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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, mai 25, 2010

Suis partie, un peu avant midi, dans les rues ensoleillées, croisant des touristes détendus, notant la laideur du truc qui injuriait (au nom des enfants, mais tout de même) la façade du petit palais, vers le jardin des Doms

pour retrouver les sans papiers dont la marche faisait escale en notre ville.

Je m'étais munie en passant de quelques (pas trop puisque je ne savais si le rendez-vous était bien réel et ce qui avait été prévu), sandwiches de baguette et chèvre et salade, ou poulet et salade, et tranches de tarte froide aux épinards, qui sont arrivé en surplus du repas qui s'achevait, mais furent gracieusement accueillis.


Ambiance joyeuse, simple, groupes de militants, groupes de marcheurs, et la danse et les assiettes pour faire le lien,


J'ai tourné un peu, souri, et re-souri, jeté des mots en réponse à des mots, et puis, prétextant (ce n'était pas si faux) mes jambes douloureuses, me suis assise au bout d'un banc pour une longue conversation avec un géant rieur et gentil.

Propos de rien, et surtout pas, sauf en sous-texte ou par de furtives allusions, de leur sort, puisque notre entente était évidente, et que l'important était l'amitié, propos sur les rues de Paris, les déplacements du collectif de la bourse du travail au 18ème, du simple point de vue topographique, histoire un peu improvisée de ma part du pont Bénézet, parce que la ville les intéressait, comparaison de la force brute des fleuves et du corsetage moderne des hommes et des eaux, plaisanteries tranquilles



et puis, après avoir regardé et commenté avec de vieux sages les danseurs désordonnés et plus ou moins doués, comme j'avais faim et que ma petite gamelle de pâtes me tentait d'autant moins que tous avaient fini de manger, sans attendre la conférence de presse prévue sur la place, les ai abandonnés, ma rage et mon incompréhension intactes, juste provisoirement adoucies, pour redescendre vers mon antre et déjeuner et siester un peu

et ne sais si c'est pour me punir de ce lâchage mais le reste de la journée fut douloureux, et j'ai renoncé à aller voir « film socialiste » - juste tourner en rond, un peu, et lire, un peu, par brides, et trouver quelques belles choses sur internet. (je commence à paniquer pour le festival, parce que je ne suis pas encore mure pour le renoncement)

Comme le matin j'avais pondu quelques lignes pour le convoi des glossolales, http://leconvoidesglossolales.blogspot.com je reprends un des derniers paragraphes, sans rapport avec la journée, pour rien, comme ça

Depuis son enfance les gares s'étaient faites propres, et pas uniquement par l'abandon de la vapeur. L'odeur froide et acre de la fumée avait fait place à du neutre, où, dans certaines zones, pas trop ouvertes, flottaient de vagues senteurs indécises, artificielles, qui se voulaient fleuries, marines ou autres et n'étaient que médicamenteuses, la pierre polie de pas et de crasse mouillée était décapée régulièrement par des petites armées en uniformes plus ou moins personnalisés, et le bois peint, repeint sur écaillage, érafleur et vivant de sa fatigue, était vernis, inattaquable, ou remplacé par de l'acier brillant, le design avait simplifié le mobilier et le modifiait tous les deux ou trois ans, le verre régnait sans montants visibles, et des machines qui la laissait de moins en moins perplexe remplaçaient le sourire ou la mauvaise humeur des humains, mais dès ses premiers pas dans les galeries, sous les voutes, son corps refusait, un peu, ou plutôt s'installait dans un petit malaise persistant sous sa surface faussement assurée, combat entre un froid prégnant, du coeur, des muscles, de la peau, réel et imaginaire, une envie de sombrer dans l'abstraction du sommeil et une petite excitation, attente toujours renouvelée de banals déplacements en réelles et très limitées évasions, d'aventures dont le dérisoire n'avait aucune importance.

17 commentaires:

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Comme d'habitude, je suis hallucinée par ton rythme et tes journées d'une richesse incroyable ! Il y en a qui ouvrent le journal le matin pour se tenir informés des évènements survenus la veille, toi tu es toujours au cœur de l'actualité de la ville car tu sors te confronter à la réalité tous les jours ! Mais pas uniquement ! Tu lis, tu écris, et tu t'organises dans ton quotidien, tout cela en plus !Rien d'étonnant à ce que tu ais besoin de temps à autre de t'assoir sur un banc !
Je te trouve incroyable, mais surtout formidablement engagée et courageuse !

Lautreje a dit…

Mais si que ce paragraphe a un rapport avec la journée, les fourmis sans nom qui nettoient inlassablement ces espaces, halls de gare, d'immeubles, de parkings, d'aéroports sont souvent des sans papiers. Leurs regards se perdent, tellement ces personnes deviennent transparentes pour les voyageurs.

Brigetoun a dit…

oui j'y ai pensé après coup

D. Hasselmann a dit…

Avec les sans-papiers, ou même ceux qui en possèdent, l'exploitation se porte bien.

Belle gare d'Avignon, toujours vue avec plaisir, sorte d'aéroport qui permet de décoller sur des rails.

Michel Benoit a dit…

Oui, formidable : engagée, courageuse et généreuse !

Jeanne a dit…

de ces égarements qui n'en sont pas,
de ces errances engagées pour un avenir plus bleu,
assise sur un banc.. pour poser là des mots qui ne devraient plus être,
l'antre nécessaire pour digérer

Brigetoun a dit…

pas engagée, touriste, ne vous y trompez pas

Michel Benoit a dit…

Si, engagée, par le don de nourriture et par le relai de l'information.

Brigetoun a dit…

la suite, mieux photographiés parce que : le photographe et la pose pour lanifester chez http://avignon.midiblogs.com/archive/2010/05/24/soulidarita.html Michel

JEA a dit…

Paris-Nice...
le jour où ce sera très éventuellement Paris-Lille, ou encore mieux Charleville-Mézières, ce sera de la tarte aux pommes ou aux myrtilles (selon la saison), par contre au Maroilles, mieux vaut éviter les périodes de chaleur...

joye a dit…

Bonne idée les gilets qui rendent visibles ces messieurs.

micheline a dit…

ce n'est pourtant pas rien...

Nathalie H.D. a dit…

Je ferai écho à Mathilde et Michel. Je me suis contentée de les croiser en voiture tandis qu'ils passaient sous le pont, troupe concentrée en marche. J'ai ouvert ma fenêtre, souri, tendu le poing en signe de solidarité... puis ai continué ma route vers la plage de Piémançon où j'ai passé la journée. Ai marché les pieds dans l'eau jusqu'au bout du bout, là où le sable rencontre la mer, laissant loin derrière moi les caravanes, les parasols, les textiles, les tout nus et les sans-papiers. Les sans-papiers, quels sans-papiers ? Egoïste.

Brigetoun a dit…

pas certaine que je n'aurais pas fait le même choix

jeandler a dit…

D.Hasselmann, précisément, ce jour, rappelle la définition du mot "touriste" qu'en donnait le sévère Littré.
"On sait - écrit-il(Littré) - que le tourisme scientifique a suscité ches les femmes une très-active curiosité, Journ. offic. 14 juillet 1872, p 4000, 3è col."!

Brigetoun a dit…

je sais, je venais de lire son billet (et de savourer tourlourou qui est un mot plus entendu depuis mon enfance, juste sous touriste dans le Littré)

Gérard Méry a dit…

heureusement que les sans papiers ne sont pas à Nice avec le maire policier...couvre-feu, caméra etc...