par une Brigetoun
naviguant à la fois serré et un peu à la va-comme-tu-peux matelot,
entre début affichage du off, ville qui s'éveille, machine et
carcasse en vague refus,
et l'envie de découverte
de ce qui s'est écrit pour les vases communicants de juillet
(indulgence requise plus que jamais, disons que ce sera un gros tas
de petites pierres marquant sommairement – lien, citation pas
forcément représentative, au pire incitatrice - le chemin pour ceux
qui voudront)... à vrai dire je me suis tant précipitée (et la
nuit avait été insomniaque) que j'ai eu le temps d'une longue
sieste de retraitée.
Il y avait donc
clôtures
Angèle Casanova http://www.atelierdebricolage.net/?p=3791
tant pis pour
l'improbable
elle
passe le long de la grille du collège, elle se fait petite, une
limace, invisible
Lorsqu’elle part, au
petit matin, elle a laissé une trace brillante sur le métal. Une
trace d’escargot. Géante. Personne ne la remarquera. Pour sûr.
Ils ne voient que ce qu’ils sont censés voir. Tant pis pour
l’improbable.
et
Philippe Aigrain
http://gadinsetboutsdeficelles.blogspot.fr/2013/07/philippe-aigrain-atelier-de-bricolage.html
le petit frère de
Shona
un
terrain qui est trop net pour un terrain vague, Shona qui veut qu'on
vienne pour faire le portrait de son frère, sur le mur (sur des
photos de Jessica Maisonneuve)
Normalement, ils ne
veulent pas de portraits, sinon ça ressemble aux
murals autorisés. Mais Shona, il y a quelque chose qui fait qu'on
accepte ce qu'elle demande. Alors ils viennent un soir. Ils ont la
sound machine mais
Shona insiste pour que le son soit bas.
Les super héroïnes
Camille
Philibert-Rossignol http://www.pendantleweekend.net/2013/07/vases
Les boucliers de Wonder
Woman, c’est quoi ?
sur
une play-liste (désolée ne l'ai pas écoutée, avais autre chose
sur ma chaîne) un savoureux article sur Sarah dite Diana, la Wonder
Woman, digne de la Grande Mademoiselle, présentation, histoire,
interview etc... (avec photos et dessins tirés de comics)
Moi :- What is your
most favorite memory of « being » Wonder Woman ?
Elle
:- As previously mentioned, so far my favorite memory is my fortieth,
as all my friends got to join me in the fun of dressing up in their
favorite super heroes . (And it was my birthday)
et
Pierre Cohen-Hadria
http://camillephi.blogspot.fr/2013/07/vasescommunicants-de-juillet-echange.html
est-ce que c'est
l'amour dis moi ?
Belle
circulation rêveuse entre les femmes de légende du cinéma, Ava
Gardner, Liz Taylor etc...
je regardais les films
dans le secret de la cave de l’institut d’art et d’archéologie,
en notant le découpage plan à plan, les axes, les dialogues, les
tailles et les héroïnes, Anna, Ava, Gene, Liz, mais surtout, Anna,
surtout qui court, qui se débat qui ne veut pas, non, qui ne le
laissera pas s’en aller, qui court dans cette rue, le camion, au
loin, j’ai capturé cette image-là, je l’ai gardée, surtout
Anna, j’en ai d’autres, le Panthéon, voilà tout, des héroïnes
comme l’ont été, comme le sont et le resteront celles qu’on
aime
l'Atlantide
Jessica Maisonneuve, une
seconde fois http://drmlj.net/?p=2343
atlante
un
homme, un survivant, dans sa maison, sa terre, dévastées – un
texte où rode un souvenir de ton légendaire
Il sort de sa maison.
Il s’avance vers l’océan. Péniblement. Il se dresse sur ses
jambes chancelantes. Lève haut le menton. Brandit sa canne. En
lançant des imprécations. Non. Tu n’auras pas raison de moi. Et
il reste droit. Face à l’océan. Face à la vague qui s’approche
en rugissant. Il reste là...
et
Delphine Renard
http://gadinsetboutsdeficelles.blogspot.fr/2013/07/delphine-regnard-drmlj-sur-le-net.html
un beau texte dense et
bref – visite à un ou une malade dans sa bulle à l'hôpital, venu
de loin, d'un pays de mer bleue
Pour s’approcher de
toi, il faut d’abord passer par une salle qui sert de vestiaire,
enfiler une charlotte, mettre un masque, se revêtir d’une blouse,
entrer dans des chaussons. Couleur bleu.
Prague
elle dit
qu'à
Prague, elle, elle ne cherche pas les traces du communisme, mais d'un
passé plus ancien (avec alternance de cartes postales anciennes et
de photo google.street.view) en souvenir de son père
Elle dit : Et puis, peu
avant sa mort, il m’a parlé de sa mère à lui…… On pensait
qu’il ne savait rien d’elle, qu’il ne l’avait jamais connue.
Mais ce n’était pas tout à fait vrai…… Il savait comment elle
s’appelait. Il savait qu’elle avait vécu à Prague. Il
connaissait même son adresse entre la fin du XIXe et 1947, date de
sa mort…… Il ne savait cependant pas où elle avait été
enterrée.
et
Yannick Vallet
http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/2013/07/vases-communicants-yannick-vallet.html
derrière le rideau
un
voyage à Prague, après en avoir rêvé (avec ses photos) – suivez
le guide ! Détaillé, vivant,
Finalement, après
avoir arpenté les cinq cents mètres du Pont Charles, dans un sens
puis dans l'autre, nous décidons de rentrer. Il fait froid. Et nous
sommes debout depuis trop longtemps. Petit arrêt au Grand Café
Orient, le seul café cubiste au monde, où le serveur adorable nous
donne un cours accéléré de pragois. Deux nouveaux mots s'ajoutent
ainsi à notre vocabulaire : Děkuji
(prononcer "diécoué") qui veut dire Merci et Na
shledanou (le h est muet), pour Au revoir.
L'océan qui nous
sépare
des images sombres, un
texte poème, me semble-t-il
lunique onde fréquence
lumière éclats narcisse te se cherche nous réfraction brisant en
larges plages ou d'éclats d'étincelles les multiples surfaces
territoires liquides se disperse concentre diffuse mouvants tableaux
vibrantes cellules le désir
et
Julien Boutonnier
http://artobazz.eklablog.com/julien-boutonnier-notes-d-un-ocean-qui-nous-separe-vc0713-a93396193
notes d'un océan qui
nous sépare
un
portolan, un long et beau texte, en petites notes,
une
citation sélectionnée pour reproduction (merci)
Avez-vous vu la houle
en vol ?
J’ai vu les houles.
Je les ai aimées comme on aime une personne. Avec le sang, avec les
mots. Avec le corps et la parole. J’ai enlacé plus d’une fois la
totalité dans mes petits bras d’amant amant. Et les houles
devenues la peau qui s’effrite sous les assauts de ma voix, je les
ai vues défaire les souvenirs hadaux, perdus jusqu’alors sous le
poids de l’eau, je les ai vues jeter la vieille mémoire par dessus
l’horizon et travailler l’écriture d’une genèse nouvelle.
Et donc une autre
J'ai vu l'écume bleue
se taire dans tes yeux. J'ai vu le son du soir déposes ses ailes sur
tes lèvres entrouvertes
un tout bel échange
Sabine Huynh
http://deboitements.net/spip.php?article417
silence de fuite
absolue
un
poème, la route qui file, un paysage vide... correspondances –
c'est beau
ce qui s’éloigne
défile
traversé comme
une lance
éperonne
les certitudes
comme un corps chute
dans un silence mat
et
Christophe Grossi
http://www.sabinehuynh.com/id63.html
quelqu'un que personne
n'attend plus n'est personne
prendre
quelqu'un tordu comme un fil de fer, dans une pièce, dans une ville,
une peur – prendre son carnet où il écrit pour parler à
quelqu'un d'autre... bon il est préférable que vous le lisiez
prenons-nous comme on
nous prendrait sauvagement, tentons de retourner la mémoire, et de
tomber sur quelqu'un qui aura ouvert les verrous, car ce quelqu'un
(prenons quelqu'un d'agile) aura fabriqué un verrou, la clé dans
l'oreille,
prenons quelqu'un,
quelqu'un d'habité, qui regarde la mer, l'écume seulement l'écume,
et c'est toujours un enfant qui se noierait dans ses yeux ou une mère
qui partirait en courant : l'enfant ne serait jamais le sien
mais lui enfant,
clichés et tics de
langage
contraire à la
grammaire
jolie
dissertation sur les tics et la grammaire
La vie ne se contente
de réfléchir que ce que nous sommes. Elle est sans cervelle. En
vain, nous essayons d’apprendre la langue.
et
Samuel Dixneuf Mocozet
http://flaneriequotidienne.wordpress.com/2013/07/05/des-nouvelles-du-ciel-par-samuel-dix-neuf-mocozet-vase-communicant-juillet-2013/
des nouvelles du ciel
faire
un poème qui dit notre monde à partir de phrases ou bribes de
phrases de journalistes de France 2
sa marque de fabrique
(détourne les
stéréotypes populaires)
c’est lui qui dicte
sa loi
joli lot de consolation
à découvrir avant ou
après la plage
un bouton pour
Christopher Sélac
http://depotte.com/blog/2013/07/les-vases-communicants/
le souvenir d'un voyage,
d'un groupe, vingt ans après en paragraphes entraînés par ces mots
un bouton pour revenir en
arrière
Un bouton pour
comprendre, au cœur de la nuit sur le pont d’un ferry naviguant
vers la Grèce, pourquoi la Voie est Lactée, et sentir simultanément
son existence si minuscule au sein de ce si immense univers
et
Jean-Philippe Depotte
http://christopherselac.com/un-bouton-pour-par-jean-philippe-depotte/
la philosophie du bouton,
le concept de bouton, le niveau d'abstraction quand le bouton épargne
l'effort
Ainsi, l’auteur
d’aujourd’hui, l’auteur “presse-bouton”, ne doit pas se
reposer sur le travail de ses prédécesseurs pour resservir la même
soupe que jadis. Et il doit au contraire profiter de sa chance pour
construire le nouveau niveau d’abstraction.
Marlène Tissot
http://mariannedesroziers.blogspot.fr/2013/07/lhomme-et-la-femme-de-marlene-tissot.html
l'homme et la femme
l'homme
qui craint de froisser sa femme, la femme qui ne veut plus être
possession (enfin c'est mieux que ça)
Pourtant, l’homme n’a
pas changé. Rien n’a changé. Elle a probablement changé. Se
transforme en quelqu’un d’autre. Ou bien devient elle, vraiment
elle. Enfin ! Ça lui fait peur, un peu. Cette sensation de
liberté après n’avoir été enfermé que par soi-même depuis
tout ce temps. Tout semble immense et l’horizon trop vaste pour
être en entier visité. Il
attend, il a faim.
et
Marianne Desroziers
http://monnuage.free.fr/#vase_co_marianne
du vent dans les
guiboles
un
court texte, en phrases paragraphes, un texte qui danse l'enfance,
l'été – j'aime
Je m’étends dans le
champ. Sur le dos. Les brins d’herbe me chatouillent. Bientôt les
fourmis aussi.
La chaleur et le vent sur ma peau. Je donne un
nom aux nuages. Je tutoie le soleil.
deux poètes
François Bonneau
http://www.ericdubois.net/article-texte-de-fran-ois-bonneau-les-vases-communicants-de-juillet-2013-118867515.html
table ronde un
poème
Alors, le débat a
repris
Quelque part au delà
des murs,
Sans qu’ils ne se
souviennent vraiment
De la première
question posée
et
un dessin poème coloré
Dans l'entrée en
matière
de la vie nous validons
l'épiphanie...
la ville – bel
échange
Ana NB
http://xn--peineperdue-66a.fr/spip.php?article35
(désolée toujours incapable de mettre le lien, si ça ne marche
pas, passez par le billet suivant)
j'entends ta voix dans
ma ville
beau
texte poétique comme toujours, courtes phrases paragraphes
commençant par j'attends – attendre les villes, que les noms se
mélangent – attendre d'entrer dans la ville... la grande ville, la
petite ville
j’attends qu’une
ville se glisse dans une autre ville - je marche dans une rue au nom
de militaire la lumière blanchit les façades je marche dans une rue
au nom de poète
et
Emmanuel Delabranche
http://sauvageana.blogspot.fr/2013/07/vases-communicants-emmanuel-delabranche.html
mise à nu
un
texte poème – phrases commençant par je n'ai pas compris, et la
première qui pourrait résumer le tout
je n'ai pas compris
cette ombre sur la ville je n'ai pas compris la nuit je n'ai pas
compris comment le gouffre pourquoi on souffre
le prince Plume et
l'ogresse
un
conte avec une grosse ogresse aussi truculente que les mots qui la
disent et un prince tout maigre – ses précautions à elle, son
manque de peur à lui – et une histoire toute en délicatesse
Elle le posa sur son
épaule et ils partirent se balader. Elle lui fit visiter son énorme
maison, son énorme jardin et tous ses énormes environnements, puis
ils parlèrent longtemps. Lui de sa vie de prince, elle de ses rêves
d’ogresse
et
papier compromettant
bien
(ou plus) aimé ce texte qui parle d'une feuille, une feuille dans un
tas, qui attend, qui se souvient de quand n'était pas encore
feuille, qui enfin se trouve sur le dessus, mais
Quand elle reprend
contenance, un plastique rigide lui maintient le dos, la claquemure
sur les côtés, un bruit assourdissant éclate et quelque chose
l’aspire vers le bas, l’absorbe toute entière, quelque chose lui
passe sur le corps qui n’est ni la caresse d’une plume, ni le
frôlement d’un poignet, ni les courbes sensuelles d’un tracé.
C’est l’obscène qui la burine, trop vite, trop sec, trop
mécanique, c’est l’automatique qui l’opprime, sans souffle,
sans respiration, sans poésie, c’est le formatage qui la défigure,
si bien qu’elle se renfrogne, se replie comme elle peut pour
esquiver les assauts, se froisse devant la maltraitance de cette
routine désincarnée.
y compris invisible (à
partir de l'échange d'images)
Anne-Charlotte Chéron
http://doha75.wordpress.com/2013/07/05/y-compris-invisible-12/
(écouter le lien) on va
trop vite, occupé de soi, on ne voit que ce qui s'affiche ou est
éclairé brusquement
une inondation, on
s'effare
Tout ce qui n’existe
plus ou se trouvera pour toujours transformé. Alors, on discutera
dans dix ans des restes d’un village qu’on a progressivement
reconstruit, mais qui ne sera jamais plus le même.
Mais le monde est ainsi
composé d’invariable et de mobilité.
Ne pas
croire que notre monde est pérenne
et
Dominique Hasselmann
http://accheron-enmarges.blogspot.fr/2013/07/y-compris-invisible-22-texte-de.html
presser ses poings sur ses
yeux, ce que l'on voit, cette étrangeté, comme une forêt où se
perdre.. (et c'est remarquablement décrit)
La poche de ma veste
intérieure dite «de brousse» gardait ce cliché que je trouvais
toujours énigmatique : la silhouette d’un être humain semblait en
effet s’y dissimuler et je me demandais chaque jour s’il allait
enfin exposer sa présence. Par précaution, je portais toujours avec
moi, lors du moindre de mes déplacements, un fusil de chasse
approvisionné avec deux cartouches pour le gros gibier.
Beau : images – textes à
lire et écouter
Nolwenn Euzen
http://www.fibrillations.net/07-13-Nolwenn-Euzen
ligne
délicat
comme la voix qui hésite, rebondit, discrète et ferme... un texte
qui invite à suivre la ligne
La ligne tu ne la dis
plus au même endroit. Les volumes pulsent.Tu recules et tu passes
bouge, étend, bute, casse. Elle doit joindre les deux bouts. Elle
voudrait le temps de goûter. Elle voudrait le temps de ralentir
raccorder. Tremper, humidifier. Le temps dʼautres lignes que la
sienne et comment. Comment ces lignes se perturbent, se ratent, se
contactent. Le temps des voix qui tombent. Du bien que cela fait sans
démarcation à lʼintérieur.
et
Jean-Marc Undriener
http://grandemenuiserie.fr/spip.php?article94
et après ça – rien
un
texte haletant comme la voix dans l'urgence, l'obligation de sortir,
un texte entrecoupé par la descente, le constat de l'inutilité
avance, avance encore.
juste un peu, et après ça c’est fini. et après ça plus grand
chose. et après ça plus rien si on veut. avance, avance courbé
face à ce qui pousse à continuer, et qui ne se nomme pas : il ne
s’agit pas de nécessité, non, juste l’habitude, la force de
l’habitude
et cet espoir stupide
d’exister malgré tout.
échange en lectures du
blog correspondant
en écho à un texte de
Wana Toctouillou
la théorie du chaos
un
homme embusqué derrière sa fenêtre observe le ballet des passants
Il y a tellement de
combinaisons, tellement de possibilités. Comment, alors, trouver en
cette fourmilière agitée ceux qui le feront vibrer ? Ceux auprès
desquels il pourra enfin se dévoiler ?
suite à découvrir
et
Wana Toctouillou
http://blogmaestitia.xawaxx.org/post/2013/07/04/Du-quotidien
voilà du quotidien...
mais en fragments, en tranches !
Un
gentil, joli et malicieux portrait du blog qui l'accueille et a nom
«un peu d'on mais sans oeufs»
«Alors, «Le chat qui
louche», «Impromptus littéraires»... et «Le cafarnaüm»..., du
texte en prose, en vers... et même en cherchant bien quelques textes
«contraints» : un acrostiche, ici et là, quelques
quatrains... et même à un moment, on dirait que les vers ont été
pris d'une «morale élémentaire» :
Baisers
volés, Acides piqués, Étreintes sucrées
Pourpres,
griffées
l'insurrection
Guillaume Vissac
http://mangetesclassiques.over-blog.com/article-vases-communicants-guillaume-vissac-les-gestes-118894165.html
les gestes
un
beau poème réduit à un prologue – un homme et eux avec leurs
masques ou leurs gueules cousues
avant tomber sous nos
dix coudes pointus le mec ce mec sait pas
qui il est où il va ce
qu’il doit dire maintenant
il en sait rien non
plus mais tu sais quoi ?
nos masques c’est pas
des masques
c’est des pupilles
d’eau de mer nos masques
et
Fane de la revue Mange tes
classiques http://www.fuirestunepulsion.net/spip.php?article2043
un poème d'un qui est sur
la route (manque juste la musique)
Un pas en avant et
l’autre suivra
Me dit le baroudeur du
tram
On the way et foulard
rouge
Chapeau jones et pull
en beige
Trois jours de barbe et
huit de cuite....
enfin, un échange
entre villes rêvées, à partir d'un échange d'images de villes
réelles :
Giovanni Merloni qui,
ci-dessous, à partir de photos d'Avignon de Brigetoun, inventait une
quête dans une ville nommée Ponthagard
Cette ville me surprend
et m'étonne. Je l'avais imaginée plate, pourvue de larges avenues,
avec un petit centre historique (la cité) enroulé comme un escargot
autour d'un grand palais de seigneurs (ou de papes). Au contraire, je
ne finis pas de monter. Là-haut, derrière les deux fenêtres qu'on
voit bien ouvertes, apparemment abandonnées, on entend un bruit
typique de discussion littéraire.
et
Brigetoun,
ou plus simplement moi, chez lui, qui ai rêvé parfois de Bologne
mais ne la connais pas, frappée par les arcades et courbes des
dessins de Giovanni, j'imaginais une ville savante et terrienne
Car Terbolronde était
la ville des courbes, des voûtes, des arcades, brune et rousse comme
la terre où elle se lovait, enroulant ses rues autour des places,
nichée au creux d'une plaine fertile, sous un ciel dispensateur de
soleil et de pluie, vers lequel elle dardait, prenant appui sur ces
fortes voûtes, hautes façades et tours, rythmées par les chants et
prières de ses anciens clercs et fondateurs.
Et
puis, ayant lu les textes et noté ceci cahin-caha, siesté et préparé montages, m'en suis allée,
le
long de la rue Joseph Vernet, où sont à l'oeuvre les poseurs
d'affiches, en direction du Gymnase du Lycée Mistral,
pour
ce qui était mon premier spectacle : Ping Pang Qiu de et par
Angelica Liddell, créé l'année dernière, donné en mai 2013 à
Valence (j'avais trouvé jeudi soir un dossier
http://www.comediedevalence.com/saison:2012:ping_pang_qiu
)
mes
jambes frémissantes sur les talons neufs refaisant connaissance avec
les longues attentes pour une bonne place
(les
deux photos ci-dessous sont de Gerardo Sanz et proviennent du site
de la comédie de Valence)
Dans ce spectacle, il
est question d'amour, mais d'un amour contradictoire : celui d'Orphée
pour Eurydice à qui, par amour, il donna une seconde fois la mort ;
celui d'Angélica Liddell pour la Chine, gouvernée par un régime en
contradiction avec toute quête de beauté et de liberté. « Voilà
pourquoi je parle de mon amour de la Chine, parce que plus tu aimes
la Chine, plus tu ressens de la tristesse, parce que la Chine
n'existe pas, la Chine est la destruction de la Chine. » En Chine,
Angélica Liddell se sent tellement étrangère, tellement seule,
qu'elle y trouve une certaine paix, une paradoxale liberté.
dit la présentation du spectacle sur le programme en ligne
et
puis, sur celui distribué à l'entrée, mais l'expérience
vécue pendant les répétitions (une
musicienne chinoise a renoncé au spectacle de peur de représaille
ou parce que, si elle se plaignait du pouvoir, elle ne voulait pas
participer à une critique de son pays, ce qu'il me semble avoir
compris, plutôt) m'a conduite à parler de l'extermination
de l'expression. Nous sommes partis de la «Ping Pong Diplomacy» (un
exemple d'hypocrisie politique entre la Chine et les Etats Unis...)
pour en arriver au totalitarisme dans le sport.
Des
moments dansés, comme des interludes, une assez mauvaise
retransmission d'airs d'Orphée et Eurydice de Gluck, quelques
chansons, de très longs moments de quasi monologue d'Angelica
Liddell répondant à un de ses acteurs (ils sont tous les cinq assis
autour de la table de ping-pong) qui l'interroge sur sa pensée, son
but, son rapport à la Chine (comme un camarade, mais avec vaguement
l'idée d'un interrogatoire par un garde-rouge dont il porte la
tenue), cela que j'ai bien aimé : apprentissage du chinois pour
une discipline colossale, aussi colossale que sa solitude et sa
tristesse – des choses intéressantes (un rien connues), une
tendance à la simplification, le pouvoir actuel ayant me semble-t-il
une autre façon, tout aussi terrible peut-être, de s'exercer.
En
fait ai aimé parfois, souvent, mais est-ce moi, est-ce une perte du
sens du rythme chez elle, et un manque de discipline dans son
expression, pour reprendre ses mots, l'ennui s'est lentement
installé, a réveillé carcasse, a commencé à se transformer en
exaspération bienveillante, m'a poussé à sortir cinq minutes
environ avant la fin, cédant à mon désir grandissant de mettre fin
à ce que je trouvais peu à peu redondant, dès que j'ai pu le faire
sans que cela semble une prise de position politique...
Il
reste beaucoup de places disponibles pour les affiches (le off
n'ouvre que le 7 ou même le 8 je ne sais plus) mais il y a déjà
des cadavres
et
j'ai été contente de constater que la décision d'interdire les
guirlandes n'impressionnait guère.
Les
restaurants de la place devaient être satisfaits, et Brigetoun avait
l'impression d'être passée sous un camion.
Une
longue mise en place de ce billet démesuré et dissuasif, allonger
les jambes, laisser la nuit couler tout doux.
6 commentaires:
Quel titre ? Secrétaire perpétu-elle ???
Je suis toujours frappé par l'élégance de cet examen juste et passionné que seule Brigitte sait faire vis-à-vis de ces « pulsions » littéraires qui souvent méritent des reconnaissances, mais qui ont toujours besoin de cet équilibre, de cette affectueuse distance. Je ne devrais pas le dire, mais cela est aussi le signe d'une génération (à laquelle j'appartiens moi aussi) qui a su travailler avec générosité (surtout dans les travaux ou dans les engagements non payés), même en s'effaçant. Cette génération, qui a esquivé toujours le pouvoir et parfois les responsabilités suprêmes, est maintenant indispensable pour recoudre les liens coupés entre plusieurs passés glorieux et les promesses d'aujourd'hui.
Mais, Brigitte, elle est unique, avec sa classe et son talent. Voilà. En Italie, on dit justement que la classe ce n'est pas de l'eau !
Oh Giovanni ! grand merci pour notre génération ! le pense souvent sans oser le dire
un festival avant la lettre (ou la date)...
Brigitte. Un bel hommage de Giovanni auquel je souscris pleinement et qui est mérité.
Pierre R
Brigitte, vous êtes toujours trop modeste !
Cette lecture n'est pas si survolée que cela du tout.
Merci comme toujours de tirer les fils et de nous guider avec tant de bienveillance parmi les vases.
Moi je m'y mets à peine...
Enregistrer un commentaire