EGYPTE
Abderrahman al-Almoudi
Mort de l’épouvantail
« Ô vieux cultivateur de courges
Ton épouvantail est mort
Les corbeaux ont croassé à longueur de journée
Fondu en escadrille du haut du palmier nain
N’épargnant de tes courges ni les mûres ni les vertes
Alors que tu comptais sur Dieu et sur moi jusqu’à la fin des courges
Le vent a chatouillé mes flancs sans me faire rire
Agita bois et guenilles
Ô toi qui m’as levé les bras vers le ciel
Secoue-moi
Peut-être ai-je absorbé un poison
Tu m’avais malheureux confié la garde de ton champ
Sur mes épaules passaient corbeaux et chouettes
me survolaient plumes et cris
passaient sur mes épaules
mais tu n’entendais pas mes cris
muette est la voix du bois
bras tendus je me suis vermoulu
tarbouche sur la tête
alors que tu comptais sur moi malheureux
mort sous la mort
ah si tu voyais ce que mes yeux regardent
la preuve ce corbeau qui plane
lui et moi passons la nuit dans les courges »
Ahmed Abd al-Moti Hijazi
Neige
« Fenêtre écartée sur le blanc : susprise
Au saut du lit de la très lente chute
Donnant sa neige à toute chose — transparence
Et me voici en ce tourbillon d’ailes
Emporté, et la neige, et privé d’ombre
Tous deux par les arbres nus et par
Le rebord des fenêtres et des balcons
Par mains d’enfants et de statues et par
Cela qui de ce toit se penche sur le monde
Blancheur dans la blancheur, peuple de cygnes
Caressant de leur cou de cygne l’immense et fin
Monde de plume de leur être
Enfin se fit
Le grand soleil ; lors neige et moi nous sommes
Retombés, mêlés
Au plus noir de la très familière noirceur »
Mohammed Afifi Matar
Lune rouge
« Perçant les murs du village,
La tombe égorgée s’envole.
Les chauve-souris du soir affluent,
Et les lanternes s’éteignent.
Perçant l’air du village, les araignées tombent
Et en récitant leurs oraisons funèbres légendaires,
Les criquets grincent terriblement…
Ravagent… les astres des ténèbres.
Les anges s’emplissent alors
De cendres, lorsque la faim expire.
Notre village est une vieille aux dents arrachées par le
pain.
Sur ses seins pavanent les hannetons, errent les
charançons.
Dans ses yeux, une lanterne de ténèbres
Balancée par les saisons du limon aride,
Dans son flanc, une lame aiguisée est plantée.
Mais ni son sang ne jaillit ni sa douleur.
Sur son crâne, un tatouage brûlant altéré.
Dans ses tresses, les soleils noirs se lèvent
Et rouillent les lunes dans leurs élégies.
Notre village fouille les fissures de l’été, à la recherche d’un lézard vert.
De lait de corbeaux et de blé de caméléon,
Et elle en vieillit. Puis s’éteint le sang prisonnier de sa
matrice.
De ses cuisses file une progéniture aux yeux perdus.
Année après année, les enfants versent
Le sang primitif, dissolvent les chants légendaires
Dans l’oeil du soleil, puisent la boue dans le monde
souterrain
des esprits et des rêves
Et se courbent année après année,
Sans goûter la moindre bouchée.
Les démons des ténèbres hantèrent le moulin du
village.
Ils célébrèrent leurs noces dans son silence,
Dansèrent sur la rouille des anges.
Notre village, lui, se lamentait sous le gibet des vents
et la faim
Epanouissait les fleurs des chouettes et les bûches.
Les garçons frappent aux portes
Et puisent dans la lune de la famine et les étoiles
muettes
Des poèmes gris
Les garçons frappent aux portes
« Viens, par les pont de glace,
Ô soleil des cieux enneigés,
Ô lune des épis, nous sommes juchés dans le noir,
Privés du goût de semoule, du vert des herbes
Et du goût de la levure expirant son acide voluptueux
Dans une matrice d’argile.
Nous sommes affamés, ô lune des épis… Pousse le
moulin muet
Pour qu’il nous offre, ne serait-ce qu’une poignée de
sa semoule,
mélangée au fenugrec.
Ô lune des épis et des mythes
Éclate sur le pont de la famine… en tranches de
pain »
A travers les rues du village
Les branches du soleil primitif murmurent :
« Les anges éclatent en rire dans les moulins,
Sur tes seins, deux nerpruns
Rient dans le sang de l’enfer à voix grave.
Leurs voix rient pour le soleil.
Elles ouvrent leur porte nocturne entre le sang et
l’accouchement pénible. »
Abdelmonem Ramadan
Accueil des fruits de naphtaline
« Celui qui meurt
Celui qui meurt dans la rue
Celui qui meurt au bout de la dernière ruelle menant à la mer
Celui qui meurt la tête inclinée sur son souffle
Celui qui meurt sans brume sur le toit de la maison
Celui qui meurt avec résignation comme un ange pur
Celui qui meurt parce que l’avenir c’est la mort
Celui qui meurt pour se laver
Celui qui meurt pour que s’éveillent ses choses personnelles
Celui qui meurt vraiment
Celui qui meurt le regard sur le verre vide
Celui qui meurt parce que nous avons lavé ses lèvres de psalmodie
Celui qui meurt parce qu’il se sera haussé sur les épaules
Celui qui meurt chaque jour
chaque jour
N’est pas le Christ
N’est pas l’un d’entre nous
N’est pas celui qui a embrassé le monde
N’est pas le responsable de notre crime dans le rire
N’est pas la poupée suspendue à l’épaule de Dieu
N’est pas le vent qui ne regarde pas devant
N’est pas devant
N’est pas l’individu
N’est pas Dieu
Ni les invités. »
Iman Mersal
Le seuil
« 1 - Oui, le noeud papillon du chef — comme une flèche pointant dans deux directions opposées — était bien fatigué, et on n’a pas vu les doigts des musiciens. Mais on les a regardé sortir, l’un après l’autre, et on a sur que les poètes qui étaient arrivés tôt avaient pris le parti de la flûte — pourtant sa tristesse est belle et pleine — et qu’ils avaient beaucoup fumé entre deux morceaux. Tout cela ne nous importait pas, nous voulions seulement voir le rideau noir derrière la scène. On était en retard, on a tout juste aperçu les universitaires qui récupéraient leurs manteaux.
2 - Non, en fait l’ambiance était étouffante, comme si vous étiez dans une caserne, obligé de répéter l’homme national. Sauf que, comme vous le savez, il pleut en général dans les films étrangers.
3 - On n’a pas regretté que le concert soit terminé. Plutôt que de filer le dernier vers l’autre rive, on a traversé le pont et on a fait le salut au vendeur de colifichets qui rentrait du mouled d’el-Hussein.
4 - Oui, je les ai perdus au milieu d’un troupeau de chameaux qui sortaient de la Ligue arabe. Quand on s’est retrouvés, on a donné quelques cigarettes au soldat en faction devant un immeuble dont il ne connait pas le nom. Enfin on est arrivés au bar du centre-ville, plein d’humanité et d’égratignures éparses.
5 - Il nous a fallu nous asseoir là quatre ans. On a lu Samir Amin, tenté d’égyptianiser Henry Miller. Kundera, lui, a changé nos façons de justifier la trahison.
6 - Là aussi on a reçu une lettre d’un ami qui vit à Paris, il disait qu’il a découvert en lui quelqu’un d’autre er qu’il n’arrive pas à s’y habituer, qu’il traîne chaque jour sa misère sur des trottoirs plus lisses que ceux du tiers-monde et qu’il se démolit bien mieux. On a passé des mois à l’envier et à souhaiter qu’ils nous expulsent vers une autre capitale.
7 - On ne s’est pas affolés quand nos poches se sont vidées : un des nôtres était devenu soufi et après une courte invocation, parole d’honneur, un puits de bière a jailli sous nos pieds. On a joué à tomber dans les pommes, on s’est fait un dictionnaire avec des mots à nous : bocal, nulos, bétoc, chagaille, etc.
8 - On criait, on gueulait, mais personne ne nous comprenait. Quand le plus âgé d’entre nous a proposé qu’on devienne positifs, j’étais en train de réfléchir au moyen de transformer les toilettes publiques en pleuroirs et les grandes places en urinoirs. A ce moment là, un intellectuel entre deux âges a apostrophé mon ami : « Quand je parle de démocratie, tu la fermes et tu t’écrases. »
9 - On a couru alors une bonne heure à la rue Moezz on s’était un peu calmés. Là, on a rencontré un martyr contrarié ; on l’a rassuré : il était bien vivant, il pouvait gagner sa croûte s’il voulait. D’ailleurs, il n’y avait jamais eu de bataille.
10 - Oui, nous allions affermir notre relation à a métaphysique, si l’un des nôtres n’avait caché son crâne sous un chapeau de luxe. On nous prenait pour des touristes, au point qu’un vendeur d’épices se mit à nous suivre en répétant : « Stop, siouplait, wait, siouplait. »
11 - Il ne nous restait plus que le cimetière de l’Imam. On s’est assis là, une autre année, à humer l’odeur de la goyave. Quand j’ai décidé de les quitter, tous, de marcher seule, j’avais trente ans. »
LIBYE
Mohammed al-Faytouri
Il est mort demain
« Il est mort
Aucune goutte de pluie ne s’est attristée
Aucun visage humain ne s’est assombri
La lune n’a pas survolé sa tombe de nuit
Aucun ver paresseux n’y a déployé son corps
Aucune pierre ne s’est fendue
Il est mort demain
cadavre sali
linceul oublié
tel un rêve
le peuple s’est réveillé
et à traverse le champ de roses au crépuscule
comme un ouragan
il est mort
dans son âme noircie un passé de sang et de gibets suspendus
des cris de révolte dans les prisons
visages douloureux et fendillés des vieilles
bras tordus dressés comme des faucilles
yeux où plonge l’ombre des potences
ô mon fils
en quel lieu les soldats ont-ils emmené ton visage
pourquoi m’ont-ils privé de l’odeur de ta chemise ?
mon fils si beau dans l’éclat de sa jeunesse
marchait sur les élans des coeurs
le geôlier a cadenassé la porte de la grande prison
une chaîne a rampé
et le fouet a enveloppé la nuit des lamentations
et toi mon père
reviendras-tu avant l’heure ?
tu nous retrouveras en pleurs
reviens-nous
ma mère mes soeurs et moi
nous bruissons de pleurs
reviens pour qu’on cesse de nous traiter de pauvres et d’orphelins
mon père est-il innocent
j’ai demandé tristement aux passants
pourquoi l’ont-ils ligoté avec des chaînes ?
ils ont baissé la tête
comme s’ils étaient tous prisonniers
ils ont cogné de nuit à la porte et sont entrés
qui êtes-vous ?
Que voulez-vous ?
Que portez-vous ?
Une fois son cadavre posé auprès du mur
J’ai scruté le visage des souvenirs
Et séché mes pleurs avec les larmes des autres
demain le cortège de la faim passera par notre rue
verdissez les années de la disette
tombez ô pluie
noyez les champs de blé et de riz
noyez le fleuve
couvrez de votre main de cendre la tristesse des arbres
viendra un jour où les moissons seront à moi
à moi le ciel le monde et le cours du ruisseau
quand prendra fin la famine de la terre
et celle des humains
un jour aussi sombre aussi humide
qu’un long labyrinthe
il s’est réveillé
a secoué ses mains de la rigidité du cadavre
et les mains qui racontaient les faucilles des champs
se prolongèrent palmiers plaintifs
dans ses yeux
il s’est écroulé par terre
dans un râle déchirant
et vit du mur de l’horizon descendre une corps
et un cadavre froid tomber dans la boue »
TUNISIE
Abdelwahab Meddeb
Blanche la ville
« L’homme y vogue dans les airs
où qu’il soit il ne perd pas le ciel
et la mer toujours à la hauteur
du patio baignoire qui flotte entre
les deux bleus que les oiseaux seuls
déchirent deux trois coups d’ailes
vous emportent à l’éventail des pins
haies sur le profil des jardins
l’arche et le pont sont des corps
qui étendent des passerelles
entre les vivants et les morts
je monte et je redescends
je remonte encore j’aperçois l’ombre d’Aya
je la hèle la nuit sur l’autre trottoir
à chaque porte elle presse le pas
elle ne se retourne pas ses talons résonnent
et vibrent au silence des lampadaires
miroir où j’entends frémir les palmes
les arcs dansent à l’air de l’automne
sur la chaussée noire humectée de larmes
je choeur des pleureuses module son cri
elles forcent le thorax autour de la tombe
qui traque la portée de cadavres
carcasses de fer-blanc tordu
les crânes seront les pavés des ponts
l’autre peuple est chassé de vos cènes
le gardien de la nuit me prévient
aucune table commune ne sera dressée
ne rodez pas près de la table
sous les arcades il y ceux qui mordent
tatouant au sang la chair de la joue
les deux peuples n’orientent pas leurs oreilles
vers les sons que déclinent
les lettres d’un même alphabet
chacun cache un couteau sous le manteau
les ères se succèdent les fins se suivent
les trappes s’ouvrent ils figent le passé
sans prendre le temps de découvrir
qu’ils disparaissent maîtres et serfs
les pasteurs occupent la ville bâtie
par des pères dont les enfants étaient partis
leur don échoue sur les récifs
les formes chantent la gloire du lieu
les ciseaux avaient taillé dans la barrière
une tunique parée de lettres et de pierres
le linge flotte sur les balcons
le sang de la bête immolée est avalé
par la bonde des éviers
les murs tremblent les ongles creusent
peintures et crépis s’effritent
le prurit atteint la chair du bâti. »
Moncef Louhaïbi
Une poupée
« Dans le lit maternel
La poupée de ma soeur
Une poupée écartelée.
Prends-la
Elle sent le camphre et le girofle
Rends-lui
Ses bras, ses jambes
Et rectifie sa charpente disloquée
Alors, peut-être les temps anciens
Se redressent.
Dis au puits du jardin
D’inviter notre fillette
Et aux ailes de l’alouette
D’humecter mon enfance. »
Tahar Bekri
Lisbonne, tombeau de Pessoa
« La ville qui monte
La ville qui descend
Et toi
Le passé qui remonte
Le présent qui redescend
Sans Tage
Sans port
Tu attends
À Alfana
En suspens
Que se pose
Sur le toit de ton coeur
Peut-être une colombe
Ou la parole qui lève l’ancre
Ou que se lève le vent
Sans voiles
Ni statues
Ta barque
Toujours l’océan. »
Mohammed al-Sghaier Ouled Ahmed
Papier
« Je suis guéri de la poésie
Je n’ai plus mal
Hormis ma crainte pour une nation inquiète
Mais une chose simple me trouble
Le vert de poésie est dans la potence
Je suis allé à maintes reprises à la tombe
Mais ils m’ont chassé
Et seul le papier m’a supporté. »
ALGERIE
Exil pointé
« Une journée de travail qui s’achève dans une aquarelle
J’ai pris un oeuf
Et beaucoup d’alcool
Signe éteint me saisit
*
Je suis pessimiste octobre hors de cause
Qu’est-ce qu’une saison
Une cause juste triomphe toujours invincible
Une évidence non évidente à l’histoire
il arrive que sur la Révolution échoue
Mes frères massacrés…
*
Changer l’homme en homme
et colorer la vie de nos chants nos danses
Je te donnerai un nom
et une forme
et tu mangeras à ma table
dans les rues propres la poésie chasse les poètes
riment à rien
*
Erection de mots
la parole en spasmes
La rue n’est jamais vide de rencontre au rancart
Ma banane a deux cents balles
avec ma pomme je suis poire rance
Je note tout sur un bout de papier avant de faire le marché
À ma grande surprise les légumes sont à poils
la viande saigne
et les fruits trop gâtés tirent la langue
Et les garçons bouchers
c’est un métier ça
C’est un problème
On ne sera jamais socialiste tant qu’on laisse un seul garçon boucher faire le coeur tendre
derrière ses entrecôtes
Les carottes font la navette entre les poulets rôtis
et les canards sauvages
Qu’est-ce que je vais bien pouvoir manger ce soir »
Rabia Djelti
L’arbre à paroles
« Bonsoir ! Oran!
Soir des muwachchahat… et des portes closes
Bonsoir
Lasse, je suis
Et lassante, cette question qui m’oppresse :
Un visiteur est-ce un invité ?
Un convive de dernière heure ?
Ou le convive d’un invité ?
Est-ce la voix du haschich farouche
Et des dessins animés ?
Ou est-ce « la laitière et le pot au lait » ?
Ou une semple coquetterie ?
De l’exil de la tendresse et de la détresse non revenus
Ô Oran !
Des sanglots des blessures
Et des éclats de balles
De l’apogée du ciel et des débarcadères surchargés
Sans trêve
Les palmiers de la mer sont à nous
Les bergères de basilic sont à nous
Les chevaux de l’orage sot revenus
… Et nous sommes de retour
Le havresac de l’enfance est lourd
Mais le retour des saisons est encore plus lourd
En offrande
Nous t’apportons une fontaine de fleurs
Des étoiles
Et des oranges
… Rues d’amour
Et Lina, frairie magique
Agite l’arbre du désir.
Nous te connaissons, ô Oran !
Comme le nourrisson connait le sein nourricier
Cruelle ou compatissante
Nous t’aimons comme le Créateur aime la création
Nous te chantons
Comme la cascade chante son abîme.
Oran !
Goût amer de l’exil, fatigues de l’errance,
Souffrances, quand donc prendra fin l’exode
Loin de l’air du pays ?
Affliction, fruit de désespérance,
Qui es-tu ? d’où te viennent ces dessins animés ?
Couvre ta nudité afin que je me retourne
Couvre ta laideur
Afin que j’ouvre les yeux sur les océans
Et la magie des nuages
Tu es un désert
Versaille : assassinée
Corbeau : assassin
Noce : dérision
Joyau des temps
Enfermement, avortement
Merveille
Qu’est devenue ta fertilité ?
Qu’es-du devenue ?
Je te hais d’amour
Je ne te connais plus.
Je t’aime de haine
Laisse-moi éclater en cantiques
Rends-nous nos trésors
Rends-nous nos ardeurs juvéniles
Et nos rondes cadencées
Rends-nous l’hymne des rivages
Je t’aime
Je te hais
Je t’a…
Je te h…
Je… soirée heureuse, Oran !
Soirée des arômes de café
Et des tournesols en berne
Soirée des palais sur les fosses communes
Soirée des amants et de second sevrage
Soirée de gaspillage, de désarroi et de jazz
Soirée de ténèbres, de fuite et de chiens enragés
Soirée heureuse, Oran !
Soirée heureuse
… Heureuse
… Heureuse… ! »
1 commentaire:
Le ciel bleu est un poème à lui tout seul. :-)
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