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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, juin 22, 2007

En rentrant du dîner chez les Rouville, reprise de contact avec ses anciennes relations, Alphonse Castelle a trouvé sur sa table bureau un billet de son père le convoquant « parce que mon cher, pour parler sérieusement de ton avenir, je ne veux pas que cela se passe à la maison ».
En suivant, dans le jour encore indécis, la rue Carreterie vers l’entrepôt, les yeux posés sur le clocher des Augustins, il repasse ses arguments. Contrition pour sa tromperie, affirmer doucement, mais sans laisser place à une nouvelle abdication, que le droit ne l’intéresse pas, calmer l’ambition déçue de son père, évoquer la place qui revient aux bons artisans, flatter son orgueil et lui faire reconnaître son importance, son influence. S’il s’y prend bien et il sait que, sous leur conflit actuel, leur entente est profonde, totale, que son père est aussi fier de lui que, il doit l’avouer, lui, il admire « le patron », il pourrait peut être l’amener à le reprendre, ajouter à la charpente, à la belle menuiserie un petit atelier d’ébénisterie. Il rêve un peu. Et puis, comme il se sent prêt, il se laisse dériver vers ce qui, tapi dans un repli de son cerveau, attend de prendre la place prépondérante, le souvenir de ce dîner, Cécile du Restaux, ou madame Icart maintenant, le choc de sa beauté épanouie, l’hésitation de son renoncement qu’il avait cru total. Et puis le plaisir de retrouver Valentin son vieil ami. Il a encaissé avec un sourire qu’il voulait vague les allusions ironiques de son camarade à leurs études communes à Paris, mais coupé d’un « c’est fini cela », puis « je dois en parler avec mon père », les questions des autres, avant de s’enquérir d’eux tous, de ce qui était advenu d’eux et de la ville pendant son absence. Et puis, un stade sous les rires, cette impression légère d’une fêlure, légère, dans la grâce de Cécile.

Dans l’après-midi, assis dans un jardin doré, il regarde ses jambes tendues, le tissu léger de son pantalon à sous-pieds, ses belles bottes. « Tu es un Monsieur » lui a dit un contremaître.
Apaisé par l’accord avec son père, impatient de lui prouver que leur décision « a du bon », il attend Valentin. Et quand ce dernier arrive, piaffant, curieux, boucles au vent et yeux rieurs, il lui résume ce qu’il voit de l’avenir ainsi ébauché, et puis ils parlent des convives de la veille, avec des appréciations entre gentillesse et cruauté, les petits paquets drôles des remarques de Valentin, et enfin :
- ta sœur est de plus en plus belle
- oh toi !
- quoi ? Non c’est vrai, ça lui va bien d’être mère - et femme…
- oui n’est-ce pas ?
Valentin a pris un ton neutre, éclat disparu, un peu de flottement et Alphonse se dit qu’il doit changer de sujet, mais il ne peut s’en empêcher :
- elle est heureuse, bien sûr..
- ce sera mieux quand son mari viendra la retrouver et qu’ils repartiront.
Et puis, parce qu’Alphonse est la à côté, son ami, qu’il semble attentif, peut-être parce que, lui, Valentin comme on le lui reproche, manque de discrétion :
- elle est un peu jalouse, cette sotte
Mais, comme un petit éclair semble venir de l’autre
- mais elle est surtout très amoureuse, et quand il sera là, comme elle devient intéressante, moins bétassou, tout ira bien. Où allons nous dîner ?

Un petit bout, longuet, du Roman de Gare (personnages et vague résumé via mon profil).

J’avais choisi trois concerts parmi ceux prévus en ce jour de la musique et prévu de circuler dans la ville en me guidant sur les sons, mais
Ma carcasse n’a pas voulu, lanturlurette, lanturluru
et suis restée en ma maison, lanturlurette, lanturlusson
avec les Italienisches liederbuch de Wolf par Schwarkopf, Fischer-Dieskau et Gérald Moore, des antillais, Samuel Beckett par Morton Fieldman, Ali Farka Touré et Toumani Diabaté, les boréades de Rameau, Lego, dont je ne sais plus d’où il vient, l’Afrique et son accordéon, Keith Jarrett, de la musique de cour de la Chine ancienne, etc..Casque sur la tête, pour la musique et contre les boum boum boum qui étaient tout ce qui me parvenait de la musique sur la place, dans la nuit de ma cour, debout à coté du petit jasmin, je froissais dans une main des feuilles de géranium et goutais leur parfum.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

et que donc de guerre lasse
lanturluru, lanturlurette
ta lanturlusson carcasse
fasse bientôt la fête
et sache du mieux apprécier
que maintenant c'est l'été

;) et pour moi le temps d'aller
dormir !!!

Anonyme a dit…

Ce texte est de toi, bravo, accompagné par de belles photos

Bisous
Françoise

micheline a dit…

dans toutes ces histoires que tu racontes je ne peux m'empêcher d'y sentir des symboles ..qui s'enroulent si bien que je perds mon chemin..à vouloir cerner l'indicible
et que la musique de ton corps s'apaise à côté du petit jasmin

Anonyme a dit…

j'aime vraiment beaucoup ce que tu fais

Muse a dit…

mon corps lui hier soir n'avait besoin que de sommeil; mais contrairement à toi je n'aimême pas mis le casque sur les oreilles.
Bonne journée Brig.

Anonyme a dit…

Il devait être bien tes lieder vu les interprètes. Mais je ne connais pas.

Porte toi bien [si on peut dire] et bienheureux les parfums de ta charmante cour.

La prochaine fois, en Avignon, je prendrai le temps de visiter cette cour aux milles parfums.

bizz du ouikende

Anonyme a dit…

Ma carcasse n’a pas voulu, lanturlurette, lanturluru
et suis restée en ma maison, lanturlurette, lanturlusson
délicieux si on y ajoute le parfum et la couleur ton géranium.

tanette a dit…

A l'odeur du géranium je préfère celle du jasmin. Au moins sous ton casque tu as écouté de la musique et célébré à ta manière la venue de l'été, moi même pas, ma carcasse aurait pu mais le coeur n'y était pas...

Anonyme a dit…

Le parfun du jasmin, je connais... Du géranium, je parlerais plutôt d'odeur, landursenteur.
De musique du 21, je ne parlerai guère, j'ai sommeillé devant la 2. Les basses étaient si fortes que j'ai fermé les yeux !

Anonyme a dit…

J'ai regardé un peu la télé et comme toi je me suis fait ma musique à moi avec les disques que j'aime avant de m'endormir... Maintenant j'ai peur de la foule dans les rues.

Anonyme a dit…

J'aime dans "la nuit de ma cour" une petite visite amicale en passant par lobita. Et j'aime beaucoup. Merci Brigetoun