le festival d'Avignon, et nous avec lui, sommes esclaves du temps (climat, non durée). Ce matin (samedi 15), avec ciel clair et dans un air pas trop chaud, je suis allée au Théâtre Golovine assister à une pièce jouée par des sourds et des entendants Un signe d'amour - à vrai dire l'histoire (une apprentie comédienne sourde et un metteur en scène tombent amoureux - réactions du père sourd et de la mère entendante) est un peu mince et la distribution inégale (la mère surtout), mais le coté fauché, le désir de faire passer la langue des signes (culpabilité des familles auxquelles on avait inculpé que cela n'était pas souhaitable) et le charme et le talent des jeunes acteurs ont fait que j'en suis sortie guillerette mais grave.
L'après midi, au moment de partir à Calvet pour le début d'une série sur Genet, orage de belle ampleur, qui s'est calmé un peu près six heures. La dernière partie, des lectures de passages de Genet par André Wims commençant à 19 heures 30 j'ai retrouvé un groupe devant les grilles qui sont restées fermées.
Les critiques de Naître de Bond mis en scène par Françon étaient catastrophiques mais j'ai beaucoup aimé les précédentes mises en scène du premier par le second, et il y a la troupe avec Dominique Valadié et Carlo Brandt que j'aime beaucoup. En attendant de sortir je relisais la lettre de d'Alembert à Rousseau sur le théâtre "ces mouvements sont des secousses par lesquelles le sentiment de la vertu a besoin d'être réveillé dans nous : c'est un feu qu'il faut de temps en temps ranimer et nourrir pour l'empêcher de s'éteindre"
Je suis partie dans un ciel humide, gouttelettes vaguement présentes (d'où la qualité étrange de la photo du coin de la rue des Teinturiers). Pour que la scène soit à peu près sèche nous avons attendu dehors où dans les couloirs d'accès et mon agoraphobie était aux anges. Solution des compagnons de "misère" sympathiques.
Pendant la première heure et demie, tandis que les sorties se faisaient pas paquets, j'étais tout à fait dans le spectacle. Dire la monstruosité dont est capable l'être humain et tenter d'en cerner la source. Pour le fils découvrir ce que sentent au dernier moment ceux qu'il tue. Sa violence. Pour le père le souci prépondérant de créer ou recréer un cadre structurant... Mais je dois avouer que cette fois ci il y a une bonne demie-heure de corps morts, gisants mais encore vivants etc... qui aurait sans doute gagné à être resserrée.
deux passages des poèmes de Bond cités dans le programme
"Vous avez vu des enfants fuir devant vous dans la rue tandis que vous leur tiriez dans le dos/ Avez vous vu que les rides sur leurs chevilles là où la chaussure tient le pied étaient aussi droites que celles qui parcourent le front des philosophes ?/ Et avez vous vu tandis que les enfants fuyaient et que vous leur tiriez dans le dos que leurs ombres cueillaient des fleurs ?"
"L'horreur sévit et puis - soudain - on sait/ Les héros et héroïnes de la tragédie commettent leur crime pour prouver qu'ils sont innocents/ Les dieux détalent saisis de peur/ Leur talon se prenant dans l'ourlet de leur robe".
Et c'est un peu ce qui m'est arrivé, en prenant cela au sens le plus prosaïque. Après avoir arpenté les rues en discutant, j'ai en tournant vers la rue Saint Etienne fait un très bel accroc à ma robe neuve et trop chère pour moi, en l'accrochant à un 4/4 agressif. La laisser ainsi et lui conférer un charme encore plus déstructuré ?
9 commentaires:
J'avais aimé votre figuier. Mon ami Cercamon en a été séduit assez pour aller sur Coïtus impromptus proposer le sien (de figuier). Pour moi, l'occasion s'est présentée ce matin seulement (on ne commande pas ces choses). J'ai envoyé mon texte du Coïtus mais je crois comprendre que, pour les figuiers, ils en ont assez. Il restera donc sur mon blog, sans titre qui le nomme, puisqu'il ne fut qu'un comparse de notre 14 juillet.
Bonne journée à vous.
"c'est un feu qu'il faut de temps en temps ranimer et nourrir pour l'empêcher de s'éteindre"
ces mots sont valables en dehors du théâtre...
j'adore "charme encore plus déstructuré "
bonne journée
Très beau texte et j'aime beaucoup les extraits des poèmes de Bond, c'est magnifique ! Je ne connaissais pas cet auteur. Je suis ignare en bien des domaines, en théâtre par exemple. Il faudrait que je fasse un stage avec vous, j'y cueillerais la culture et l'humour dans une même brassée revigorante ! Merci pour ce billet qui égaye ma canicule beaucoup moins vibrante que les théâtres avignonnais. Me reste la lecture tout de même, condition de la survie en pays bouillant aux volets clos. Très bonne journée !
Zut, je tutoyais au précédent message, je vouvoie dans celui-ci.. en fait je ne sais pas trop. En général dans la vie je vouvoie, j'ai le tutoiement difficile. Le blog m'a appris que souvent on tutoie dans cet univers, sinon ça passe pour de la distance... ce qui n'est pas mon intention, sinon à quoi bon ouvrir un espace de rencontres et de discussions ? Donc que préférez-vous quant à vous Brigetoun ? C'est tout de même cette donnée qui doit trancher ! A part ça j'aime l'humour de ces billets. Beaucoup.
Vous êtes aujourd'hui encore, corgée
de spectacles, dans le bon sens bien sur, une journée pleine comme vous les aimez, et même guillerette, vous vous êtes " dérobée " sur un 4/4 en rentrant.
gaëlle ça m'indifère - je fais la même chose dans les commentaires - ne sais jamais - ça arrive aussi parfois dans la vie (voir les nouvelles petites boites dynamiques)
Seules les cigales sont en mesure de me donner un spectacle et j'ai du mal à ne pas piquer du nez tant leur mélodie ajoute au plomb du ciel...même pas le courage d'aller plus loin que la douche.
une pièce jouée par des sourds et des entendants Un signe d'amour -
emouvant je pense .
bon dimanche
bravo bri !!
J'aime beaucoup le deuxième extrait de Bond. Et la fin de ta note, déstructurée elle aussi. ;o)
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