Mistral modéré
un sourire résolu
que la vie détend
Petit tour, yaourts, pain en tranches, doliprane et surtout reprise en main
Se tenir un peu en dehors, penser du bien ou du tendrement triste, vaquer un peu plus mais dolce.
Et puis m'en suis allée en fin d'après-midi vers le Lycée Mistral pour l'un des deux spectacles d'Emma Dante (l'autre, au même endroit, à 15 heures, tout aussi tentant, « Misericordia » , coproduction Piccolo Teatro di Milano – Teatro d'Europa, Atto Unico / Compagnia Sud Costa Occidentale, Teatro Biondo di Palermo, explore la maternité en « mêlant douceur et brutalité, humour et gravité ») après longue hésitation entre les deux, parce qu'il m'en fallait un mais que ne pouvais qu'un, hésitation tranchée par l'horaire, un peu par le thème aussi (quoique la Méditerranée, est présente dans la façon de traiter des choses essentielles dans les deux cas) « Pupo di zucchero – festa dei morti ou la statuette de sucre, la fête des morts », production Compagnie SudCostaOccidentale, production déléguée (petite signe à Arlette Arnaud) Châteauvallon-Le Liberté, coproduction ne sais combien de théâtres italiens ou provençaux.
Une photo de Daniela Gusmano prise sur le site du festival (pas encore de photo de Christophe Raynaud de Lage)
« Le jour du 2 novembre, c'est la fête des morts. Et des morts, il y en a ici beaucoup : de toute la famille il ne reste plus qu'un vieillard, seul dans une maison emplie de souvenirs. Alors, pour offrir la plus belle des fêtes à tous ses parents défunts et les rappeler à lui, il leur prépare une statuette de sucre, comme le veut la coutume en Italie du sud. Voilà soudain que les morts se matérialisent autour de lui, virevoltent, comme rendus à la vie par le souvenir de leur dernier parent. Comme s'ils n'étaient jamais partis. Mais si le 2 novembre est une nuit bien singulière, arrivera le lendemain et ne restera plus, autour de la table de fête, que la solitude du vieil homme... S'appuyant sur des traditions typiques de sa Sicile natale, Emma Dante invente une célébration baroque et pleine de vie, mâtinée de musique et de danse, pour évoquer un thème cher à son cœur et universel : la mémoire des morts – et la continuité de leur vie chez nous, vivants. »
d'Emma Dante : « Je souhaitais travailler sur l’exercice de la mémoire. Nous, Occidentaux, avons un rapport terrible à la mort, nous la tenons à distance et en avons même fait un tabou. Or cette fête est au contraire l’occasion de retrouver nos défunts, un peu à la manière d’une grande réunion de famille. Cela me touche particulièrement, car j’ai connu des deuils très difficiles qui ont toujours conditionné mon existence – des personnes proches disparues très jeunes » et curieusement, même quand ne vivais pas avec autant de morts dans ma vie et même si ne vais jamais (paresse, commodité ou crainte je ne tranche pas) sur les tombes des aimés, ce thème de la fraternité avec les morts m'a toujours fascinée... est toujours peu ou prou présent.
Dans le spectacle Emma Dante a gardé pour le personnage principal le napolitain des XVIe-XVIIe siècles comme dans les contes de Giambattista Basile qui lui avaient fourni l'idée de départ, mais en s'en dégageant ensuite, mêlée aux diverses langues des morts de la famille, qui est, comme cela arrive plus souvent de nos jours, cosmopolite. «Qu’ils viennent d’Italie, de France ou de Côte d’Ivoire, tous ont une façon bien à eux d’émettre leur voix, de bouger. Ce qu’il y a de beau là-dedans, c’est que la spécificité de chacun entre en dialogue avec celle des autres : il ne s’agit pas d’une diversité qui crée de la distance, mais qui au contraire enrichit. Et puis, ce dont parle Pupo di zucchero nous concerne tous. D’où que nous venions, nous serons tous mangés par les vers... »
Les merveilleuses poupées, macabres comme les corps embaumés des Capucins mais poétiques, gardant plus que les os du ou de la mort.e qui la portait pour venir l'accrocher à la fin aux portants derrière le petit vieux, sont l'oeuvre de Cesare Inzerillo (Palerme).
Plaisir (comme pour l'autre selon une (qui venait de le voir) d'entre les quatre femmes avec lesquelles j'ai joué, dans la bonne humeur, aux quatre coins pour trouver une place tolérable pour la claustrophobie et à peu près correcte pour la vision du plateau (et ma foi ai dû beaucoup me tordre le cou par moment pour voir à gauche et à droite d'une homme qui se tenait tassé avant l'extinction des feux.. mais en gros ça allait) – peut-être un peu lent au début quand peu à peu les personnages viennent, caractérisés en quelques mots par le survivants, des déplacements lents presque dansés ou des moments de danse échevelée, toujours avec un côté un peu maladroit, populaire, une grâce des actrices même de la mère qui est pliée en deux par les ans, des gestuelles un peu caricaturales comme pour des personnages de contes, un moment jubilatoire quand la confection de la pâte par le jeune migrant adopté par la mère (affamé et malicieux) rejoint par les autres se transforme en jeu...
des applaudissements et un retour tranquille, boulevard Raspail, rue Joseph Vernet, en marge de l'agitation.
Et puis une grosse demi-heure pour récupérer les photos que l'ordinateur n'avaient pas enregistrées à la date parmi l'ensemble, en pagaille, des photos des deux dernières années.
6 commentaires:
On n'ose pas trop commenter, ce spectacle a l'air bien même si je me reconnais dans le tabou
quand je dis Méditerranée... me sens très sicilienne là (mais ça ne change rien en fait dans nos sentiments face à la mort
Dolce, oui ... "La Dolce Volta" ici
merci ! Maria
cérémonie... cérémonial du festival... serrées momies... -:)
cérémonial du festival réduit au minimum à Mistral, cérémonie avec les morts oui (mais presque plutôt vie avec pour le dernier de la famille)
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