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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, juillet 02, 2025

2ème de juillet - rangement hiver, tri été et poursuite du tour de la Méditerranée et de ses poètes


Jour voué à un mélange de repos, rangement hiver, tri été, formalités diverses… avec des ponctuations (exercice de frappe, détente, amusement parfois) au sud de la Méditerranée (incomplètement) avec coup d’oeil aux poètes.


EGYPTE


Abderrahman al-Almoudi


Mort de l’épouvantail

« Ô vieux cultivateur de courges

Ton épouvantail est mort


Les corbeaux ont croassé à longueur de journée

Fondu en escadrille du haut du palmier nain

N’épargnant de tes courges ni les mûres ni les vertes

Alors que tu comptais sur Dieu et sur moi jusqu’à la fin des courges


Le vent a chatouillé mes flancs sans me faire rire

Agita bois et guenilles

Ô toi qui m’as levé les bras vers le ciel

Secoue-moi

Peut-être ai-je absorbé un poison


Tu m’avais malheureux confié la garde de ton champ

Sur mes épaules passaient corbeaux et chouettes

me survolaient plumes et cris

passaient sur mes épaules

mais tu n’entendais pas mes cris

muette est la voix du bois


bras tendus je me suis vermoulu

tarbouche sur la tête

alors que tu comptais sur moi malheureux

mort sous la mort

ah si tu voyais ce que mes yeux regardent

la preuve ce corbeau qui plane

lui et moi passons la nuit dans les courges »


Ahmed Abd al-Moti Hijazi


Neige

« Fenêtre écartée sur le blanc : susprise

Au saut du lit de la très lente chute

Donnant sa neige à toute chose — transparence

Et me voici en ce tourbillon d’ailes

Emporté, et la neige, et privé d’ombre

Tous deux par les arbres nus et par

Le rebord des fenêtres et des balcons

Par mains d’enfants et de statues et par

Cela qui de ce toit se penche sur le monde

Blancheur dans la blancheur, peuple de cygnes

Caressant de leur cou de cygne l’immense et fin

Monde de plume de leur être

                                                   Enfin se fit

Le grand soleil ; lors neige et moi nous sommes

Retombés, mêlés

Au plus noir de la très familière noirceur »


Mohammed Afifi Matar


Lune rouge

« Perçant les murs du village,

La tombe égorgée s’envole.

Les chauve-souris du soir affluent,

Et les lanternes s’éteignent.

Perçant l’air du village, les araignées tombent

Et en récitant leurs oraisons funèbres légendaires,

Les criquets grincent terriblement…

Ravagent… les astres des ténèbres.

Les anges s’emplissent alors

De cendres, lorsque la faim expire.


Notre village est une vieille aux dents arrachées par le         

   pain.

Sur ses seins pavanent les hannetons, errent les     

   charançons.

Dans ses yeux, une lanterne de ténèbres

Balancée par les saisons du limon aride,

Dans son flanc, une lame aiguisée est plantée.

Mais ni son sang ne jaillit ni sa douleur.
Sur son crâne, un tatouage brûlant altéré.

Dans ses tresses, les soleils noirs se lèvent

Et rouillent les lunes dans leurs élégies.

Notre village fouille les fissures de l’été, à la recherche d’un lézard vert.

De lait de corbeaux et de blé de caméléon,

Et elle en vieillit. Puis s’éteint le sang prisonnier de sa      

  matrice.

De ses cuisses file une progéniture aux yeux perdus.

Année après année, les enfants versent

Le sang primitif, dissolvent les chants légendaires

Dans l’oeil du soleil, puisent la boue dans le monde

   souterrain

des esprits et des rêves

Et se courbent année après année,

Sans goûter la moindre bouchée.


Les démons des ténèbres hantèrent le moulin du

   village.
Ils célébrèrent leurs noces dans son silence,

Dansèrent sur la rouille des anges.

Notre village, lui, se lamentait sous le gibet des vents

   et la faim

Epanouissait les fleurs des chouettes et les bûches.

Les garçons frappent aux portes

Et puisent dans la lune de la famine et les étoiles

   muettes

Des poèmes gris

Les garçons frappent aux portes

« Viens, par les pont de glace,

Ô soleil des cieux enneigés,

Ô lune des épis, nous sommes juchés dans le noir,

Privés du goût de semoule, du vert des herbes

Et du goût de la levure expirant son acide voluptueux

Dans une matrice d’argile.

Nous sommes affamés, ô lune des épis… Pousse le 

   moulin muet

Pour qu’il nous offre, ne serait-ce qu’une poignée de

   sa semoule,

mélangée au fenugrec.

Ô lune des épis et des mythes

Éclate sur le pont de la famine… en tranches de

 pain »

A travers les rues du village

Les branches du soleil primitif murmurent :

« Les anges éclatent en rire dans les moulins,

Sur tes seins, deux nerpruns

Rient dans le sang de l’enfer à voix grave.

Leurs voix rient pour le soleil.

Elles ouvrent leur porte nocturne entre le sang et

   l’accouchement pénible. »


Abdelmonem Ramadan


Accueil des fruits de naphtaline

« Celui qui meurt

Celui qui meurt dans la rue

Celui qui meurt au bout de la dernière ruelle menant à la mer

Celui qui meurt la tête inclinée sur son souffle

Celui qui meurt sans brume sur le toit de la maison

Celui qui meurt avec résignation comme un ange pur

Celui qui meurt parce que l’avenir c’est la mort

Celui qui meurt pour se laver

Celui qui meurt pour que s’éveillent ses choses personnelles

Celui qui meurt vraiment

Celui qui meurt le regard sur le verre vide

Celui qui meurt parce que nous avons lavé ses lèvres de psalmodie

Celui qui meurt parce qu’il se sera haussé sur les épaules

Celui qui meurt chaque jour

          chaque jour

N’est pas le Christ

N’est pas l’un d’entre nous

N’est pas celui qui a embrassé le monde

N’est pas le responsable de notre crime dans le rire

N’est pas la poupée suspendue à l’épaule de Dieu

N’est pas le vent qui ne regarde pas devant

N’est pas devant

N’est pas l’individu

N’est pas Dieu

Ni les invités. »


Iman Mersal


Le seuil

« 1 - Oui, le noeud papillon du chef — comme une flèche pointant dans deux directions opposées — était bien fatigué, et on n’a pas vu les doigts des musiciens. Mais on les a regardé sortir, l’un après l’autre, et on a sur que les poètes qui étaient arrivés tôt avaient pris le parti de la flûte — pourtant sa tristesse est belle et pleine — et qu’ils avaient beaucoup fumé entre deux morceaux. Tout cela ne nous importait pas, nous voulions seulement voir le rideau noir derrière la scène. On était en retard, on a tout juste aperçu les universitaires qui récupéraient leurs manteaux.


2 - Non, en fait l’ambiance était étouffante, comme si vous étiez dans une caserne, obligé de répéter l’homme national. Sauf que, comme vous le savez, il pleut en général dans les films étrangers.


3 - On n’a pas regretté que le concert soit terminé. Plutôt que de filer le dernier vers l’autre rive, on a traversé le pont et on a fait le salut au vendeur de colifichets qui rentrait du mouled d’el-Hussein.


4 - Oui, je les ai perdus au milieu d’un troupeau de chameaux qui sortaient de la Ligue arabe. Quand on s’est retrouvés, on a donné quelques cigarettes au soldat en faction devant un immeuble dont il ne connait pas le nom. Enfin on est arrivés au bar du centre-ville, plein d’humanité et d’égratignures éparses.


5 - Il nous a fallu nous asseoir là quatre ans. On a lu Samir Amin, tenté d’égyptianiser Henry Miller. Kundera, lui, a  changé nos façons de justifier la trahison.


6 - Là aussi on a reçu une lettre d’un ami qui vit à Paris, il disait qu’il a découvert en lui quelqu’un d’autre er qu’il n’arrive pas à s’y habituer, qu’il traîne chaque jour sa misère sur des trottoirs plus lisses que ceux du tiers-monde et qu’il se démolit bien mieux. On a passé des mois à l’envier et à souhaiter qu’ils nous expulsent vers une autre capitale.


7 - On ne s’est pas affolés quand nos poches se sont vidées : un des nôtres était devenu soufi et après une courte invocation, parole d’honneur, un puits de bière a jailli sous nos pieds. On a joué à tomber dans les pommes, on s’est fait un dictionnaire avec des mots à nous : bocal, nulos, bétoc, chagaille, etc.


8 - On criait, on gueulait, mais personne ne nous comprenait. Quand le plus âgé d’entre nous a proposé qu’on devienne positifs, j’étais en train de réfléchir au moyen de transformer les toilettes publiques  en pleuroirs et les grandes places en urinoirs. A ce moment là, un intellectuel entre deux âges a apostrophé mon ami : « Quand je parle de démocratie, tu la fermes et tu t’écrases. »


9 - On a couru alors une bonne heure à la rue Moezz on s’était un peu calmés. Là, on a rencontré un martyr contrarié ; on l’a rassuré : il était bien vivant, il pouvait gagner sa croûte s’il voulait. D’ailleurs, il n’y avait jamais eu de bataille.


10 - Oui, nous allions affermir notre relation à a métaphysique, si l’un des nôtres n’avait caché son crâne sous un chapeau de luxe. On nous prenait pour des touristes, au point qu’un vendeur d’épices se mit à nous suivre en répétant : « Stop, siouplait, wait, siouplait. »


11 - Il ne nous restait plus que le cimetière de l’Imam. On s’est assis là, une autre année, à humer l’odeur de la goyave. Quand j’ai décidé de les quitter, tous, de marcher seule, j’avais trente ans. »



LIBYE


Mohammed al-Faytouri


Il est mort demain

« Il est mort

Aucune goutte de pluie ne s’est attristée

Aucun visage humain ne s’est assombri

La lune n’a pas survolé sa tombe de nuit

Aucun ver paresseux n’y a déployé son corps

Aucune pierre ne s’est fendue

Il est mort demain

cadavre sali

linceul oublié

tel un rêve

le peuple s’est réveillé

et à traverse le champ de roses au crépuscule

comme un ouragan


il est mort

dans son âme noircie un passé de sang et de gibets suspendus

des cris de révolte dans les prisons

visages douloureux et fendillés des vieilles

bras tordus dressés comme des faucilles

yeux où plonge l’ombre des potences

ô mon fils

en quel lieu les soldats ont-ils emmené ton visage 

pourquoi m’ont-ils privé de l’odeur de ta chemise ?

mon fils si beau dans l’éclat de sa jeunesse

marchait sur les élans des coeurs

le geôlier a cadenassé la porte de la grande prison

une chaîne a rampé

et le fouet a enveloppé la nuit des lamentations


et toi mon père

reviendras-tu avant l’heure ?

tu nous retrouveras en pleurs

reviens-nous

ma mère mes soeurs et moi

nous bruissons de pleurs

reviens pour qu’on cesse de nous traiter de pauvres et d’orphelins

mon père est-il innocent

j’ai demandé tristement aux passants

pourquoi l’ont-ils ligoté avec des chaînes ?

ils ont baissé la tête

comme s’ils étaient tous prisonniers


ils ont cogné de nuit à la porte et sont entrés

qui êtes-vous ?

Que voulez-vous ?

Que portez-vous ?

Une fois son cadavre posé auprès du mur

J’ai scruté le visage des souvenirs

Et séché mes pleurs avec les larmes des autres


demain le cortège de la faim passera par notre rue

verdissez les années de la disette

tombez ô pluie

noyez les champs de blé et de riz

noyez le fleuve

couvrez de votre main de cendre la tristesse des arbres

viendra un jour où les moissons seront à moi

à moi le ciel le monde et le cours du ruisseau

quand prendra fin la famine de la terre

et celle des humains

un jour aussi sombre aussi humide

qu’un long labyrinthe

il s’est réveillé

a secoué ses mains de la rigidité du cadavre

et les mains qui racontaient les faucilles des champs

se prolongèrent palmiers plaintifs

dans ses yeux

il s’est écroulé par terre

dans un râle déchirant

et vit du mur de l’horizon descendre une corps

et un cadavre froid tomber dans la boue »


TUNISIE


Abdelwahab Meddeb


Blanche la ville

« L’homme y vogue dans les airs

où qu’il soit il ne perd pas le ciel

et la mer toujours à la hauteur

du patio baignoire qui flotte entre

les deux bleus que les oiseaux seuls

déchirent deux trois coups d’ailes

vous emportent à l’éventail des pins

haies sur le profil des jardins

l’arche et le pont sont des corps 

qui étendent des passerelles

entre les vivants et les morts

je monte et je redescends

je remonte encore j’aperçois l’ombre d’Aya

je la hèle la nuit sur l’autre trottoir

à chaque porte elle presse le pas

elle ne se retourne pas ses talons résonnent

et vibrent au silence des lampadaires

miroir où j’entends frémir les palmes

les arcs dansent à l’air de l’automne

sur la chaussée noire humectée de larmes

je choeur des pleureuses module son cri

elles forcent le thorax autour de la tombe

qui traque la portée de cadavres

carcasses de fer-blanc tordu

les crânes seront les pavés des ponts

l’autre peuple est chassé de vos cènes

le gardien de la nuit me prévient

aucune table commune ne sera dressée

ne rodez pas près de la table

sous les arcades il y ceux qui mordent

tatouant au sang la chair de la joue

les deux peuples n’orientent pas leurs oreilles

vers les sons que déclinent

les lettres d’un même alphabet

chacun cache un couteau sous le manteau

les ères se succèdent les fins se suivent

les trappes s’ouvrent ils figent le passé

sans prendre le temps de découvrir

qu’ils disparaissent maîtres et serfs

les pasteurs occupent la ville bâtie

par des pères dont les enfants étaient partis

leur don échoue sur les récifs

les formes chantent la gloire du lieu

les ciseaux avaient taillé dans la barrière

une tunique parée de lettres et de pierres

le linge flotte sur les balcons

le sang de la bête immolée est avalé

par la bonde des éviers

les murs tremblent les ongles creusent

peintures et crépis s’effritent

le prurit atteint la chair du bâti. »


Moncef Louhaïbi


Une poupée

« Dans le lit maternel

La poupée de ma soeur

Une poupée écartelée.


Prends-la

Elle sent le camphre et le girofle

Rends-lui

Ses bras, ses jambes

Et rectifie sa charpente disloquée

Alors, peut-être les temps anciens

Se redressent.


Dis au puits du jardin

D’inviter notre fillette

Et aux ailes de l’alouette

D’humecter mon enfance. »


Tahar Bekri


Lisbonne, tombeau de Pessoa

« La ville qui monte

La ville qui descend

Et toi

Le passé qui remonte

Le présent qui redescend

Sans Tage

Sans port

Tu attends

À Alfana

En suspens

Que se pose

Sur le toit de ton coeur

Peut-être une colombe

Ou la parole qui lève l’ancre

Ou que se lève le vent

Sans voiles

Ni statues

Ta barque

Toujours l’océan. »


Mohammed al-Sghaier Ouled Ahmed


Papier

« Je suis guéri de la poésie

Je n’ai plus mal

Hormis ma crainte pour une nation inquiète

Mais une chose simple me trouble

Le vert de poésie est dans la potence

Je suis allé à maintes reprises à la tombe

Mais ils m’ont chassé

Et seul le papier m’a supporté. »


ALGERIE


Exil pointé

« Une journée de travail qui s’achève dans une aquarelle


J’ai pris un oeuf

Et beaucoup d’alcool


Signe éteint me saisit


                              *


Je suis pessimiste octobre hors de cause

Qu’est-ce  qu’une saison


Une cause juste triomphe toujours invincible

Une évidence non évidente à l’histoire

il arrive que sur la Révolution échoue


Mes frères massacrés…


                              *


Changer l’homme en homme

et colorer la vie de nos chants nos danses


Je te donnerai un nom

et une forme

et tu mangeras à ma table


dans les rues propres la poésie chasse les poètes

riment à rien


                              *


Erection de mots

               la  parole en spasmes

La rue n’est jamais vide de rencontre au rancart

               Ma banane a deux cents balles

avec ma pomme je suis poire rance


Je note tout sur un bout de papier avant de faire le marché


À ma grande surprise les légumes sont à poils

la viande saigne

et les fruits trop gâtés tirent la langue


Et les garçons bouchers

c’est un métier ça

C’est un problème

On ne sera jamais socialiste tant qu’on laisse un seul garçon boucher faire le coeur tendre

derrière ses entrecôtes


Les carottes font la navette entre les poulets rôtis

et les canards sauvages


Qu’est-ce que je vais bien pouvoir manger ce soir »


Rabia Djelti


L’arbre à paroles

« Bonsoir ! Oran!

Soir des muwachchahat… et des portes closes

Bonsoir

Lasse, je suis 

Et lassante, cette question qui m’oppresse :

Un visiteur est-ce un invité ?

Un convive de dernière heure ?

Ou le convive d’un invité ?

Est-ce la voix du haschich farouche

Et des dessins animés ?

Ou est-ce « la laitière et le pot au lait » ?

Ou une semple coquetterie ?

De l’exil de la tendresse et de la détresse non revenus

Ô Oran !

Des sanglots des blessures

Et des éclats de balles

De l’apogée du ciel et des débarcadères surchargés

Sans trêve

Les palmiers de la mer sont à nous

Les bergères de basilic sont à nous

Les chevaux de l’orage sot revenus

… Et nous sommes de retour

Le havresac de l’enfance est lourd

Mais le retour des saisons est encore plus lourd 

En offrande

Nous t’apportons une fontaine de fleurs

Des étoiles

Et des oranges

… Rues d’amour

Et Lina, frairie magique

Agite l’arbre du désir. 

Nous te connaissons, ô Oran !

Comme le nourrisson connait le sein nourricier

Cruelle ou compatissante

Nous t’aimons comme le Créateur aime la création

Nous te chantons

Comme la cascade chante son abîme.


Oran !

Goût amer de l’exil, fatigues de l’errance,

Souffrances, quand donc prendra fin l’exode

Loin de l’air du pays ?

Affliction, fruit de désespérance,

Qui es-tu ? d’où te viennent ces dessins animés ?

Couvre ta nudité afin que je me retourne

Couvre ta laideur

Afin que j’ouvre les yeux sur les océans

Et la magie des nuages

Tu es un désert

    Versaille : assassinée

    Corbeau : assassin

    Noce : dérision

Joyau des temps

Enfermement, avortement

Merveille

Qu’est devenue ta fertilité ?

Qu’es-du devenue ?

Je te hais d’amour

Je ne te connais plus.
Je t’aime de haine

Laisse-moi éclater en cantiques

Rends-nous nos trésors

Rends-nous nos ardeurs juvéniles

Et nos rondes cadencées

Rends-nous l’hymne des rivages

Je t’aime

Je te hais

Je t’a…

Je te h…

Je… soirée heureuse, Oran !

Soirée des arômes de café

Et des tournesols en berne

Soirée des palais sur les fosses communes

Soirée des amants et de second sevrage

Soirée de gaspillage, de désarroi et de jazz

Soirée de ténèbres, de fuite et de chiens enragés

Soirée heureuse, Oran !

Soirée heureuse

… Heureuse

    … Heureuse… ! »

    

1 commentaire:

Dominique Hasselmann a dit…

Le ciel bleu est un poème à lui tout seul. :-)