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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, octobre 08, 2007

Lecture matinale : l’anthologie du cri sur Poezibao http://poezibao.typepad.com/poezibao/anthologie_posies_du_cri/index.html
Julie s’est arrêtée sur le seuil, intimidée, admirative, les yeux flottant sans pouvoir détailler, distinguer, enregistrant leur présence comme un bloc d’évidence, sur les murs de livres, les taches de couleurs sourdes de leur dos, cet étalage de trésors devinés.
Il a fallu que Jean, la pousse légèrement pour qu’elle fasse un pas et prenne conscience du grand vieillard qui s’avançait vers eux. Elle a esquissé une révérence, sans savoir si cela convenait, juste parce que cela lui était évident, hommage rendu au maître et familier de ce qui régnait là.
Il a souri. « Mademoiselle… » et Jean : « Julie Quersaint. Mademoiselle doit tenir en gros le rôle d’intendante de l’institution, mais Madame Icart m’a suggéré qu’elle pourrait être une compagne ainée pour les pensionnaires, un guide dans leurs lectures ou distractions et j’ai pensé… »
« Vous avez bien fait, mon enfant. Mademoiselle, je suis certain que Madame Icart a bien choisi celle qui jouera le rôle qui aurait pu être celui de Mademoiselle de Cayranne »
Et Julie s’est un peu redressée, retrouvant le plaisir de ce soir où Mathilde lui avait dit « Julie maintenant que nous nous connaissons un peu, que nous sommes amies, n’est-ce-pas ? je suis si contente que vous soyez là. Nous nous écrirons, j’y compte, et vous me tiendrez au courant »
« Nous allons voir ensemble de quels livres je pourrais me séparer pour vous servir de fonds de bibliothèque. J’ai pu m’offrir, comme je vous l’ai dit, le plaisir d’éditions convoitées depuis longtemps de certains textes qui vous seraient importants, et ma foi pourquoi ne pas me débarrasser des « doublons » en faveur de ce pensionnat ? Ces dames ont su m’y intéresser. Mais d’abord asseyons nous et parlez-moi de vous, Jean. Etes-vous content votre futur rôle ? Et comment va votre femme ?»
« Je dois encore vous remercier, et Manon avec moi. Elle va très bien merci, et elle s’habitue à son oisiveté. Je ne pouvais plus… »
« Je comprends. Laissons cela, je vous en prie, je n’ai parlé de vous à Madame de Cayranne que parce qu’il me semblait que vous sauriez intéresser vos futures élèves, leur ouvrir des portes, dépasser peut-être ce que l’on juge nécessaire dans leur monde. Comment vous entendez-vous avec les autres professeurs ? »
Julie les écoutait, un peu en retrait, à la limite du rayon de soleil qui leur faisait un petit ilot, accentuant l’impression d’une caverne. Et elle goutait ce moment de calme où, depuis le coup d’œil aimable et un peu distrait du chanoine, elle pouvait se reposer, bien droite et réservée, ne pas chercher à deviner ce que l’on attendait d’elle, les mots, les gestes qui étaient les bons. Parce que devenir une « compagne ainée » comme ils semblaient eux trouver ça évident, facile ! Mais elle savait bien, elle, que même si les yeux des jeunes filles, ou pire des fillettes, ne sauraient pas découvrir ses manques, sa différence - grâce à Dieu son père, puis sa cousine, lui avaient au moins donné un peu plus qu’un vernis, lui permettant de tenir une place, subalterne bien entendu, qu’elle montre qu’elle ne l’oubliait pas, mais digne, de ne pas heurter - même si elle pouvait être acceptée des moins fières, d’autant plus fières que leurs familles étaient en voie d’éclosion - le mot l’a amusé -, la connaissance que ces familles avaient de son origine, comme pour Jean du petit scandale qu’il représentait, un ancien prêtre, et marié, cette connaissance, le léger dédain des familles de leurs futures élèves, le petit dépit de ne pas avoir eu accès à une solution plus prestigieuse, jouerait sur leur premier regard, sur le ton qu’elles emploieraient avec elle. Se forger une certitude, une autorité.
Elle a soupiré, s’est levée pour les suivre et examiner les paquets de livres qui avaient été préparés.
Brumeuse j'étais, maussade. Et après le repassage, pour retarder la découverte de tout ce que j’avais oublié de ma minuscule connaissance de l’italien, consciente de l’obligation que je m’étais créée de « travailler » au moins deux ou trois heures, j’en suis revenue à l’histoire de la bande d’Angélique-Marie (si vous lisez, si vous vous y intéressez assez pour vouloir comprendre un peu : personnages et résumé sur « roman de gare »
http://brigetoun-romandegare.blogspot.com). Et pour remercier, un peu de lumière sur nos vieilles pierres.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

une belle lumière qui éclaire ma nuit d'insomnie ! bon début de semaine Brig !

FalconHill a dit…

Merci. Pour les vieilles pierres, et pour le reste.

Bonne semaine

Anonyme a dit…

Un bien beau début de semaine, Brigetoun !

Anonyme a dit…

"" Elle va très bien merci, et elle s’habitue à son oisiveté."" elle ne va pas aller bien longtemps !

Anonyme a dit…

Excellente lecture en ce lundi de congé.

Accent Grave

Muse a dit…

de retour du travail, quelques belles lignes à lire.
Bonne soirée.

Anonyme a dit…

Un petit coucou et une pensée d'Inocybe qui se rapelle à ton souvenir ...

Anonyme a dit…

Come mai!
Hai dimenticato il tuo italiano!

Anonyme a dit…

Un petit tour pour te dire bonjour et un peu de lecture? C'est bien.

Anonyme a dit…

C'est pure merveille que te lire.