j'ai trouvé, sur un blog, un rappel de la sagesse de ce cher Georges Brassens : "Ô vous les boutefeux, ô vous les bons apôtres/ mourrez donc les premiers, nous vous cédons le pas/ mais de grâce, morbleu, laissez vivre les autres,/ la vie est, à peu près, leur seul luxe ici bas.."
Une fois de plus, on ne peut dire mieux et Giono dont je voulais, dont je vais, parler, n'aurait pas dit le contraire.
Je me suis procuré (j'ai racheté) mon Giono préféré Noé, à seule fin de relire sa description de la pièce où il vient d'écrire Un roi sans divertissement, et l'écriture elle-même.
"Saucisse reprisait ses chaussettes dans les vergers de pêchers de la fenêtre sud ; monsieur V., venant de Chichiliane, traversait les montants de ma bibliothèque, à peu près à l'endroit où se trouve un petit exemplaire des Tragiques d'Agrippa d'Aubigné, descendait sur Ubu-roi, prenait à gauche vers l'Astrolabe...
Je dis bien : c'était parfait. Mme Tim avait son Saint-Baudille (et son âme) dans le marronnier de ma fenêtre ouest, et Langlois, venu, le premier jour, de sa caserne de gendarmerie qui est dans ma fenêtre sud, sur l'emplacement de la villa aux tuiles marseillaises, descendit de cheval devant ma table de travail en face de mon cendrier..."
Ses personnages le traversent et la vision du paysage "réel" par ses fenêtres l'entraîne à travers ses souvenirs. J'étais sure de rencontrer à sa suite une vigne ou une treille. J'ai trouvé Toulon, un cireur de bottes et le porche de l'Arsenal, des michelines, les rives de l'Ouvèze, des personnages de ses romans ou qui auraient pu y entrer, Marseille et des jardins et parcs, mais pas de raisin.
Alors, je me suis régalée de : "A partir de là, balancés par les pentes, c'étaient des champs, des vergers de cerisiers, des chemins, des touffes de longues cannes vertes, des taillis sourcilleux de ronces, d'aubépines et de lilas, des chemins d'herbe luisant vers des métairies à moitié enfoncées dans la terre, ou voguant, superbement dressées, blanches de chaux au sommet de quelque lourde vague d'avoine ; des tertres, plantés de pins parasols, des aqueducs squelettiques qui faisaient craquer leurs vertèbres de cendres au dessus de cultures maraîchères, entre des cyprès, des forêts d'échalas..."
Et, pour m'endormir, j'y ai planté une maison, avec un mur sur le côté pour la treille, j'ai loué la bergerie, amené une anse avec une petite jetée et un canote, rejeté le verger derrière la maison et une petite butte à cause de l'air de la mer.
et aujourd'hui dimanche je me sens aussi vide que nos villes, même si mes idées sont bien souvent vagues et creuses, et je déroge à mon engagement avec moi-même de poster tous les jours - laxisme ?
14 commentaires:
Ma chère brigetoun, je vais vous quitter
quelques jours pour la Turquie. Je pars avec un goût de raisin, de Giono et de Brassens mélangés qui commence bien ma journée. ( J'ai pris un grand plaisir à lire : "Que ma joie demeure" de Giono )
à bientôt.
Et je te retrouve ici avec Giono!merci de ton comment où je l'évoquais,voici bien des années !oui j'ai aimé Giono mais ne l'ai pas fréquenté de si près que toi sans doute alors merci aussi pour ce retour aux sources.
amicalement. m.
Miam miam ils ont l'air bon tes raisins. Et les bambous jolis.
Moi aussi j'aime beaucoup ces photos de bambous et de treilles chargées de belles grappes de raisin, ainsi que les textes qui les accompagnent.
Brigetoun, nous nous croisons de temps en temps sur les comments d'autres blogs sans nous connaître vraiment sauf l'intuition d'être souvent sur la même longueur d'onde??
vu le ralenti de l'âge, le temps me manque..et j'ai tendance à puiser dans mes souvenirs..
eh oui 84 était mon âge il y a 2 ans à mes débuts de "bloggeuse",serais-je une des plus âgée?? j'habite le 93.
reviens me voir quand tu pourras cela me fera plaisir.
Très belle photo de la treille sans négliger les autres ni le texte. Mais il y a une facilité d'écriture qui mérite respect et admiration ! Je passe chaque jour sur ce blog mais ne trouve guère les mots pouvant témoigner ma satisfaction. C'est toujours très minutieux et juste. A bientôt
Ceci vous étonnera peut-être. J’ai couru sur vos messages rassemblés tous les jours (ou presque...) de ces trois derniers mois. J’ai écarté les mots pour regarder seulement les images. Je reste étonné par le regard que vous portez vers... le haut. Le ciel, les nuages, les façades, les arbres, les rues. Des dizaines de regards posés de la terre, du sol à l’azur. A s’envoler presque. A s’échapper sûrement.
mais est ce que ce n'est pas simplement le fait de notre construction physique - la tête au bout d'un cou souple (enfin !) - et puis mon monde aimé est fait de rues étroites où le regard ne peut s'étendre autrement - enfin reste de l'étudiante en architecture que j'ai été il y a très longtemps et qui était habituée à juger un bâtiment à la façon dont il s'achève
tout de même bravo, ça a du vous prendre du temps, merci
Du temps peut-être mais beaucoup de bonheur...
grand merci
salut Bri !!
je suis un grand amateur de la peche a la ligne , un bambou fera l'affaire !
superbes photos !!
bon w.keend
Mais non Brigetoun, pas de laxisme... si seulement une fois tous les deux ou trois jours, ou même une fois par semaine, tu nous offres une platebande de bourgeons et lichènes aussi étranges et aromatiques, une floraison aussi étonnante et poétique, des enracinements aussi profonds ...qu'importe écrire tous les jous!
J'avais loupé le samedi, et pour Brassens et pour Giono je le déplore ; mais moi qui comptait sur le dimanche pour me refaire, je suis lessivée...!
Rien à dire, normal : le dimanche jour de repos ! Alors toute pardonnée. Comme je comprends ta dérogation : il y a des jours où le blog......
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