Avignon : journée niée, ou quasi – aube qui aurait du être émerveillée
Bonne à rien, humeur et carcasse, suis sortie dans les rues presque désertes du début de matinée pour teinturier et médicaments, y compris anti-mauvais-poil.
Ai relu ou parcouru selon les cas, cinq textes brefs de Publie.net – écouté du coin d'un quart d'oreilles France Culture parler de choses qui auraient dû m'intéresser et me laissaient indifférente – me suis sentie vaguement hargneuse dans le vide - ai déjeuné – sombré dans le sommeil – me suis réveillée vers 16 heures avec idée d'aller au théâtre des halles, me suis rendormie.
Suis allée à 18 heures 30 à l'hôtel de ville faire nombre pour la venue de Martine Aubry, indiquer qu'en principe je voterai pour elle....
La réunion avait lieu dans une beaucoup trop petite salle, suis entrée, suis restée un peu debout.
Suis ressortie sur le palier – j'étais invisible, ayant trop disparu, pour les quelques têtes que je reconnaissais.
Par contre, dans la petite foule qui est arrivée, avec au centre 'la candidate », j'étais toute rajeunie et contente, me retrouvant nez à nez avec Patrick Bloche et Daniel Assouline, illustres camarades du 11ème arrondissement, que le premier me reconnaisse.
On a emmené, évanoui, un corps imposant, la foule est entrée comme pouvait. J'entendais assez mal, coincée derrière des dos, et un peu inquiète pour le pâmé qu'il me semblait avoir reconnu – je faisais des allers et retour intérieur, mots de Martine (qui semblent-ils étaient à peu près, passées les amabilités locales, ceux prononcés un peu plus tôt au forum de Libération) et le palier où quelques uns se penchaient en attendant les secours sur ce gros dos anonyme.
Quand il est revenu à lui, que j'ai vérifié que c'était bien un camarade que j'aime bien, que j'ai échangé quelques mots avec lui, comme vraiment ma position dans la porte était inconfortable et n'apportait rien à cette chaleureuse rencontre, me suis évadée
ai rejoint en évitant la foule, la place Saint Didier, les masques de Crillon dans la caresse de la lumière du soir, la rue du roi René et le théâtre des Halles
pour essayer de voir « la servitude volontaire » (complet pour plusieurs jours) ou, à défaut le spectacle de la grande salle qui m'intriguait et pour lequel j'ai eu facilement une place.
Attente en petite lutte avec carcasse qui a opté pour grognasserie le mauvais jour, mais dans le charme du jardin de Sainte Claire, avant de voir donc Ruines vrai refuge, « Une création-recherche en co-production avec le Sushi Center for the Urban Arts San Diego et le Théâtre Hongrois de Cluj » création collective inspirée des oeuvres de Samuel Beckett, dont le metteur en scène, Gàpor Tompa dit :
« Depuis que l’homme a été banni du paradis, le « sans » est devenu l’état naturel de notre vie. Le temps épuise nos visages, nos peaux, nos corps, nos sentiments et gestes, mais il y a toujours quelque chose qui ne peut être enlevé de nous… dans la magie de la mémoire on lévite toujours dans la dignité de la disparition, et il n’y a pas un seul moment d’ennui – il faut recommencer encore et encore. »
aimé avec des moments d'évasion, et l'impression que Beckett qui est à la base est parfois absent de ce spectacle de danse, sans mots, sauf des voix off à la fin qui disent un texte assez beau :
« … petit corps même gris que la terre le ciel les ruines seul debout, silence pas un souffle même gris partout terre ciel corps ruines, éteint ouvert quatre pans à la renverse vrai refuge sans issue... »
Il est là dans le fauteuil roulant, le chapeau melon, les gestes entravés, les visages qui disent inquiétude et léger étonnement, mais un peu comme des citations de poncifs – par contre peu à peu je l'ai trouvé dans des pincées de grotesque, de tendresse, de comique, un rien de méchanceté...
Surtout je m'inquiétai parce que m'ankylosais et m'endormais (mauvais signe pour le spectacle attendu de la nuit) et je préférai attribuer cela à un léger ennui – ce qui je crois est injuste, mais pas totalement.
De beaux moments. J'aime particulièrement le danseur, sans doute le plus becketien du trio.
Trouvé sur le web, en écoutant une lecture à Calvet sur France Culture et attendant la nuit et l'annonce de l'aube, une vidéo de présentation
retour, en bagarrant avec mes jambes indociles par la rue Bonetterie,
et la place de l'horloge où ne suis pas arrivée à garder image des innombrables bulles semées par la marchande.
Ai lu, soupé, attendu en priant carcasse d'être éveillée et gente, ai mis une jupe trop habillée mais que j'aime bien et qui m'entoure de plein de tissu-protège-de-la-fraîcheur, un teeshirt à manches longues et mon blouson de soie et suis partie, à quatre heures, pleine d'attente, voir « Cesena » le spectacle d'Anne Teresa de Keersmaker et Björn Schmelzer (musicologue, directeur de l'ensemble Graindelavoix), avec le souvenir émerveillé de leur spectacle de l'année dernière, aux Célestins, sans autre lumière que celle déclinante du crépuscule.
J'avais écrit avant de partir : danse dans l'aube qui venait sur la cour d'honneur, danse simple, essentielle, civilisée hautement, en accord avec la polyphonie raffinée de l' « ars subtilior » qui retrouvait ces murs qui l'avaient sans doute entendu alors, aux XIVème siècle, dans un temps de passage, comme le notre. Danse qui joue avec la venue de la lumière
Musique chantée sans l'aide des instruments : « Confier tout le tissu polyphonique aux voix seules les oblige à une articulation, une précision minutieuse, qui les fragilise. Elles se rappellent à nous, dès lors, comme la vulnérable émanation du corps. En ce sens, la liaison avec le monde physique de la danse est plus immédiate. ».
Attente de voir comment se fait la fusion entre chanteurs et danseurs. Attente si grande que petite crainte d'être déçue.
seulement ils ont attendu, et moi et ma douleur nous attendions, 4 heures et demie pour nos ouvrir l'accès à l'escalier, et le spectacle a commencé un peu après cinq heures
Magie au début de cette obscurité d'un corps à peine deviné sur un chant presque sauvage, du fond des âges ou du corps, monodique, accompagné d'une flûte.
Course en cercle sur claquements, les autres déboulent, avancent, reculent lentement avec la survenue de la première polyphonie
Et pendant un temps pour moi (tout le temps pour les autres ?) l'enchantement ou presque a été là, malgré le sommeil et les crispations de carcasse, qui me rendaient merveilleusement pénibles les longs arêts, les quelques mouvements en silence, entre les moments de danse en affrontements.
Mais la lumière est venue trop vite, je n'en pouvais plus, et ce n'était pas danse de l'aube mais du jour. Vers six heures et demie, soit une heure et demie après le début, durée annoncée du spectacle, danseurs-chanteurs, danseuses, tous se sont alignés et ont salué, au moment où je me disai que j'étais un peu déçue par rapport aux Célestins (plus intimes, où cela jouait mieux)
Et puis ça a recommencé, pour une longue et très belle polyphonie, avec une errance en musique groupée, l'un des plus beaux moments. Puis Ann Teresa de Keersmaker dansant. Honte à moi, alors que c'était très beau, que j'aurais dû aimer, un ras le bol m'a envahie, m'empêchant totalement de voir, de sentir.
Et comme le reste de la troupe revenait pour une nouvelle chanson, (comme disait mon voisin) j'ai enjambé un rang de fauteuils, suis arrivée à me laisser glisser le long de la rambarde et m'en suis allée, me le reprochant, me traitant de béotienne, barbare et tout et tout, pas certaine pourtant qu'il n'y ait pas quelque chose à revoir pour que cela soit réellement aussi bon qu'on le rêvait.
Et m'en vais me coucher à cette heure ridicule. Le plus joli moment était peut être l'arrivée par groupes dans la nuit des gens pleins d'attente sur la place.
7 commentaires:
Comment se reprocher de respecter les besoins de son propre corps ?
Faut-il souffrir de la culture alors qu'on y est immergé ?
Cf. Spinoza, Traité de la réforme de l'entendement, § 17 ?
"Jouir des plaisirs autant qu'il suffit pour conserver la santé."
Trad. Séverine Auffret, Mille et une nuits — livrel disponible sur ePagine
couchée à 3 h 15 ? Martine Aubry t'a dopé...ce qui me semble normal !!
3 h 15 c'est l'heure de préparation, avant de partir vers cours d'honneur à 4 heures - couché (mais pas pu dormir) vers 7 h 40
Journée polyphonique s'il en est une. Des voix politiques aux voies du théâtre, le chemin aurait pu être laborieux. De Gàpor Tompa et l'esthétique des corps à cette fatigue toute naturelle devant Ann Teresa de Keersmaker dansant, un cheminement de longue durée que beaucoup de carcasses alanguies n'auraient supporté. Un grand émoi devant les mystères de l'art.
Enchantement de son "En atendant" l'année dernière au cloître des Célestins, cette année ce sera mardi matin très tôt.
Vu l'article que vous avez indiqué sur Twitter. Ne pas se laisser influencer avant de décrypter le jour, soleil apparu une minute à Uzès puis reparti.
Et s'il pleut sur la Cour d'honneur ?
et oui - et je savais que ma fatigue avait té accrue par la recherche désespérée d'un égal enchantement, me demandait si c'était moi seulement, l'article me console parce que c'est ce que j'avais senti/
À cause d'en entendant on attendait trop, et la cour est sans doute une fausse bonne idée, le miracle a besoin d'un peu de vraie ou fausse confidentialité, enclosure du groupe, en outre le spectacle est un peu pacwhork et le retard dans l'horaire fait que la part diurne est trop importante. Enfin je crois.
Très beau. On attendait plus
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