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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, octobre 12, 2017

Premier étage, mon plaisir

un air printanier
sous un ciel d'un bleu tendre
mon lourd charroi
main sur les reins, jambes floues
et la joie d'avoir tenu
fenêtres ouvertes aux heures tièdes, en rester au strict nécessaire pour l'antre, et s'installer devant photos, en touillant souvenirs
du plaisir en débouchant dans la grande salle du premier étage du cloître (même si mes souvenirs je ne m'en sers guère, reprenant plutôt quelques mots du catalogue ou trouvés sur les sites, laissant à chacun le choix de son jugement)
parenthèse que je contredis immédiatement en disant le plaisir attentif qui était mien devant le travail d'Angèle Guerre - Paris (son beau site où sont décrites les techniques employées pour les oeuvres exposées et d'autres http://www.angeleguerre.fr)
un travail de dessin qui entame la surface. Qu'il s'agisse de gratter derrière un miroir ancien ou d'inciser le papier, l'objectif est de rendre visible une matière et d'en produire un autre espace.
C'est une pellicule qui s'effrite, une protection qui s'efface, une peau qui se gonfle et donc une sensation qui est suggérée....(sur le programme)
avec deux «entre eux deux» sur le mur contre l'escalier (rotring et feutre sur papier)
avec les deux grands panneaux intitulés «tendre texte» très grande feuille de papier épais, incisé, gravé, comme modelés (et au verso, mais j'ai loupé la photo, certains des dessins ressortent comme des pointillés de la lumière provenant des grandes fenêtres)
dont elle dit, sur son site C’est la peau d’une bête tendue qu’on dépèce, qu’on met en pièce. Tailler, couper dans la masse, piquer, ce sont aussi des gestes de couturière, de relieur ou de boucher : un travail de manutention précis, celui de l’écrivain aussi. 
et les miroirs anciens attaqués, rongés, laissant apparaître des encres sur papier, où j'ai aimé plonger, même si le plus grand m'a capturée
et puis sur son site, je ne sais pourquoi elle m'a tant séduite, mais tant pis, même si elle sort du propos de l'exposition, cette vidéo que j'ajoute avec une bribe du texte qui l'accompagne :
J’ai été aussi habituée aux décors, à l’ornementation, aux beaux meubles comme aux bibelots, et surtout, à la mise en scène de tous ces éléments. J’ai évolué dans un monde où chaque objet a une histoire, et chaque histoire sa place dans le coin d’une maison.
Au centre de la grande salle, après les deux grandes bannières de papier, l'étrangeté de trouver là une table et un lit, deux installations de la jeune Amandine Maillot (Vence)
ai retrouvé la première, intitulée «portraits hors cadre», la table, la familiarité provençale de cette nappe, des chaises, et les formes que l'on découvre étrange de la vaisselle sur http://ethertoff.villa-arson.org/P_Maillot_Amandine.xhtml
Orifices et courbes nous évoquent silencieusement les corps et deviennent comme les portraits de ces habitants absents. La métamorphose de ces objets utilitaires dévoile des personnalités altérées par cette structure imprégnée. Le motif comme contamination.
Et, sur le catalogue, à côté d'une photo de la seconde, «Ombilic» (ce qu'on ne voit pas sur mes photos, que faute de me pencher jusqu'au sol, je n'ai découvert qu'ensuite, ce sont les ampoules sombres reliées par de longs fils à l'ombilic de ce presque banal lit)
L'obsession du passé et l'inquiétude du futur, que génère un mode de vie exclusivement orienté par la mémoire et l'anticipation, nous interrogent sur la nature du présent qui semble s'extraire d'un flux continu pour s'y refondre instantanément.
Dans cette matrice intemporelle, troquant nos certitudes contre des incertitudes, l'objet nous raconte l'étendue de nos paysages intérieurs.
Toujours au centre, au fond, une longue table blanche sur laquelle sont posés de gros cahiers blancs, à côté de gants de même couleur, permettant de feuilleter pour se trouver devant le mystère de tous petits caractères très espacés... «La Recherche», installation de Sarah Cardona – Toulon (un site http://sarahdcardona.com/ qui expose sa démarche, formidable travail sur lequel, je l'avoue, je ne me suis pas attardée)
sur le programme
Mon travail se déroule comme un cheminement de pensée : je pars d'un point A sans savoir au préalable où il me mènera et où sera mon point B. Ma pratique se situe dans les interstices, les passages d'un élément à un autre. Mais j'interroge aussi d'autres notions, telles que la place de l'auteur...
Et sur les parois, les oeuvres oniriques (et goûteuses) de Claire Morel – Rennes (un site à feuilleter https://www.clairemorel-dessin.com)
D'où partent les dessins de Claire Morel ? D'elle-même. Où la reconduisent-ils ? À elle-même! À ceci près qu'entre le début et la fin, il y a eu ce voyage dont le dessin est à la fois l'acteur et le témoin, le souvenir et la trace. Chaque dessin est l'aveu de ce qu'un élan hors de soi nous y reconduit, mais transformé. Si ce n'est pas le cas, c'est que le dessin n'était pas un vrai tapis volant.
Ici, ce que l'on voit, c'est ce que les yeux de l'esprit perçoivent.
Passant sous la dernière arcade et revenant vers l'entrée par la galerie qui longe le cloître, trouver d'abord les photos légendées, comme issues d'un récit en image (un peu trop beau pour être du genre Nous Deux) de la série «Dialogues & Interstices» de Pauline Le Pichon - Lille - http://www.paulinelepichon.com/
Le titre « Dialogues & Interstices » revêt plusieurs sens : il y a évidemment les dialogues de film, mais aussi les dialogues qui peuvent exister entre les photographies et qui, dans le cas contraire, sont des interstices. Les dialogues peuvent aussi créer des liens entre les personnes photographiées, des liens qui n’existent pas forcément dans la vraie vie. Au travers de ce travail, j’emmène le spectateur face à un support visuel et textuel et c’est à lui de décider si ces images sont des bribes de vie formant un tout ou si, au contraire, une image équivaut à une seule histoire.
Elle expose également à la Maison de la Poésie, mais depuis que l'ancienne directrice n'est plus là et que cela semble plus organisé, c'est devenu un lieu qui m'intimide.
Pour finir, et j'ai dû m'arracher à l'envie de les regarder en rentrant, en me laissant attirer dans la salle par les deux bannières blanches, les oeuvres d'un toulonnais encore Cyril Besson (https://cyrilbesson.tumblr.com/ un site où faire défiler les images)
sur le programme du Parcours
Cyril Besson s'est toujours inspiré du passé. Dans son présent il révèle les stigmates du temps avec ses carnets de rêves. La mer est son élément d'inspiration..
ou ces deux petites phrases qui me plaisent
«Chaque détail de la vie quotidienne apporte une émotion, une inspiration particulière. Ma tête est comme une boule à neige que l'on secoue.
Quand au second étage, comme ce billet est démesurément long, et comme il me faut garder des munitions pour tenir journal dans le vide tranquille de ma vie... ce sera pour demain ou samedi...

Parcourir le rez-de-chaussée du cloître

Comme la radio annonçait que la France était ensoleillée et bleue, pour nous distinguer, des nuages sont venus coloniser notre bleu adouci ce mercredi matin et, quand je suis sortie dans l'après-midi, j'avançais le long de la rue Joseph Vernet entre des grands mouchoirs bleu doux entre de grands champignons blancs et des accumulations en dégradé de gris souris au blanc, face à une zone blanche fracturée de zones bleutées...
en direction du Cloître Saint Louis.
J'en ai ramené, bien entendu trop de photos, plus ou moins réussies, plus ou moins loupées (oeuvres délicates ou photos à l'équilibre fragile et sous verre).. et j'en resterai aujourd'hui au premier espace, le plus petit, au rez-de-chaussée.
Avec, sur le mur côté cloître, une série de grands panneaux de Cluca auxquels, malgré leur appel, j'ai tourné le dos,
pour regarder, grand goût avais pour elles, les trouvait fascinantes, les photos de Michel Augé (Malaucennes) et j'ai découvert avec un peu d'effroi que je les massacrais littéralement (suivez le lien vers son blog http://michelauge.canalblog.com/ pour en avoir une idée plus exacte), devant le photographe qui assurait l'accueil.
Sur le programme du Parcours
Ces prises sont des reflets fugitifs de la mémoire.
Je crois même sincèrement que ces photos n'existent pas, puisque l'instant n'est pas vraiment fixé.
Il ne reste qu'un moment de réalité fugitive mêlé à un bout de rêve, à des souvenirs d'enfance...
Le flou, le bougé, la mise au point approximative, le grain, me conviennent bien...
Photographies suivies, au fond de la salle, après avoir dépassé et salué, au centre de la salle, une oeuvre de India Leire déjà rencontrée aux Célestins,
par celles, plus faciles à photographier, et presque autant malmenées d'Aline Isoard (Perrigny)... quelques unes, elle a une autre exposition dans une librairie galerie où n'irai sans doute pas, avec l'âge suis devenue pour ces endroits... mais on peut les voir plus correctement sur http://alineisoard.com/
Nous sommes tous de grands consommateurs d'images sur route.
De l'intérieur d'un véhicule, j'attrape au vol les images que nous croisons, pointillés dans la bande passante d'un parcours.
Grâce à la dépigmentation photographique, je souhaite montrer que dans le banal quotidien se trouvent poésie et discours sur nous-mêmes..
Et puis suis revenue vers la porte de contemplation en contemplation, remontant l'histoire qu'elles semblaient esquisser devant les oeuvres de Cluca (Lauris) https://www.cluca.org/
Il y a peu, je lisais un article sur les quêteurs de photographies, abandonnées sur les étals des brocantes, nommés «anthropologues de l’ordinaire». Ironie, je savais le lien ténu entre mes études en socioanthropologie passées et ma pratique artistique. La photographie comme source atemporelle se réinvente à travers mes peintures empreintes de l’imaginaire et des faits que je leur prête. Marqueurs sociaux, les poses et postures des corps content une histoire mêlant identité individuelle et mémoire collective – un entrelacs suscitant autant de questions inspirant la peinture en cours.

Et je n'ai pensé qu'une fois à lire le cartouche, découvrant ainsi la saveur des titres, au moins pour le petit tondo rond intitulé En découdre avec la poudre aux yeux.