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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, novembre 25, 2023

Éblouissement et Ravel

 


Vent qui chantait rude dans la nuit et ce matin, mais glaçait et secouait moins, un peu, permettait une marche plus souple (et le très laid décor de Noël est arrivé sur la place)




rue Joseph Vernet

lumière mangeant les yeux

et feuilles gisant


Monter dans la nuit vers la place de l'horloge et l'opéra

pour assister à deux « opéras » qui n'avaient en commun que leur brièveté et la musique de leur compositeur, Ravel 


« l'heure espagnole » que Ravel désignait comme une « comédie musicale » sur un livret de Fran-Nohain, dans un arrangement pour petit orchestre de Gabriel Groviez (que la critique, en 1911, trouva trop osé et même pornographique...)

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Heure_espagnole , en fait charmant, inventif

(en coproduction avec l'Opéra de Tours, l'Opéra de Monte-Carlo et l'Opéra Royal de Wallonie)

(ci-dessus comme ci-dessous photos Mickael&Cedric – Studio Delestrade trouvées sur la page Facebook de l'Opéra


et « l'enfant et les sortilèges » « fantaisie lyrique » en deux parties sur un livret de Colette https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Enfant_et_les_Sortil%C3%A8ges , décidé en 1916, dont la composition commençait en 1919 et qui fut créé en 1925 (production de l'Opéra de Monte-Carlo comme lors de la création)

« « Chère Madame,

Dans le même temps que vous manifestiez devant Rouché le regret de mon silence, je songeais, du fond de mes neiges, à vous demander si vous vouliez encore d'un collaborateur aussi défaillant. L'état de ma santé est ma seule excuse : pendant longtemps, j'ai bien craint de ne pouvoir plus rien faire. Il faut croire que je vais mieux : l'envie de travailler semble revenir. Ici, ce n'est pas possible ; mais, dès mon retour, au commencement d'avril, je compte m'y mettre, et commencer par notre opéra. À la vérité, j'y travaille déjà : je prends des notes, sans en écrire une seule, je songe même à des modifications... N'ayez pas peur : ce n'est pas à des coupures ; au contraire. Par exemple : le récit de l'écureuil ne pourrait-il se développer ? Imaginez tout ce que peut dire de la forêt un écureuil, et ce que ça peut donner en musique ! Autre chose : que penseriez-vous de la tasse et de la théière, en vieux Wegwood (sic) noir, chantant un ragtime ? J'avoue que l'idée me transporte de faire chanter un ragtime par deux nègres à l'Académie Nationale de Musique. Notez que la forme, un seul couplet, avec refrain, s'adapte parfaitement au mouvement de cette scène : plaintes, récriminations, fureur, poursuite. Peut-être m'objecterez-vous que vous ne pratiquez pas l'argot nègre-américain. Moi qui ne connais pas un mot d'anglais, je ferais comme vous : je me débrouillerais. Je vous serais reconnaissant de me donner votre opinion sur ces deux points, et de croire, chère Madame, à la vive sympathie artistique de votre dévoué. - Maurice Ravel » .

Je reprends sur le programme de salle une partie de la note d'intention de Jean-Louis Grinda metteur en scène des deux œuvres (qui ont également en commun le Directeur Musical Ribert Tuolty, la chorégraphe | en fait tous ou presque tous les déplacements sont dansés surtout dans le cas de l'enfant | Eugénie Andin;le décorateur et costumier etc... auxquels s'ajoute pour « l'heure espagnole » Louis Lavedan auteur des dessins et ambiances aquarellées... et deux des interprètes Anne-Catherine Giillet qui chante A Conception et B la bergère et la chouette, et Ivan Thirion qui chante A Ramiro et B l'horloge comtoise et un chat)

« … Ma réflexion est partie de l'Enfant pour lequel je ne voulais pas voir de chaise qui chante, d'horloge qui parle, de tapisserie qui s'exprime. Avec Rudy Sabounghi (le créateur des décors et des costumes) nous avons donc développé un scénario qui ne trahisse pas l'oeuvre mais qui la fait voir sous un jour nouveau... Proposant ainsi une vision très réaliste de l'oeuvre, nous sommes donc partis de manière inversée sur un traitement totalement imaginaire de L'Heure Espagnole. Dans un décor de bande dessinée, peint à l'aquarelle, nos cinq protagonistes s'agitent en tout sens, se parlant sans jamais se regarder, pour s'adresser toujours « face public », cassant ainsi l'idée de tout réalisme dans cette irrésistible comédie ».

Laquelle n'est plus franchement regardée de nos jours comme pornographique mais comme une farce joyeusement enlevée comme la musique.


Contrairement à ma voisine, après avoir ri j'ai tout de même préféré la joyeuse féérie de l'Enfant qui n' a vraiment pas besoin que l'on ajoute des travestissements à son côté naturellement onirique, et la délicieuse variété des musiques dont s'inspire Ravel.

Pas de voix extraordinaires mais une belle unité et des sourires et rires en bel élan s'accordant à la musique. (bon, c'est mal dit mais le public était tout souriant, et il'y a à mes yeux aucune faute de goût dans la farce et la fantaisie)


8 commentaires:

arlette a dit…

Bienheureuse et dépaysante soirée en sortilèges loin des tracas du jour Merci pour cette évasion

Dominique Hasselmann a dit…

Toujours Ravel nous ravit. ;-)

Brigetoun a dit…

et dans des sourires et rire de bonne qualité et légèreté en compagnie de gens agréables et courtois

Brigetoun a dit…

exactement Dominique

Dominique Autrou a dit…

Ravel, bel antidote aux déco de Noël (celles-ci, hélas, durent).

Brigetoun a dit…

oui malheureusement (et les sapins n'ont pas d'odeur que mon rhume arrive à me transmettreà

mémoire du silence a dit…

Oh ! Ravel, du bonheur!!!
L'Enfant et les sortilèges, j'aime, j'aime

Brigetoun a dit…

faisait du bien