La fièvre n’avait laissé derrière elle qu’une vague migraine et de légers frissons – en ai profité pour des courses de première nécessité et, stupidement, après longues hésitations, l’achat d’une jupe, d’une robe, de deux corsages (pas la robe à 1.300 euros que j’avais trouvée si charmante en passant rue Joseph Vernet) par flemme de commencer le tri des tenues printanières. Mais s’il ne faisait que légèrement doux, la lumière qui se plaisait une fois encore sur Saint Didier et sur le petit clocheton de l’église fantôme, se liguait avec la presque légèreté de mon crâne pour me rendre futile et légère. Et cela a bouffé toute ma matinée. Après que j’ai alourdi mon corps de forces nourriture, mon esprit toujours en goût de légèreté m’a conduite, parmi les textes proposés par Publie-net http://www.publie.net, vers «blasons d’un corps masculin » de Régine Detambel – mieux que léger ou d’une légèreté singulièrement dense – comme l’étaient d’ailleurs les blasons du corps féminin écrits en d’autres temps. Une soixantaine de pages lues d’un trait
« Sur le dos de sa main, il y avait aussi une cicatrice laiteuse et irisée, causée par un écaille-huîtres, et des veines presque invisibles, de taille misérable l’hiver, mais qui l’été devenaient bleues et d’un vert glacé comme des yeux de chatte. »
« Sur le dos de sa main, il y avait aussi une cicatrice laiteuse et irisée, causée par un écaille-huîtres, et des veines presque invisibles, de taille misérable l’hiver, mais qui l’été devenaient bleues et d’un vert glacé comme des yeux de chatte. »
ou
« Quand elle posait sa tête lourde sur son ventre, elle réveillait les animaux fabuleux qui peuplaient son abdomen et les écoutait mugir, feuler, souffler, claquer, glapir. Il était comme les jouets d’enfants qui couinent quand on les pince. Parfois, quand elle appuyait très fort, ses intestins miaulaient plus haut qu’une carte postale sonore au centre matelassé. Son ventre était une peluche bruyante qu’elle secouait, pouvait masser, faire rouler sous ses doigts. Il était râleur comme ces petites boîtes qui meuglent quand on les retourne. »
Et bien entendu tout le reste du corps, des poils, des dents « les dentelures de ses incisives, ces dentelles enfantines qu’il avait gardé », du sexe, de mots dits ou écrits, de ses émanations, de son fonctionnement, de sa quasi vulnérabilité – de courts hommages ou descriptions cliniques par un regard ou un toucher féminin – en fait la célébration d’un couple - et la fin :
« Une fois, une seule, elle pensera qu’elle a tant pleuré qu’elle aurait pu remplir, de ses larmes, son nombril. »
« Quand elle posait sa tête lourde sur son ventre, elle réveillait les animaux fabuleux qui peuplaient son abdomen et les écoutait mugir, feuler, souffler, claquer, glapir. Il était comme les jouets d’enfants qui couinent quand on les pince. Parfois, quand elle appuyait très fort, ses intestins miaulaient plus haut qu’une carte postale sonore au centre matelassé. Son ventre était une peluche bruyante qu’elle secouait, pouvait masser, faire rouler sous ses doigts. Il était râleur comme ces petites boîtes qui meuglent quand on les retourne. »
Et bien entendu tout le reste du corps, des poils, des dents « les dentelures de ses incisives, ces dentelles enfantines qu’il avait gardé », du sexe, de mots dits ou écrits, de ses émanations, de son fonctionnement, de sa quasi vulnérabilité – de courts hommages ou descriptions cliniques par un regard ou un toucher féminin – en fait la célébration d’un couple - et la fin :
« Une fois, une seule, elle pensera qu’elle a tant pleuré qu’elle aurait pu remplir, de ses larmes, son nombril. »
Mais en sortant de cette lecture, sans rapport avec le contenu, mais avec la fatigue des yeux, ma tête était à nouveau si lourde que j’ai continué à être infidèle aux blogs amis et me suis ruée sur le ménage en retard, et les nettoyages rendus nécessaires malgré mes précautions par la terre, avec une détermination brouillonne, à l’efficacité peu évidente, et d’autant plus longue.
Et dans des intervalles, entrepris de rider, un peu, de fatiguer la dernière tête pour me l’assortir, et de plaquer une épaule et le bras de mon allongée sur le sol ou ce qui en tient lieu – m’en suis lassée – il me faudra reprendre le dos, creuser sous les jambes raffermies et attendre que cela sèche un peu pour faire glisser le corps et poser un coussin sous la tête pour remplacer le marli du plat. Ne sais pourquoi je m’entête. Si : je suis horriblement, stupidement, obstinée, jusqu’à un abandon total.
7 commentaires:
De belles tenues printanières cela remonte le moral. Ici, nous portons encore notre linge d'hiver, tu me fais penser à commencer le ménage de mes garde-robes, afin de déterminer ce que je ne veux plus porter et donner aux défavorisés.
Pour briser la grisaille de l'hiver qui n'en finit plus de finir, j'irai magasiner de jolis ensemble d'été, cela me fera du bien au moral.
Tes travaux en terre cuite, la tête et l'allongée sur le sol, je les trouve bien beaux, surtout l'allongée sur le sol, cela fera une bien belle création, persévère, ma belle amie, tu seras très contente du produit fini.
Bon mardi et bisous xxxx
ah! brigetoun! c'est bien notre double que nous sculptons avec notre petit couteau pointu ... virtuel ou réel...jusqu'à l'acharnement, un autre que nous voudrions plus vrai que nous.
Devenir autre ,on dit qu'il ne faut pas que ce n'est pas sage ..
que notre corps aussi n'est pas content et nous le fait savoir!!
et pour qu'il se taise nous lui inventons des fringues , la tentation de nos printemps ...
de la lecture jusqu'à plus soif, de la terre si tendre pourtant qui ne fait pas tout ce que l'on voudrait, voilà de quoi remplir la journée d'une citadine...Belle journée ensoleillée Brig!
Sous ton scalpel, cette tête devient de plus en plus expressive.
Pour les robes (mais de quoi vais-je me mêler?), je te signale que nous ne sommes qu'en avril: attends le mois de mai pour faire ce qu'il te plaît (et des économies).
Qui a dit que le sexe "faible" était l'homme? C'est peut-être pour cela (à moins que ce ne soit le printemps) que j'ai aussi quelque lourdeur en tête!
T'as eu raison de te faire plaisir !
Excellent texte que tu as choisi.
Alors tu pars en week-end ? tu devrais !
Bises,
OLIVIER
Heureux que la fièvre t'ait enfin quittée...
Je ne sais pas si j'ai le droit de le dire, parce que je ne veux pas te froisser, mais je suis, ou plutôt je reste, admiratif de ce que tu fais de tes mains.
Voir la photo de cette (très belle tête), de cette silhouette, eh bien, ça me met en joie... Voilà, c'est dit.
J'ai du plaisir à voir évoluer vos oeuvres, bien vrai. Ce travauil me plaît vraiment.
Accent Grave
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