Petit matin – vérifier
que le miracle du retour des roses se confirme – programmer journée
– se laver les cheveux – repasser robe – faire cuire légumes
des pâtes de midi et patates du souper de la nuit – être dans un
mauvais jour carcasse, penser taxi retour ? croire, un long moment,
que le téléphone mobile est définitivement et inexplicablement
mort – aller vite, de petites sottises sans importance en petites
maladresses sans suite, se persuader que le téléphone ne sera pas
nécessaire, le prendre en main, appuyer sans doute à l'endroit
adéquat et voir que la batterie commence à se charger
Partir, cheveux presque
secs, pour cette merveilleuse détente, les rendez-vous au jardin de
Mons en fin de matinée, puisque j'ai découvert qu'il y en aurait
finalement cette année, à partir du 11 juillet, pour des lectures
d'auteurs africains programmés par RFI, et que cela commence par une
lecture de Attitude Clando que
j'ai vu jouer dans la nuit de ce jardin, il y a plusieurs années,
par l'auteur Dieudonné Niangouna, debout au centre d'un brasier,
moment magique qui l'a d'ailleurs fait connaître en France (l'un des
deux artistes invités, pour ma plus joyeuse attente, qui donne à
Boulbon Shéda, ce qui
m'a décidé à me risquer à ce trajet pour la première fois –
je vais le voir, sûr, ce soir – attente renforcée par l'accueil qui
semble lui être fait)
savourer cet endroit que
j'aime, son calme au coeur de l'agitation, hésiter, s'installer à
droite, près de la façade de la maison de Jean Vilar
Lecture par son frère
Criss Niangoun,a pour lequel le texte avait été écrit,
semble-t-il, J'aime la force des mots, du rythme, le comique parfois,
du monologue de cet homme ce «clando» venu d'autre pays, qui
raconte, revendique son anonymat, se défend d'accusations, peut-être
même avant qu'elle soient formulées, plaidoyer, récit, provoqué
par le suicide, à l'hôpital, d'un ami... et j'ai constaté, en
l'écoutant, que je connais assez ce texte, que je relis de temps en
temps dans le recueil écritures d'Afrique – dramaturgies
contemporaines publié en 2007
par CultureFrance, pour devancer parfois en esprit le lecteur
Foutez-moi la paix !
Moi je n'existe pas. Neuf mois sur douze suis dans votre baraque,
docteur, et personne ne se soucie de me demander comment se porte mon
tibia et mon oeil de pirate, personne ne m'attrape par les reins pour
esquisser avec moi une petite rumba bien gentille qui ne fait pas de
mal aux vertiges....
… N'y a que les morts
qui ont raison. Mais aujourd'hui même mort on nous empêche de
dormir. J'ai bien envie de mourir, madame. Mais on me demandera avant
de mourir la permission de mourir et l'attestation de mon acte comme
quoi j'ai vécu et j'ai laissé des traces...
suis
partie dès les derniers mots (et même un peu avant) pour
dégringoler vers la place de l'horloge et vers l'antre,
déjeuner
rapidement, mais... le mal-être depuis le matin avait viré au fil
des heures à une méchante petite douleur, pas virulente mais
obsédante, et un peu davantage, accompagnée d'une brusque envie de
dormir, et honte à moi, j'ai reculé devant la petite heure de
marche vers la Fabrika (solution taxi?) et les huit heures, et
des poussières, de la représentation, sans doute passionnante, mais
qui à ce moment me le semblait de moins en moins, des deux parties
de Faust....ai rependu ma
robe, me suis allongée
me
suis relevée, vaseuse, un peu avant cinq heures, et m'en suis allée
dans la ville, un peu pour me punir, un peu par envie.
En
passant devant Saint Charles j'ai vu que l'exposition n'était pas
encore ouverte mais que l'oeuvre de Béatrice Arthus-Bertrand était
déjà installée au milieu de la cour terreuse, juste noté.
et
j'ai continué vers l'école d'art, le calme de la salle donnant sur
l'arène parfois surchauffée de la cour (pas de rencontre avec des
acteurs à cette heure là) et les petites expositions
une
vidéo (ou une installation photographique et sonore pour reprendre
les termes du programme en ligne) que j'ai trouvé trop courte, de
Nyaba Léon Ouedraogo Les
Phantoms du fleuve Congo, qui
ne retient de son travail au long du fleuve, entrepris en pensant à
Au coeur des ténèbres de
Conrad, que les photos choisies, rythmées
par lui, de la portion qui traverse Kinshasa, un monde glissant du
réel le plus durement concret à l'univers onirique qui est en lui,
"fleuve mythique et mystique", limon et strates d'Histoire,
exploitation et génies, épaves rouillées et vie - et mes
captations un peu au hasard ne rendent qu'assez mal compte de ce que
j'ai vu (et mes mots sont en réaction au souvenir de ce que disait
Ouedraogo sur le petit dépliant que j'ai oublié avec mes notes de
l'après-midi sur un fauteuil)
deux salles de photos,
prises en surplomb, de Kiripi Katembo Siku (l'auteur de l'affiche du
festival cette année, au prix d'une manipulation, je l'ai
découvert), reprises dans un album intitulé Yango,
réflexion sur l’environnement et l’homme
au cœur de celui–ci, dominé, enclos en lui, le façonnant
et
Because Godard, une
installation merveilleusement calme de Claire-ingrid
Cottanceau, une immersion dans une partition
visuelle et sonore complexe....Elle travaille les contours et les
lignes du mouvement intérieur, celui de la pensée des hommes
qu'elle a filmés, lors de marches au bord de la mer. Dans cette
expérience contemplative, elle capte la solitude de l'homme et son
rapport à la nature, et crée un paysage pour un abandon de soi...
yeux errants
d'un écran à l'autre, revenant au petit appareil posé au centre de
la pièce pour lire l'assez beau texte.
Marche
dans la ville, en tentant de me souvenir de spectacles du off dont
j'ai noté l'intérêt éventuel, découverte d'une boutique de
passementeries et tissus anciens, ou faussement anciens, et petite
ruée vite endormie d'une envie de couture,
tête
passée par la porte d'un hôtel en cours de restauration, pour
découvrir les mascarons de la cour
et
caresser des yeux la lumière de la fin d'après-midi sur les façades
de la rue de la Croix, voisines de la Condition des soies, où se
jouait, une demie-heure plus tard, absente
: rendez-vous avec Sophie Calle, spectacle proposé
par Shakespeare's Wild Sisters Group,
une compagnie taïwanaise
retrouver
les inclinaisons de têtes souriantes, le ciment baigné de vert sur
lequel on attend... retrouver le cheminement étroit vers la salle
(je soupçonne que c'est à cause du goût que j'ai pour cela que je
finis toujours par venir voir quelque chose ici)
et
c'est là que j'ai laissé, en partant, toujours assez dolente –
que ça cesse avant ce soir ! les différents programmes, papiers, et
mon carnet... alors, en gros : spectacle de
Hsu Yen-Ling danseuse et
comédienne, dans une mise en scène de Jiug-Cheng Liao Une femme
arrive dans un café pour attendre Sophie Calle qui ne viendra pas -
danse accompagnée d'un dialogue (les deux correspondant d'assez
loin, par un climat intérieur) avec une voix de femme absente,
conscience ? mère ? texte qui revient en boucle sur certaines
phrases, rebondit... la déception amoureuse mais aussi la mort, le
lien aux morts.
Joué/dansé par elle et
par Tamir Shai jeune et beau danseur israélien, fin comme un
Pierrot, cheveux bouclés blond-sombre, qui intervient pour des
intermèdes (danse qui reprend tous les exercices de la danse
contemporaine sans que j'ai saisi le lien avec le spectacle), pour
l'accompagner en maniant la grande feuille blanche qui est sol,
enveloppement etc... qui danse aussi en duo avec elle aux moments les
plus beaux.
Ai bien aimé, sans
beaucoup plus... ne sais si c'est la petite grogne de carcasse qui me
fermait le chemin, ne suis pas certaine que ce ne soit que ça.
Et puis retour, en
trouvant finalement un récipient qui aurait convenu à ma forme,
mais un peu trop petit... et bagarre avec tout objet m'approchant
17 commentaires:
Sophie Calle est toujours mystérieuse...
Faust, avec ses stances interminables, se sera passé de vous.
J'ai bien aimé la photo du trio de musiciens avec chanteuse et les spectateurs les surplombant tout naturellement.
merci pour l'ouverture Afrique !
quel curieux élan la déambulation permanente donne à l'écriture...
grand merci à vous deux
Dans le off et si vous aimé la danse, je vous conseille de jeter un coup d'oeil au programme des hivernales (mais j'imagine que vous connaissez déjà si vous habitez avignon).
Il y a notamment la compagnie ex-nihilo qui est super !
http://www.hivernales-avignon.com/festivals/l-ete-au-cdc-particulierement-danse-/spectacles/anne-le-batard-et-jean-antoine-bigot-cie-ex-nihilo/
D'ailleurs Dominique, je viens de comprendre d'où m'étais venu le titre de notre vase communicant "A priori invisible", certainement inconsciemment du titre d'un des spectacles de cette compagnie "Apparemment, ce qui ne se voit pas "
oui mis trop loin pour ce que je deviens et trop de clim - viens de passer un très sale moment et me demande si n'arrête pas tous (un quart d'heure vertige très très fort) - semble se stabiliser, ai noté numéro toubibs - vais y aller mollo on verra
oui, y aller mollo alors, le théâtre est loin d'être une raison suffisante pour justifier de se crever la santé ! Rester au frais tempéré, faire une pause, souffler et voir médecin en cas de besoin. Courage !
Une telle animation dans les rues d'Avignon ne pourrait que me distraire délicieusement de mes tours de rein, enflures de mes pieds et petites migraines. Je sens que j'y planerais à travers des heures de griserie.
Pierre j'ai comme l'ombre d'un doute là, pourrait distraire un moment des enflures de pieds et petites migraines, mais finalement elles se renforceraient plutôt (tout de même relativement éprouvant)
le festival est une épreuve de force, beaucoup de marche, de chaleur, je défaille moi aussi souvent (monter les escaliers des Doms l'autre jour m'a paru presque impossible) Essayer d'aller à Boulbon, il paraît que le spectacle a été raccourci en temps, il n'en sera que meilleur. Bon courage et merci pour vos promenades.
Quelle densité !
Et de belles têtes de pierre qui ne sont pas encore dans ma collection !
Bravo pour la richesse de ces journées !
et puis c'est celui (avec Handke) pour lequel j'avais le plus fort désir... mal parti ce matin, s'améliore mais vais m'économiser comme une petite vieille avare de ses forces y compris sur internet (lire sur écran me donne vertige ce matin)
Finalement Faust j'étais surtout dans la curiosité (jamais lu en entier) et le goût de la performance
Tu t'éclates à chaque Festival ! que vois je au passage un Christ noir portant la croix
Du courage en beaume pour carcasse et vous...
Bonsoir
Nous rentrons d'une journée chargée de festival et vous souhaitons un bon anniversaire!
Nous vous lisons chaque jour avec curiosité et intérêt
Merci pour vos richesses
Zouzou et Bernadette
Suis-je en retard pour pour vous transmettre tous mes voeux à l'occasion de votre anniversaire? S'agissant de mes pauvres pieds, je suis d'accord avec vous :-)
non Pierre, vous êtes un des premiers - c'est aujourd'hui
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