Alors, il me faut, pour débuter, partir des souvenirs qui me sont dictés par les autres : il semble que j’ai été environnée de visages souriants, bienveillants, attentifs, et jugée merveilleuse. Et pour une fois je veux bien le croire, mais mon innocence, mon inconscience étaient si grandes que je n’ai pas vraiment su ce qui arrivait. Et que je ne sais pas trop ce que j’en ai pensé... Etais-je capable de penser, d’ailleurs ? Je suppose que j’avais la chance d’en être dispensée.
J’ai retrouvé une photo - j’avais totalement oublié ce que pouvait être mon apparence cet été là. J’étais, je trouve, assez ordinaire, pas spécialement grosse, pas spécialement maigre. Etais je gracieuse, ce qui expliquerait le jugement provisoirement admiratif que l’on aurait eu sur moi ?
Si je m’applique j’arrive à retrouver quelques certitudes : cet été là, j’ai découvert la sensualité, et le plaisir d’être embrassée. Mais, quoiqu’ils m’en aient dit, je sais, je suis sure, que c’était assez fatigant - un été appliqué : apprendre à découvrir ce qui était dans cette belle lumière, trier les sons pour découvrir ceux qui m’étaient musique, tenter, maladroitement, de toucher moi aussi. Je sais également, d’une totale certitude, que cet été là mon corps s’est incroyablement transformé, que j’étais si concentrée sur mon petit moi que ma conception du monde était terriblement limitée, et que ce n’est que bien plus tard que j’ai pris conscience de ce qui se passait alors au-delà de ma petite sphère.
D’ailleurs je continue à être un peu surprise, quand on parle, et cela arrive encore de temps en temps, de cet été, de ce mois là, que l’on néglige de mentionner, parmi le fracas du monde, ce fait central : mon existence - ce mois là : juillet 1942.
Pour la rédac du mois (j’aime pas le mot) voir ci-dessous le principe et la liste des participants, que je vous remercie d’aller lire.
furieuse suis contre Blogger, il était 12 heures, il est 12 heures 02, comprends pas