Déjeuner rapide à une heure inusitée, surtout pour moi et départ dans la lumière (avec une petite distraction au débit qui m'a fait partir en mauvaise direction comme une qui ne connaît pas la ville, avec un petit rire et une correction de trajet) par rues un peu hors circuit désertées d'autant plus qu'il était environ une heure, vers le plus petit théâtre qui soit (ou presque) le théâtre Isle 80, chez mon amie Chantal Raffanel (dont j'ai été si contente d'entendre tant de bien l'autre jour lors d'une rencontre avec deux intelligentes et gentilles twitteuses)
pour assister à une lecture/oratorio comme le disait un spectateur, d'un texte de Maria Kakogianni https://www.lespressesdureel.com/auteur.php?id=3613&menu=4 « Iphigénie à Kos » (texte inédit qui devrait paraître en janvier prochain) par trois femmes, l'auteur, Kala Nezza et Chantal Raffanel, dans une mise en scène de Aini Iften et avec le discret soutien musical de Vincent Gueillet
Impatiente de partir pour Troie, l’armée grecque est retenue à Aulis. Le vent ne souffle pas. L’oracle dit qu’il faut sacrifier la jeune vierge Iphigénie. Aujourd’hui Aulis est un paysage ravagé. Difficile d’habiter cette terre maintenant. Et nos mythes? Et si Iphigénie était une vieille sage-femme à la retraite? Une femme se promène au bord de la mer. Elle nous convie dans ses errances, ses réflexions et ses affects, aussi intimes que collectifs. Dans un monologue polyphonique, au rythme des vagues, des questions arrivent: Qui parle? Que peut une rencontre? Est ce que les bateaux sont partis? selon le site du théâtre
ou selon celui de l'Université de Lille où une première lecture a eu lieu en mai 2023, reprenant le début du texte
Rhodes, tard, une nuit de mois de juin, la police vient chercher une vingtaine de réfugiés, il y a deux bébés. Après un trajet en bus, elle les repousse dans les eaux territoriales turques dans un canot de sauvetage sans moteur. Ceci n’est pas un début, c’est un milieu. Depuis longtemps, « frontière » n’est pas une ligne de démarcation possible à traverser pour aller d’un point de départ à un point d’arrivée, c’est une zone, un espace-temps sans cesse déplacé, mobile, barricadé, le couloir des réfugiés, la zone des indésirables. Ici, ôter une vie n’est pas un meurtre, laisser mourir n’est pas un crime ni une négligence, le sacrifice sanglant n’est pas un sacrifice, il est juste sanglant, ici l’exception est loi, le provisoire permanence. Hybris. Ici le monde divin est en rage, ainsi que le monde animal, végétal, minéral, parce que tout ce qui est au milieu a perdu sa capacité de faire monde, c’est l’immonde humain.
Un petit vent souffle.
Spectacle qui repose sut ces trois présences, leurs rares mouvements, les voix qui nous mènent, nous perdant juste comme désirable parfois, dans le tressage des temps et situations, la complexité apparente, l'unité centrale dont, si avez le temps, pouvez avoir une idée en lisant sur https://www.cultureetdemocratie.be/articles/dun-camp-a-lautre-iphigenie-a-kos/ le dossier (pas si long mas quand même) de Maria Kakogianni « D'un camp l'autre, Iphigénie à Kos » que j'ai découvert lundi soir.
Quelques mots échangés sur le trottoir devant le théâtre, départ par petites rues à l'écart qui offrent charme et ombre, pour retrouver la rue Carnot, la belle chaleur, un Casino où trouver de quoi me nourrir pour quelques jours sans scier mon bras dans l'immédiat, un retour et un plongeon dans une absence ponctuée du petits sommes (ou dans un long somme avec quelques moments de conscience)... Y ait cédé sans résistance persuadée d'en avoir besoin.
4 commentaires:
Aller en Grèce par la parole... Athènes entourée au loin par les flammes... Bon courage par "la belle chaleur" ! :-)
là ce n'étais pas Athènes mais Kos à deux époques (bon c'était le monde grec ou européen)... courage ouai mais ça ne suffit pas (sourire) suis très très limite là (jusqu'à supporter difficilement l'ordinateur
Oh ! Que j'aime la n°4 :-)
quasi posée, reprise après un dialogue de plusieurs minutes souriant
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