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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, juin 13, 2006

mort de Ligeti - j'écoute son trio pour violon, cor et piano - pauvre Palestine
pour
http://www.coitus.impromptus.free.fr griffonné en attendant mon tour hier, et en hommage au Collège de Sénanque ici présent et au mysticisme de mes onze ans : le jour où la lettre arriva
Le jour où la lettre arriva, cette lettre qui nous donnait enfin des nouvelles de l'abbaye mais avec cette phrase qui me concernait, frère André m'a autorisé à sortir dans la ville, lorsque nos préparatifs seraient achevés.
Par les rues fangeuses, je suis monté, à travers la presse, jusqu'à Notre Dame du Dom, pour dire adieu à la ville. Les yeux errant, je m'examine et je ne me comprends plus.
Quand mon frère Véran m'a conduit à Sénanque, j'ai appris la discipline, l'humilité. Je me sentais bien, en paix avec Dieu, dans notre ciel, la forêt entourant notre vallon, les belles pierres vivantes, sous les douces voûtes rondes de l'église et le berceau du dortoir, dans la prière, en accord avec mes frères et les convers. Le jour où notre abbé m'a ordonné de partir pour Avignon, dans le collège que nous venons de construire, suivre des cours de théologie, j'ai eu peur.
Et j'ai découvert le plaisir de la disputatio, l'odeur des manuscrits, les jeux de l'esprit, l'intelligence. Un autre monde, dont me protégeait notre petite communauté. J'ai découvert aussi que nous étions riches entre les ordres, humbles et puissants, fiers de notre pureté. Par dessus les toits je vois, dans la ville et la campagne, tous les couvents ; et je sens que je suis anéanti.
A Sénanque m'attendent la grandeur du ciel, l'air, les odeurs de la terre et des fruits, l'amitié des convers, et les novices que je vais devoir amener à cette foi simple qui est celle que voulait Bernard. Mais ici je suis passé de la fécondité de la terre à la fécondité des idées. Me révolte l'ordre de quitter ces pierres ouvragées, les bruits, les préséances. Me révolte de quitter mon ami Jacques le dominicain et les bibliothèques auxquelles j'avais eu accès par faveur.
Je regarde une dernière fois le Rhône et je descends vers lui, le collège, et l'obéissance.
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14 commentaires:

Anonyme a dit…

Très beau texte, quel talent !!
La photo est très belle aussi !!
Belle journée qui sera féconde en idées. Je n'en doute point.
Bises,
OLIVIER

Anonyme a dit…

J'ai mâché et re-mâché ton allégorie relative à la fécondité.

marie.l a dit…

Je ne connaissais Ligeti que de renom, je suis nulle en musique contemporaine...

Ton texte pour CI, que j'ai lu avec plaisir, m'a quant à lui emmené dans un espace que j'avais déjà fréquenté, qui est superbe... La disputatio, l'odeur des manuscrits, les jeux de l'esprit, l'intelligence te conviennent aussi bien qu'à ce moine que tu décris. J'ai néanmoins souri en t'imaginant dans sa peau... mais qui sais dans une autre vie !

Bonne journée Brig.

Brigetoun a dit…

oui ça me va assez mal, mais si je ne suis plus concernée par la religion depuis lontemps (en gros mes 12 ans) je garde du goût pour la théologie, les pères de l'Eglise, la musique religieuse, etc..

Anonyme a dit…

la richesse du texte "fécond" s'y perd un peu mais je m'y retrouve, vous n'êtes
pas dans les ordres.

Jean a dit…

En lisant ce beau texte , je me sens un peu en porte à faux , attiré et géné .

Bien que ma famille n'allait jamais à l'église , même pas pour Noel ou Paques , enfant et adolescent j'étais fasciné par la religion catholique , par les Evangiles .
Jusqu'à 13 ou 14 ans , tout le monde dans le village croyait que j'allais aller au séminaire pour devenir pretre tellement je m'investissais .
Puis ...j'ai découvert le vrai visage de l'église , son passé avec les tortures et les bûchers de l'inquisition , les massacres de protestants , l'alliance permanente avec la "noblesse " qui ruinait les pauvres paysans , le soutient àla haute bourgeoisie tout le 19 eme siecle ,la complicité des papes avec le fascisme de Franco en Espagne , puis avec les débuts d'Hitler ...
Quand j' ai vu le fossé entre l'idéal si pur de l'Evangile , et la noirceur du clergé , j'ai tourné définitivement le dos .
Alors , oui , je comprends toute la beauté de vos émerveillements à 11 ou 12 ans ...j'ai vécu les mêmes ...mais aujourd'hui , je ne peux plus cautionner une publicité quelconque pour l'église .

Au sujet de la photo de hier .
La lumière du soleil couchant éclairait une peinture sur soie achetée en effet à Hanoï , représentant un couple de pêcheurs sur un lac , au soleil couchant , lançant le filet dans l'eau .
Un grand merci pour vos mots fréquents et si gentils !

Holly Golightly a dit…

Cela me rappelle, par association d'idées, Le nom de la rose.

Brigetoun a dit…

bon il ne s'agit pas vraiment d'un panégérique de la religion mais d'abord de joindre le "jour où la lettre arriva" à la photo, ensuite d'un thème qui se retrouve de Bernard et Abélard, à en caricaturant le hippie et le professeur au Collège de France, plus l'importance des ordres dans la construction de la France, plus ma mégalomanie

Anonyme a dit…

Je n'ai pas "l'instruction", je ne suis que profane. Je resents, je sais ne pas savoir, mais j'ai trouvé ça beau...

Muse a dit…

quand les idées diffèrent des hommes et quand certains hommes se rapprochent de leurs idéaux! voilà un beau sujet que tu défends avec brio.

Anonyme a dit…

Magnifique texte Nrigetoun !

Dans ma "folle" jeunesse j'ai eu un moment l'envie de rentrer dans les ordres ... juste pour goûter cette ambiance, cette plénitude personnelle, que tu as si bien décrite.
Un goût prononcé pour les plaisirs de la vie m'ont vite remis dans le droit chemin ...

Siréneau a dit…

Me fait penser à Goldmund de Hesse quel plaisir ton texte Brigetoun, merci douce Soeur du Dom

Anonyme a dit…

J'avoue je suis un inculte de l'opéra. Que veut dire "sequins" et "touffeur" ?
Alors finalement il était composé de quoi ce diner ?
Belle journée au son de la Tosca !!
OLIVIER qui apprend...

Brigetoun a dit…

je croyais t'avoir perdu Olivier - je reprends touffeur : chaleur étouffante, sequins : petites pièces ou bidules brillants cousus sur les vêtements