calme alangui d'un dimanche matin d'été dans Avignon, hors festival - et pour Muse, si elle passe, la plus baroque de nos innombrables vierges, cachant ses appâts dans l'ombre.
J'ai découvert, trop tard que le festival de jazz débutait le 30, trop tard pour acheter des billets pour les concerts de la cour d'honneur, trop tard pour obtenir une invitation pour ceux de Célestins. Restent les concerts "tremplin" des 3 ou 4, mais j'ai un peu peur de la cohue de l'accès libre.
Et puis ceux que j'aime regagnent leurs pénates provençales ou varoises et mes projets seront fonction des possibilités de retrouvailles.
Avec l'été profond, le monde des blogs se vide. Perte momentanée des lectures qui, si elles m'intimident parfois, me dopent. Plaisir de se frotter à ces intelligences et de les découvrir si nombreuses et diverses. M'est devenu presque une drogue. Que l'air émollient ne détruisent pas leurs neurones, que le repos les affûte.
En réaction au faux 18ème de samedi soir, j'ai repris un recueil de quelques lettres de Friedrich Melchior Grimm et après avoir survolé une savoureuse critique de Jean Jacques, des considérations sur les langues, je me suis arrêtée à l'éloge de Diderot.
"Son nez était d'une beauté mâle, le contour de la paupière supérieure plein de délicatesse, l'expression habituelle de ses yeux sensibles et douces ; mais lorsque sa tête commençait à s'échauffer, on les trouvait étincelants de feu : sa bouche respirait un mélange intéressant de finesse, de grâce et de bonhomie. Quelque nonchalance qu'eût d'ailleurs son maintien, il y avait naturellement dans le port de sa tête, et surtout dès qu'il parlait avec action, beaucoup de noblesse, d'énergie et de dignité."..
"Quand je me rappelle le souvenir de M. Diderot, l'immense variété de ses idées, l'étonnante multiplicité de ses connaissances, l'élan rapide, la chaleur, le tumulte impétueux de son imagination, tout le charme et tout le désordre de ses entretiens, j'ose comparer son âme à la nature telle qu'il la voyait lui-même, riche, fertile, abondante en germes de toute espèce, douce et sauvage, simple et majestueuse, bonne et sublime, mais sans aucun principe dominant, sans maître et sans dieu"..
"C'est de la meilleure foi du monde qu'il se sentait porté à aimer tous ses semblables, jusqu'à ce qu'il eût de fortes raisons de les mépriser ou de les haïr ; lorsqu'il avait même de trop justes motifs de s'en plaindre, il courait encore grand risque de les oublier." Je ne peux nier qu'il s'agit là d'un de mes grands hommes. Et pour l'ancêtre, technique à part, des blogs, la Correspondance Littéraire de Grimm est un quasi insurpassable modèle, y compris dans ses moments de mauvaise foi.
A propos d'hommage, celui de Py à Vilar, que je n'ai pas aimé, a de très bonnes critiques.