deux des photos-cadeaux reçues de ma petite soeur hier soir
et un dessin fougueux d'un très jeune artiste rencontré à Toulon.
Le dessin veut illustrer ma contribution à
http://coitus.impromptus.free.fr/dotclear/ : "une bouteille dans le sable.
la première photo nous reliant toutes deux, la seconde exprimant mon narcissisme.
La 2cv finit de hoqueter sur les cailloux du chemin et s'arrête dans la pinède, derrière la maison de pèche. Mathilde descend les paniers et entre dans la première pièce. Jean sourit en se relevant : il a allumé du feu dans la cheminée. j'amène des pommes de pin, je propose mon aide, mais on me renvoie :
"C'est ton premier jour, profites en" - dehors le sol est souple, des taches de soleil caressent les épines et la terre blanche. Je dégringole la petite pente en prenant dans les yeux la grande ouverture sur la mer - la plage s'étend à droite vers la pointe de l'Estagnol, à cinq cents mètres à peu près, et de l'autre coté immensément avant la petite pointe plate qui limite la plage de la propriété voisine et, après un feston, là bas, le fort. Le sable est doux mais chaud - je pose mes tatanes et le tas de serviettes, prises en brasse dans la voiture, devant les portes fermées du hangar à bateau, et j'avance vers l'eau.
Étonnement chaque fois de cette faible pente - je marche, l'eau verte freinant mes mollets, les yeux plissés vers le large et le soleil. Un peu sous l'horizon, les deux masses noires, parce qu'à contre-jour, de Porquerolles et Port-Cros ou le Levant. Je marche toujours sur le sable ridé très clair et, si je baisse les yeux, je vois mes jambes en raccourci, élargies, déformées par le reflet de la surface. Peu à peu, très lentement, ça n'en finit pas, je rentre dans l'eau. Je grogne un peu, elle est fraîche, elle m'entoure, glisse le long de mes bras et de mes jambes. Je nageotte un peu.
Des voix - je tourne la tête vers la droite, les trois Beausant arrivent de la petite maison en suivant la plage.
Nous nous retrouvons dans la flaque d'ombre sous un pin, en surplomb, à droite de la maison de pèche. Marie sort avec un panier de petites tomates et une salière - elle nous crie de regarder :
une voile émerge de la pointe de l'Estagnol. Ce sont les garçons qui rentrent de Cabasson.
Jean descend avec une seconde bouteille qu'il cale dans le sable humide à coté de la première.
En émergeant de sa robe, Marie annonce : "j'ai juste un rôti froid et des pommes de terre sous la cendre - la flemme - j'espère qu'ils amènent des moules..." et Jean : "avec du vin jeune, le bonheur après le bain. Vous verrez il est pas mal ; je pense qu'il sera bon dans quelques années" et nous allons nager un peu en les attendant.
Entre autres défauts (trop vite, ma fille et maintenant trop tard) : deux pointes et deux plages en une phrase. et Cabasson déménagé.
Et après cette pauvre chose, la beauté de ces vers dont j'ai eu la confirmation, sur le blog de François Bon où je les ai trouvés "tierslivre.net" (la page du dimanche) qu'ils sont d'Adonis :
Et j'ai dit, voici notre feu, voici l'emblème de la fraternité,
ce temps décharné est pareil à la corne d'un taureau
qui meurt, et la prophétie -
ô pauvres de ce monde, la prophétie est pauvreté,
pauvreté avec l'espace pour commencement.
11 commentaires:
une histoire dans laquelle on aimerait se faufiler, y être et participer.
Bon début de semaine brig
Ces tomates à manger à l'ombre sous le pin, c'est comme de parler d'une autre civilisation... On sait qu'on y a été. On sait que d'autres y sont encore. Mais quelque chose néanmoins de très minoritaire, de très caché.
J'y reviens... Souvent, dans ce que vous écrivez, je vois un mélange de choses très bourgeoises (voire aristocratiques) et de choses très populaires (je dirais presque prolétariennes). Il y a cela, que j'ai beaucoup aimé, chez Francis Ponge. Dans Pour un Malherbe, note du 15 avril 1955: "Pour ceux qui sont nés non loin de la Méditerranée, pas de doute: la Beauté existe. Et quelle folie d'habiter loin d'elle! Quelle folie, quelle absurdité de s'en exiler! C'est celle de la Fontaine de Nîmes, celle du moindre figuier. Celle du moindre cabanon à outils dans une vigne, non loin parfois d'un pin, d'un pin parfois parasol. C'est la mer scintillant comme un tesson de mosaïque entre les oliviers" (1965, p. 255).
je suis née dans la méditerranée d'ancètres de bourgeoisie plus ou moins ancienne, élevée en bonne partie par des "prolétaires", ayant eu des amis variés - disons "moyenne bourgeoisie" ou haute fauchée
J'aime beaucoup cette dernière expression.
Je te souhaite un joyeux lundi !
Peut-être sont-ils, comme tu dis, écrits trop vite, ces textes pour le Coïtus, et à ta relecture y décèles-tu les mille et un défauts inhérents... Cela dit, ces défauts, il n'y a que toi qui les voit ! Moi, j'aurais bien pique-niqué sur la plage...
C'est surement un élément du bonheur ces pique-niques au bord de l'eau, çà se perd, dommage !
Bien belle photos.
Bonne semaine
A+
http://charles02.skynetblogs.be/
Je trouve pourtant dans ton texte une ambiance douce et feutrée, agréable,qui me plait bien... Anitta a raison, on ne les voit pas, les défauts ...
j'aime bien les deux photos, par ailleurs, le "B" surtout ...
F. Ponge parlait du 'charme de l'imperfection'... Chez vous, c'est celui de l'improvisation, la prose étant au plus près de la sensation immédiate, du souvenir immédiat. N'avez-vous jamais songé à 'écrire'? Vous devriez... 50 pages pour Actes sud. Nous serions tous si contents!
Tiens, Stella m'a dit qu'elle te rencontrait souvent sur Tiers Livre ! (c'est une espionne)
Et je n'ai pas remarqué les répétitions... J'ai pu constater que je me suis laissée embarquée par ton texte, voilà tout.
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