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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, août 20, 2006

secouée par des colères aussi successives qu'inefficaces en écoutant les nouvelles du monde et leur interprétation par les journalistes, je me suis souvenue d'elle :
Angélique-Marie, yeux levés par dessus sa tasse de thé, a regardée son amie.

Anne-Françoise, son profil se détachant sur le vert de la branche de platane qui se balançait contre la porte-fenêtre, avait toujours un reste d'éclat, mais feutré, assourdi, las. Angélique-Marie a eu un peu honte de la préciosité de ce thé, de la beauté des lourds rideaux brodés, de l'éclat trop neuf de l'argenterie. Elle a allongé ses jambes, regardé avec satisfaction les jolies bottines et ses fines chevilles émergeant de la mousseline de la robe ramenée de Paris, puis les a vite cachées sous le jupon de la table. Plaisir du contact soyeux, odeur du bouquet de grosses roses.
Posted by Picasa Elle a vu le sourire, un peu trop déférent, qui annonçait la reprise de parole de son invitée, et, vite, est intervenue.
- "Je t'en prie. Ce n'est rien... Une chance que l'éducation que nous avons reçue puisse se monnayer.. et qu'il y ait des oiselles et leurs parents pour l'envier"
- "Et que tu les connaisses."
Angélique-Marie s'est sentie un peu blessée.
Magali a ouvert la porte pour annoncer : "Monsieur Raoul est arrivé" et la maîtresse de maison a été de nouveau honteuse, cette fois du sans-façon de la servante, mais Anne-Françoise a souri et complimenté Magali sur la beauté de sa fille qu'elle avait rencontré le matin au couvent, et, se dirigeant vers la porte, elle a dit, en se retournant vers son amie :
- "C'est pour lui que je voulais te remercier. C'est grâce à Jean-Gaston qu'il entre à l'École polytechnique".
- "Si Guillaume était vivant, c'est lui qui serait à la Chambre des Pairs".
Elles arrivaient à la porte et se sont tues. Dans un rayon de lumière, qui zébrait la pénombre du petit salon sur rue, le garçon les attendait, beau, fin, campé droit dans un habit un peu sévère, mais de belle qualité. Angélique-Marie s'est demandé comment son amie avait pu le payer - et elle a senti le regard du jeune-homme, ironiquement indulgent et admiratif. Le dos raidi, la main vérifiant ses anglaises, elle l'a salué, lui a souhaité bonne route vers son école et prié :
- "J'espère que vous verrez souvent Valentin. Je vous vois si sérieux... je compte sur vous et votre influence.."
Devant l'inclinaison silencieuse, et le fin sourire un peu mystérieux, elle s'est arrêtée.
Pendant qu'ils descendaient, les bottes du garçon jouant avec la pierre noblement usée, la main d'Anne-Françoise glissant sur la massive rampe qui prenait des tons de rose fatiguée, elle revoyait la brillante Mademoiselle de V. qui l'avait tout de même passablement intimidée avec sa beauté, son assurance, l'ancienneté de sa famille, au temps du couvent.
En retournant vers son petit salon elle réfléchissait - et, debout devant son secrétaire, elle a écrit un mot qu'elle a fait porter à la femme de Vivien.
Le valet est revenu avec une invitation à déjeuner pour le lendemain : je suis sure que vous avez envie de nous voir tous les deux, et il est très occupé actuellement.


10 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne suis pas sûr de bien comprendre mais c'est superbe... Ne nous dites pas que nous en resterons là. Il faut en faire la première livraison d'un roman feuilleton. A quand la suite?...

Brigetoun a dit…

la femme de Vivien, Aurélie, compose le menu avec son cuisinier

Muse a dit…

Tellement décalé dans le temps mais pourtant si présent encore aujourd'hui...Je crois entendre la belle famille d'une de mes cousines lors de son mariage.Piouuu...je l'avions oublié!
Bon week end Brig, La lozère te salue!

Anonyme a dit…

Très dix-neuvième, un peu démodé, bien loin du neuf cube, plaisir de lire la belle langue, vite, la suite !

Anonyme a dit…

Chère Brig,
je ne suis pas sur, moi aussi, d'avoir tout saisi... J'imagine le déroulement ds une immense mainson chez des nobles...
Merci de votre mot le plus long que vous m'ayez écrit.
Soyez tranquille le solitaire est rangé.
Rejoignez-nous au blogouvernement ! j'en parlerai à notre 1er ministre Fraise.
Bon dimanche !
OLIVIER :)

marie.l a dit…

comme d'habitude Brig, je me délecte de ton texte... je me rends compte que tu excelles plus encore dans cette époque... aurais-tu souhaité la connaître et y vivre ? (on peut le supposer hé hé !)
Bon dimanche à toi

Holly Golightly a dit…

j'aime le ton compassé de cette époque, enfin quand on se situait du "bon" côté...

Anonyme a dit…

Ô tempora Ô mores...
encore un peu de thé ?

Holly Golightly a dit…

Oui, très chère !

micheline a dit…

Brigetoun, nous nous sommes déjà rencontrées , je crois , oui en rêve comme tu l'as su si tu es revenue, chez Aben pour y recueillir feu la rose des sables!!
Je viens de parcourir ton blog étonnée et ravie sans être tout à fait sûre de n'avoir rien échappé... sauf un écho de mes pensées ou sensations...