Le concert que je visais, dans la cour de l'Hôtel de Rochegude, organisé par l'opéra, n'est pas commencé mais toutes les places sont prises. Pour pouvoir partir, je reste près du passage cocher de l'entrée, et je ne vois qu'un buisson de laurier, jusqu'à ce que je réalise qu'on aperçoit les chanteurs dans les portes fenêtres de l'hôtel au loin, au fond de la cour. Bruits de la rue, et dès que les spectateurs se dirigent vers la sortie, au milieu des derniers rangs de la plèbe dont je fais partie, ils échangent impressions et projets à haute voix. Un baryton chinois de Paris, que j'aime bien dans l'air du barbier de Rossini au début du concert, et dans chacune de ses interventions, surtout dans un air du Bal masqué de Verdi, belle voix émue - une mezzo japonaise que j'aime assez quand je l'entends - une fine soprano coréenne, jeune et jolie, qui force sa voix pour être entendue, d'abord en blanc pailleté pour Hérodiade de Massenet, où je n'aime vraiment pas ce qui arrive jusqu'à moi, et très bonne en rouge (je ne pense pas que cela ait un rapport mais c'est ainsi) dans Anne Bolène - et un ténor français, mince et bon.
J'avais mal en arrivant, et ça ne s'arrange pas dans le piétinement et les bousculades des entrées et sorties.
Abandon à mi-course, et rentrée par les petites rues qui débouchent sur des groupes plus ou moins bons - foule, place de l'Horloge.
Un groupe de crooners agréable place Crillon, qui m'accompagne dans l'escalier et, porte fermée, la sono très forte de musiciens plutôt mauvais, hors rempart. Je mets un casque et prends France Musique, biscuits assortis, pour dîner et attendre que ça se calme.