Samedi d'Avignon – immigration, laïcité, Brigetoun.
Je ne sais pourquoi carcasse a choisi depuis plusieurs jours d'être en litige violent avec mes reins, et j'hésitais à m'ébranler samedi matin, quand j'ai reçu gentille proposition d'une voiture et éventuellement d'un lieu de couchage pour assister (grande envie en avais) à l'hommage à André du Bouchet à Dieulefit http://www.artenostrum.com/index.php?option=com_content&task=view&id=41&Itemid=38 mais j'ai eu beau multiplier calmants, me maquiller un chouya pour me donner courage, je ne pouvais pas, même en me résignant à infliger aux assistants la présence d'un zombie grimaçant en se massant le bas du dos.
Cela m'a juste retapée suffisamment pour que je parte vers Utopia assister à la conférence d Olivier Le Cour Grandmaison sur « immigration, citoyenneté, sarkozysme » http://blogs.mediapart.fr/blog/olivier-le-cour-grandmaison
La lumière était belle, savoureuse, l'air un peu moins que tiède, vif, doux, mais picotant les joues.
La dernière oeuvre d'Ali, en cours de désagrégation : une fleur, pour changer du rituel tourbillon.
Je suis arrivée avec juste une minute d'avance, (en fait un solide quart d'heure avant le début)
C'était intéressant mais assez connu (surtout quand on s'y intéresse moins que le groupe de militants là réuni et que l'orateur, mais tout de même passablement, et assez pour avoir suivi à l'assemblée les discussions de la loi dont il annonçait le futur examen – bon à vrai dire il reste la seconde lecture).

Suis partie - l'effet du doliprane et du lexomil s'effaçant et contribuant à mon énervement contre un certain refus de tenir compte d'autre chose que des protestations qui, tant que par le vote on n'augmentera pas la relativement petite équipe de députés luttant contre ces lois honteuses, resteront totalement inefficaces, sauf à la marge et pour se faire chaud au coeur - suis donc partie avant que la salle prenne la parole, parce que, sans doute stupidement, j'avais l'impression de connaître par coeur les différentes interventions.
Ceci dit respect à l'action de RSF qui était, si j'ai bien compris, co-organisatrice.
Rencontré un marcheur serein et encore plus lent que moi,

des touristes qui sortaient de la boutellerie du palais et admiraient l'embouchure de la rue de la Peyrolerie, ce trou entre rochers et murailles ;

j'ai dit bonjour, en levant la tête, à la verdure jeune de l'arbre bien-aimé pour son audacieuse ténacité et le petit buisson fleuri qui l'accompagne cette année,
j'ai salué l'éternel dialogue,

et suis rentrée faire cuire mes pâtes, les garnir de mélet, de purée de poivrons et de morceaux de poire pochée (cuisine brigitienne, pas mauvaise à mon seul goût), sombrer dans une sieste d'où m'a tiré, difficilement, une sirène de remorqueur qu'au bout d'un moment j'ai reconnue comme étant celle de mon portable.

Un couple ami (via blogs) pas vus depuis deux ans, de passage avec leurs enfants, que je suis allée rejoindre, à leur sortie du palais, une grosse heure plus tard, après m'être penchée sur les tentatives de mes plantes.
Suis montée, calmement, avec nouveau compagnon.
Ai retrouvé un début de foule - Avignon s'ébroue et redevient décor - et mes amis me racontant, entre autres, que pendant leur déjeuner ils avaient vu une manifestation avec croix, soutanes, et discours contre la "laïcité républicaine » et l'offense faite par la mairie et la collection Lambert par le maintenant fameux christ dans l'urine (ils ont mis plusieurs mois pour réaliser sa présence, pour la seconde fois, dans une exposition – et devraient plutôt aimer la douceur ocrée de l'image à mon avis). Tout ce beau monde étant ensuite parti prier devant la Collection (nous avions déjà eu droit à une procession expiatoire avec encens et surplis brodés).
Et pendant que nous devisions – euh que Brigetoun parlait de Barcelo, de l'éléphant, de la ville – la place a été envahie par un groupe sémillant en tee shirt blanc, avec slogans, chants, invitation à entrer dans leur joie – fureur brigitienne qui accepte cela avec ennui d'ordinaire, qui trouve cette prise de possession tranquille de la ville, et cette interprétation très partisanne de la "laïcité-à-la-française", singulièrement déplacées en ce moment.
Mon ami, plus diplomate, a interrogé, appris qu'il s'agissait des JMJ (vu dans leur si gentille ronde des jeunes d'âge assez avancé) et s'est fait offrir un flyer pour une messe à Notre Dame du Dom qu'il m'a remis cérémonieusement avant de repartir. Mais, sans façon, j'ai décliné l'invitation.
P.S. Rencontre qui m'a un peu consolée d'avoir manqué du Bouchet, les peintres, et autres.