avec-ses-yeux-noirs-anita-navarrete-berbel beau chemin blanc vers un arbre, tous les chemins, tous les arbres
« les chemin connus les chemins déserts je les connais, un jour je suis revenu sur le chemin là, le chemin avec l'arbre noir, celui qui est grave et silencieux je cherche rien. Je me souviens. De l'arbre. »
et
« quelque maison effondrée, nous ne voulions pas dire mangée alors qu'à l'évidence c'était ce qui se passait là, dans les draps noirs de l'obscurité, pendant que nous dormions tous du seul possible sommeil qu'il nous restait et qui n'était qu'éveils en fait »

La Défense dont vais finir par rêver (surtout ainsi)
François Bon http://www.urbain-trop-urbain.fr/la-benne-aux-vieux-noms/ dans son royaume actuel, patiemment exploré et pensé, la benne où l'on jette les vieux noms, et tout ce que cela dit de cette île ou «poire», avec cette notation que j'aime bien
«À remarquer d’ailleurs que le «musée à ciel ouvert» de la Défense devient alors sa signalétique nominative : pour la tour Manhattan (ce nom prétentieux parce qu’elle est neuve et dorée) on vous dira seulement «derrière la cheminée Moretti», comme hier midi pour les sandwiches on s’était donné rendez-vous « sous le Miro », et quand bien même on ne dira pas « devant le Calder », mais « à l’araignée ». Que les usages tranchent, ce n’est pas neuf, mais qu’un geste d’art puisse structurer cet usage, alors même que ces artistes ne sont guère que des noms liés à cet objet particulier, voilà qui est neuf. » et les couleurs pour désigner les quartiers, et puis ces niveaux, et à découvrir la Défense à travers ses billets je perds le peu que je croyais savoir d'elle.
et
Urbain trop Urbain (Claire Dutrait) http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2550 en compagnonnage évident, dépasse l'actuel, vois la Défense 3000, en « ruines grises, traces de monumentales absences »
« On saurait qu’il y avait des habitations, et des habitants, mais qui ? On ne comprendrait pas ce que désignaient Cœur Défense ni Tête Défense qu’on verrait sur des reconstitutions approximatives des plans vendus à l’entrée. On s’arrêterait devant une voûte, seule proche d’être intacte. On s’ébahirait sur la permanence du trépied, mais personne ne saurait ce que les lettres CNIT signifiaient.
Et puis on repartirait emplis d’un sentiment océanique d’avoir été un temps liés avec un monde qu’on aurait cru humain. »

sur des airs
Candice Nguyen https://samdixneuf.wordpress.com/2011/05/06/le-vent-decider/ sur « l'imprudence » de Bashung – perdu dans le vent, continuer, décider
« Et le sang coule même pas. Les lacs sont gelés, on y cherche les enfants des yeux sur leurs patins mais y’a personne et plus rien à part ces foutues feuilles qui crissent folles dans l’indifférence et la rage insatiable des vents. Pique-niquer ailleurs, plus tard, plus loin, sur une autre aire d’autoroute. Il faut continuer. »
et
Samuel Dixneuf http://www.theoneshotmi.com/2011/05/laube.html : New York, à l'aube
« Elle est loin ma terre, la joue glacée sur le pavé brutal. J’entends des pas. Un soulier s’immobilise un instant près de mon œil mi-clos. Quelle est sa couleur ? Il est déjà parti. J’entends des pas. Mon corps remue » (avec, merveilleusement déchirant, «je crois encore entendre » Beniamino Gigli)

Morgan Riet : un poème, un paragraphe, joliment allègres et ironiques
« ne plus être infidèle à son ombre, ne plus cracher dans la soupe tout en ayant le toupet de réclamer du rabiot, ne plus dérailler sur la ligne littéraire avec des quatrains Jouef »
et
Marlène Tissot http://cheminsbattus.wordpress.com/2011/05/06/marlene-tissot/ un poème dédié à celui qui est « brutalement immobile »
« il y a toujours cette lumière

et une force invincible

qui jaillit de toi

quelque part

à l’intérieur de ce grand corps

devenu brutalement immobile »

échange à partir de deux superbes photographies de Richard Avedon, entre
Michèle Dujardin http://cafcom.free.fr/spip.php?article286 Richard Garber droit, maigre, peut-être ironique puisque digne malgré tout, démuni, et les splendides mots de Michèle
« il s’est levé s’est présenté c’est celui-là qu’il voulait dans la boîte c’était Richard Garber — qui ne ressemble pas aux autres : il ne ressemble pas aux autres a dit Richard et je veux sa photo – il est sans âge, il n’a pas de travail — les autres portent leur âge et les marques de leur travail sur leur visage — les autres sont minces et beaux, ou gros et forts — ils sont solides et calmes — ils ne craignent rien — ils fixent l’appareil fièrement dans leurs vêtements de travail — ils se taisent — celui-là le famélique, le pauvre diable qui gesticule, qui parle seul, c’est Richard — il pleure, il ne regarde pas l’appareil »
et
Jacques Bon http://abadon.fr/spip.php?article79 un de ses portraits les plus célèbres, et les mots sont à la hauteur, je trouve, dans leur soin, la technique qui dit plus qu'elle ne semble
« Au milieu de tout ça le fond blanc, la fille devant, et le photographe à lunettes avec son long déclencheur souple. Qui l’abrutit de paroles ou ne dit rien, la met en confiance, ou la met mal à l’aise.
Au final, ils ne sont que deux, et la monumentale 8x10" Deardorff sur les pattes maigres de son trépied. »

Murièle Modély http://jedelego.free.fr/plus.html : un poème « sur la route »
« mais les galets tapent
dur contre mes os
je deviens sourde »
et
« la brise légère
dans sa chevelure compacte
laisse filer le hasard
au loin
en dessinant le destin »

fabliaux
Cécile Portier http://ruelles.wordpress.com/ : « processus » - une chenille qui chemine et détruit nos jardins
« On voudrait, pourtant, remettre le jardin dans son désordre initial. Mais non, il faut qu’il bouffe, le processus, il faut qu’il bouffe et qu’il salope tout, en traînant partout son corps ondulatoire. Il avance, d’un train de sénateur, sur les larges paumes ouvertes de nos feuilles, il avance et il écrit, en longues traînées brunâtres, l’alphabet de la honte d’être né sans liberté d’inventer une autre écriture,... »
et
Sandra Hinège http://petiteracine.over-blog.com/article-mollesse-73207425.html - petite fable : la rue s'amollissait à vue d'oeil, la ville était transformée
« Plus tard dans la soirée, des rouleaux compresseurs passaient et repassaient durant plusieurs heures pour aplanir le sol. Dans l’écrasement, les objets abandonnés se mélangeaient au goudron. Au début de la nuit, les derniers agents prenaient alors le relais et retraçaient en blanc la signalétique sur le sol, noircissant les anciennes bandes qui se trouvaient décalées. Il y avait pourtant longtemps qu'on avait délaissé les voitures. Elles dormaient paisiblement dans les garages. Parfois l’envie revenait, on se glissait à l'intérieur et on allumait le moteur, on écoutait la musique. »

« Ecrire : affronter les rebuffades et persister tout de même. Se confronter à l’indifférence annihilante des lecteurs, des éditeurs et des attachées de presse. Continuer, encore et toujours, faire entendre sa voix, malgré la surdité du monde. »
et
« Finalement, le lendemain, j’y suis retourné, assoiffé de vengeance, avide de reconnaissance, à la manière d’un Rambo II, portant, à la place de son fusil et ses grenades, des documents et des pièces d’identité, puis on m’a inscrit. Quoi que j’aie pu en dire, c’était la fin d’une ère, de cette époque que je haïssais tant. Évidemment, en manque d’exécration, j’ai dû me mettre à détester l’université mais, comme dit Colette : « le bonheur, c’est de changer d’ennui » ».

les Batignoles (oh ma jeunesse à la révolte émoussée à la limite de ce quartier)
Sarah Cilaire http://www.arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?article630 le chante en simplicité quotidienne et nostalgie à mi-voix, et c'est tranquillement tendre comme le temps qui passe peut l'être
« Ce printemps-là, un dimanche après-midi, allongée sur un banc de la place Jaude, ma tête posée sur les genoux de ma sœur, je lis Un privé à Babylone, et je me souviens du rire joyeux, venu de l’enfance, qui nous secouait, elle et moi, et me soulagea, car, depuis que j’écrivais de la poésie, je ne riais plus très souvent. Dès le lendemain, avec tout le sérieux de mes dix-sept ans, je repris la pose de poète maudit, espérant toujours, néanmoins fleur bleue, qu’un homme (me) dorlote aussi (les rêves de ma sieste).
et
Arnaud Maïsetti http://www.seriescillaire.com/blog,6-mai-2011-arnaud-maisetti,991578191.html ; le visage du quartier aux traits tirés par la fatigue, quartier Verlaine (très beau et qui a éveillé en moi écho), souvenir autre chambre,
« Ce que le passé a terminé, je le sais désormais — ce qu’il commence en revanche je l’ignore puissamment, puisqu’il m’appartient de le dire, dans l’espace d’une page aussi blanche qu’un sol enneigé ; l’écrire comme on lirait le visage du désir dans les entrailles d’une oie à moitié dévorée : et les mains que je porterai à la bouche, d’encre rouge, vois comme elles le font avec hâte, ô dans la hâte et la peur qu’un jour prochain vienne poser sur celui-ci un autre visage encore. »

douceur, toujours, du soir - et m'y suis bercée au petit matin
Christine Jeanney http://babelibellus.free.fr/?p=586 : se griser doucement, du souvenir d'un balcon, la nuit
« Un ferry, des torchons décorés de Y, des murs jaunes et des fresques enclavées, des rues minces, des passerelles de fer par-dessus les figuiers et l’impression que, dès le dos tourné, le lac a disparu, mais non. Peut-être qu’il attend la nuit, qu’on soit sur le balcon. »
et
« je voulais une photo et j’ai fouillé le temps
ça m’a emmené au Chili où toi, tu n’es pas allé,
ça m’a emmené aux bals du samedi soir,
ceux d’un été que j’ai sans doute encore oublié »

transfigurer
Kty Zen http://xavierfisselier.wordpress.com/2011/05/06/vases-communicants/ un poème à une bienaimée (de moi, entre autres) la truffe, dont on devine lentement l'identité
« Elle à mis son grain de sel, discrètement, au cours d’une dégustation de tomates.

Puis, elle a huilé mes papilles sur l’olive innocente.

Le carpaccio semblait ordinaire.

Mais, en s’approchant, un fumet puissant et délicat trahissait sa présence. »
et
Xavier Fisselier http://ktyzen.posterous.com/51957666 : la parole-poème d'une feuille sèche à la dérive, éloignée de son autre
« Voir son reflet. Sentir sa membrure. Je me cambrais sans parvenir à l’atteindre. Le vent l’avait déplacé, le courant l’emportait. »

et puis l'apprentissage du besoin de lecture
Martine, ci-dessous, et le premier livre qui prend importance, qui entraîne, en accord miraculeux avec le temps
« Le vent souffle au dehors, se déchaîne, force le volet, brise la vitre, et soulève et emmêle ses longs cheveux sages. La pluie ouvre le toit et s'abat sur elle, coule en rigole entre ses omoplates un peu osseuses. La tempête se cogne aux murs de la chambre, projette les bibelots au sol et déchire les rideaux de coton. »
et
Brigetoun http://lireaujardin.canalblog.com/archives/2011/05/06/20991099.html, le besoin de lecture, et l'isolement
« je pense que j'ai senti que lire comme cela, trouver cela, c'était ce que je voulais – je pense que j'ai su qu'il fallait apprendre à lire – je pense que apprendre m'ennuie un peu – je pense que je cherche, que je n'aurais jamais fini, et que c'est joie, ou pas joie mais effacement de tout, quand je suis dans des mots, un rythme, qui sont vrais. »

Ceci dit, si avez parcouru ceci, merci à vous, mais vous auriez dû, plutôt passer par http://www.scoop.it/t/les-vases-communicants?sc_source=mail

12 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Vous nous habituez à un tel débroussaillage des vases communicants que je me sens paresseux. À ma grande gêne. Un travail monastique à la recherche des mots, des phrases, des idées, des concepts et des illustrations qui font de ces vases communicants un réseau unique et propre à la blogosphère. Encore une fois, merci.

micheline a dit…

alors me suis dit:ne sois pas triste de ne pas écrire puisque tu peux encore lire

Brigetoun a dit…

que j'aime ça Micheline !

D. Hasselmann a dit…

L'orfèvre a encore travaillé la pâte des mots éparpillés et rassemblés ici en bouquet, merci à elle.

Anonyme a dit…

Tu nous gâtes Brigitte ... et puis les pivoines parsemées accompagnent les lectures. Merci
Mettre un G devant le nom de Christophe Grossi :)

Brigetoun a dit…

oh zut ! merci de l'avoir vu

Michel Benoit a dit…

Je ne sais quoi dire devant cette profusion !
Bonne journée !

JEA a dit…

Ce ne sont plus des vases mais des fleuves communicants (et non envasés)...

Anonyme a dit…

on vous remercie, bien sûr, pour cette collection que vous entreprennez chaque moi, et on est (extrêmement) flattés des citations que vous choisissez avec votre douce empathie...
PCH

Anonyme a dit…

"chaque "mois"" serait plus approprié pas vrai ?

Brigetoun a dit…

le premier serait grammaticalement osé mais pas sans sens

Gérard Méry a dit…

submergé de mots, je me noie au secours !!