sac trop lentement
préparé pour teinturier
refus impensé
est resté provisoirement dans l'antre, Brigitte renâclant à l'idée de charrier toutes les paires en retard dans chaleur et avec épaule bobo (je me demande si je ne commence pas à en faire une mauvaise excuse... enfin ça c'est quand je ne me suis pas jetée dans l'action) a remplacé cette sortie par l'achat d'une place (plutôt bonne) pour dimanche dans ma cours du Lycée Saint Joseph pour le ballet « le sacrifice » de Dada Masilo que j'avais rayé de ma courte liste initiale par souci d'économie pour le off (n'arrive pas à me décider jusqu'à en créer besoin dans la multitude de propositions même en les limitant à celles données en soirée) de brumisateurs et d'une paire de sandales soldées de soldées de soldées comme n'aurais jamais pensé que je puisse avoir envie d'en porter mais qui aime bien mes pieds, si ce n'est un excès de platitude qu'aiment un peu moins mes mollets.
Entre lecture curieuse et perplexe de l'énorme catalogue du off et somnolences le jour a passé jusqu'à ce que j'endosse vers cinq heures une robe aimée et que je peux enfin enfiler sans trop de douleur, pris canne, billet, appareil photo et chapeau et m'en suis allée à l'opéra.
Des deux spectacles donnés à l'Opéra l' « Iphigénie » de Tiago Rodriguez qui paraissait évidente et « la tempesta » d'Alessandro Serra , puisque je ne m'en accordais qu'un, j'avais par curiosité et goût pour les dramaturges italiens, choisi le second... par désir aussi de voir ce qu'il tirait de cette pièce étrange après la presque légendaire version de Brook (les deux premières photos sont de Christophe Raynaud de Lage et proviennent du site du festival) ... et ma foi j'en ai tiré une impression un peu étrange, un plaisir esthétique, un petit sentiment d'incomplétude, et la confirmation de ma détestation d'adolescente pour Prospero (de surcroit ramené presque ici à un pantin froid), ma tendresse se reportant de l'ancienne tendresse pour Ariel (même si ici l'actrice a un ravissant débit pressé jusqu'à ce que les mots se chevauchent presque mais pas tout à fait qui fleure bon les fausses disputes italiennes et des consentements brusques, justement un peu trop faciles comme si sa révolte n'était qu'une attitude obligée) à mon amour toujours refoulé pour Caliban (au demeurant fort beau à mon avis), le seul qui montre vraiment la fable politique qu'est aussi pour moi la pièce par la poésie de ses passages lyriques qui prouve qu'il a gardé son humanité, lorsqu'il décrit l'île dont la possession et les sortilèges lui ont été volés à son avis par Prospero à la faveur de sa propre naïveté initiale (et de la gentillesse qui, la connaissance étant acquise par son maître se mue en mépris brutal et injures) et du goût qu'il a pour l'attention qu'on lui accorde ce qui le lie ensuite aux deux marins (qui ont la verdeur, la scatologie, la sottise dont Shakespeare aime émailler ses pièces et qui ici me faisaient penser à des personnages évadés d'une noce de Bruegel.
Pour le plaisir, ma foi prodigieux, initial (et qui perdure par cette architecture faite uniquement de lumières noire ou trouble) je reprends le début de la feuille de salle « Sur un tréteau de bois, un voile noir recouvre un corps, comme une nappe d’huile sombre… qui soudain se soulève. Nous sommes sous l’eau, avec Ariel, génie des airs, tandis que la tempête gronde à la surface. Dès cette première image, le ton est donné : par un artifice simple et pourtant spectaculaire, nous voici plongés dans un autre monde, sous le voile des apparences ».
Parce que tout de même mon plaisir fut dominant, plaisir aussi venu de la musique (la voix, ses variations et bruits) qui accompagne et vient de Caliban, entre les emprunts à des musiques plus classiques). Plaisir aussi de ces grands triangles de noir qui poussent les petits personnages hors de la scène puis se modulent d'autres formes grises pour créer nouvelle ambiance. Plaisir de cette Ariel (puisque féminine il est nettement) sans voltige mièvre et son éloquence malgré le besoin qu'il semble finalement avoir de sa subordination.
Mais des critiques je retiens le côté un peu trop schématique, le manque d'épaisseur des personnages, le fait que si Alessandro Serra aime dans la pièce son côté éminemment théâtral ça frôle un peu le merveilleux théâtre de marionnettes les acteurs étant un peu écrasés par ce beau décor de lumière... Reste que j'aime et aimerai toujours Caliban.
6 commentaires:
La tempête, tant qu'elle reste confinée sur scène... ;-)
Comme j'aime cette pièce : "La Tempête",
et ce merveilleux souvenir l'été 1991, Peter Brook
nous y étions, il y a si longtemps maintenant.
merci pour ce partage
Dominique et en plus de façon belle imagée
oui Brook (mais terrible pour tous ceux qui s'y risquent à sa suite parce que comparaison négative il y a)
Impressionnante présentation, un univers tout à fait inconnu pour moi.
Claudine, c'était un peu fait pour ça
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