au royaume de l'humidité - souvenir du ciel de vendredi - un peu d'Avignon, un reste de fresque de Villeneuve (photo de ma petite soeur) pour Rancé, anachronisme.
Pluie éternelle dimanche, glouglous et cataractes le soir tombant par les descentes sur le dallage de la cour et s'engouffrant vers le niveau de la rue, tintamarre - orteils rétractés - accalmie en allant aux remparts, l'opale des nuages s'effilochant en blanc sur de petits îlots bleu pâle.
J'ai bien aimé le début de "Des rôtis brûlés et des gâteaux mal cuits" partie de La Fin du monde de Bergounioux, lu chez François Bon, à défaut d'acheter le livre pour le moment :
Ce qui parvient du monde à Kant, sur ses marges sableuses, se ramène à peu de choses : son tabac, du cabillaud dont il était friand à l'excès, quelques livres, mais excellents, un portrait de Rousseau et l'écho atténué, tardif, de la Révolution française. L'universel, lorsqu'il arrive au fin fond de la Prusse, c'est sous la forme d'idées qui ont dépouillé en chemin toute substance ou presque. Elles prennent, avec l'éloignement et les délais de route, cette pureté quasi sidérale que l'on prête, à tort, à la philosophie.
Sauf Rousseau, c'est assez proche de ce que j'imaginais pour ma retraite. Mais j'étais si bas les premiers temps que je me suis méfiée de moi, qui n'ai pas en mon esprit la richesse de Kant, et que j'ai ouvert ma porte à un ordinateur, à internet, puis aux blogs, ce qui a fait entrer le monde et ses secousses, et me plonge dans des débats qui me dépassent un rien - mais ce qui me permet de m'approprier en pirate des impressions et notes érudites, et de trouver, par exemple, chez Jean Claude Bourdais (http://jcbourdais.net/) une allusion à La vie de Rancé de Chateaubriand, peut-être la seule chose de lui que j'aime (non, il y a des passages des Mémoires ou de l'Itinéraire dont j'ai un souvenir agréable et lointain), me renvoyant vers Saint Simon et l'attitude de Monsieur de la Trappe lors de ses démêlés avec le deuxième abbé choisi, mal, par lui
Il savait que d'un mot il renverserait cet insensé, il était peiné pour sa maison de ne pas le faire, et déchiré de la voir périr ; mais il était lui-même si indignement traité tous les jours et à tous les moments de sa vie, que la crainte extrême de trouver, même involontairement, quelque satisfaction personnelle à se défaire de cet ennemi et de ce persécuteur, le retenait tellement là-dessus...
mais : Il excusait donc tout ce qu'il ne pouvait nier, et avalait à long trait l'amertume de ce calice. Et si j'aime bien l'honnête homme, j'aime moins la trace de complaisance avec laquelle il se mue en saint.
Et puis j'ai rêvé en regardant le programme de Musica.
13 commentaires:
moins ou plus de pluie, de la douceur, et un ciel bleu comme celui de ta deuxième photo, voilà mes souhaits pour ce début de semaine Brig... pour chez toi, pour chez moi, pour partout !
La dernière photo est fascinante, je trouve. Ce Christ sans tête me parle particulièrement, si tu vois ce que je veux dire... C'est celle-là, la photo de ta soeur ?
oui pour la soeur mais je pense que le "sans tête" l'a plutôt gênée, quoique je n'en seuis pas sure - je pense trop souvent à elle telle qu'elle était adolescente
Ce qui bouillonne dans ta tête éveille en moi des échos, des souvenirs évanescents une nostalgie aussi de tout ce qu'on n'a pas su ou qui sommeille en attendant le soir....et des bribes encore vivantes .je n'ai pas gardé beaucoup de références précises ,mais comme une flottaison des mots que j'ai aimés:
"Il dormira là-dessous, la tête tournée vers la mer; dans ce sépulcre bâti sur un écueil, son immortalité sera comme fut sa vie, déserte des autres et tout entouré d'orages
…………..
le coeur de René devenu froid, lentement, s'éparpillera dans le néant, au rythme sans fin de cette musique éternelle"
Le Grand Bé ( Châteaubriand)
merci pour cela.
Je vis Internet et les blogs comme une énorme, inépuisable et magnifique ressource.
J'apprends, je découvre, je m'émeus (que c'est vilain ce je m'émeus), je m'exprime, comme j'en ai envie
et à chaque fois que je passe chez toi, c'est une petite découverte.
Ne pensez vous pas que ChateauBriand se regarde tellment lui même dans ses mémoires qu'il en oubli ce qui l'entourre. De ce fait il devient un personnage assez détestable....!!!!!!
Je trouve aussi que les blogs, ont leur effet communicatif, et positif si l'on veut bien épousseter le superflu. Chacun
évolue dans son domaine et éclabousse qui le veut bien.
beaucoup de pluies, beaucoup d'éclairs...
Merci Brigetoun, mes mots de sont qu'un jeu, les tiens de la littérature.
et en plus je faute "! ne sont" tu vois un mauvais jeu !
Bonsoir , brigetoun, à la rue, débordée par le boulot (a feuilles jaunes ;-), j'ai à peine le temps de vous lire ... dur, de tout gérer!
j'aime ta dernière photo dans cette note du jour,une idée de temps qui passe ... et puis, l'anachronisme du début, parce que les anachronismes me séduisent souvent... c'est la même terrasse que l'autre jour, je reconnais les pavés de verre ...
Feux de Bengale bien vu
Bonne soirée
A+
http://charles02.skynetblogs.be/
C'est aussi terrifiant comme il pleut ici à Genève !
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