des photos au hasard pour remercier, si elles leur plaisent, ceux qui auront avalé ma contribution au sujet de la semaine de http://coitus.impromptus.free.fr qui est le secret se dévoile, pas si secret que ça, je ne suis pas douée pour (recopiant je constate qu'il semble que j'ai un problème avec les temporalités, mais ma foi c'est venu comme ça, indiférence ? successions de points de vue ? traces d'incertitude ?)
Il y a ce cahier dans la pile, un peu en biais, qui heurte le regard, détruisant la belle ordonnance du petit bureau. Pourquoi m'a-t-il sauté aux yeux dès que je suis entrée ? En ramassant les chaussettes, en faisant le lit, je tourne les yeux vers lui, sans le vouloir. Mais, en donnant un petit coup de chiffon distrait, j'évite scrupuleusement, comme toujours, de déplacer autre chose que la lampe, le gobelet à crayons, le caillou fixe pages.
Et je suis fière de moi en sortant.
Ce cahier je l'ai vu le transbahuter au fond du jardin, le poser à coté de son transat sur la terrasse, hier après le dîner. Il est apparu il y a quelques jours, ou je l'ai remarqué depuis quelques jours. Il m'a intrigué, et comme c'est un sujet qui flotte dans l'air ces jours-ci, j'ai fini par y voir un journal. Inespéré de sa part, un journal... effort de mise en ordre de ses idées ? ou notation de ses sensations ? comment me juge-t-il ? parle-t-il de nous ?
Ajourd'hui dans la voiture - nous allions en ville compléter son équipement pour la rentrée - je regardais à chaque arrêt son profil qui se détachait, net comme un camée, sur fond de campagne, brun sur vert, et puis contre les maisons grises, et ne savais que dire à ce joli petit bloc énigmatique.
Nous avons convenu que, muni de la liste et d'un budget, il ferait ses achats lui-même, à moins qu'il préfère ? et avec un très joli et très poli sourire il a dit "non".
Il s'en est d'ailleurs assez bien tiré et, quand il m'a rejoint au salon de thé, il n'avait quasiment rien oublié.
Et les jours suivants, le cahier était toujours à demi-caché, à demi-montré, tentant - volontairement provocant ? Pourquoi écrire si ce n'est pour être lu - et puis nous trouvons tous les deux normal que je regarde ses notes, que j'essaie de suivre son travail - même s'il y a bien longtemps qu'il ne me demande plus d'aide.
Mais ce cahier (d'où vient-il ?), presque un registre d'autrefois, avec sa couverture noire et l'étiquette biseautée qui est restée vierge, n'a rien de scolaire. Et lui n'a plus rien du petit garçon aux yeux débordants, au visage offert, sur lequel je voyais mes humeurs se refléter. J'avance la main - je la retire. Je ne peux me résoudre, pour moi d'abord, mon estime, à voler ses mots.
Ils m'obsèdent tous les deux, le garçon et son "trésor" (trésor ? n'est-ce-pas moi qui l'ai décidé ?) et cela m'agace - empiète sur ma liberté, sur l'attention que je peux porter à mon travail. Je sens que je l'observe trop, que je vais gâcher l'harmonieuse cohabitation à laquelle nous étions arrivés.
Et puis ce soir à table, il a fait rouler une boulette (sale manie !) sur la nappe et, en la regardant : "tu sais, Monsieur Jarvis aime bien ce que je fais, alors j'ai commencé une histoire. Mais je ne veux pas la lui montrer, il est trop gentil... alors... tu veux bien lire ?" J'ai bloqué la main et la boulette, et j'ai souri.
13 commentaires:
Même comme cela encore - offert, ouvert - on aimerait savoir ce qu'il y a dans le cahier. Connaître l'histoire.
Trop chouette, ton histoire ! Et euh... Je ne sais pas si je suis fatiguée ou quoi, mais je n'y ai pas vu de problème de temporalité. Juste un récit charmant.
Bise et bonne journée !
spuperbe écriture, scénario et suspense !!! bravo !!!
voilà un beau cahier d'écritures...Bonne journée Brig
J'adore ton texte, et comme Miss PV je n'y vois pas la question que tu soulèves, mais une grande tendresse qui en émerge.
Petit nuage de la dernière photo me ramène à cette boulette et moi aussi je souris.
Mes brumes ne me permettent pas actuellement de participer à Coïtus...
Bonne journée Brig
Que c'est joli... et si joliment dit.
comme c'est bien écrit et bien vu.
je résiste toujours à la tentation de lire, dans la chambre de ma fille, une lettre abandonnée, un texte dans un carnet négligemment ouvert.
Et quand c'est elle qui vient, sa lettre à la main pour la partager avec moi, qu'est-ce que je suis contente!
Si tu as emmené avec toi, le cahier à la boulangerie, je suis sûr qu' au retour c' est le " petit qu'a l'pain"
Gérard, t'exagère! mais j'aime bien les petits pavés dans la mare ! n'empêche qu'on l'attend cette "histoire"
et que "l'Art de créer le suspens" nous en dit déjà long!
ô ma foi l'histoire c'est le secret du garçon - faut attendre son feu vert
Il est bien éduqué ce garçon. Parce qu'il aurait pu choisir d'ouvrir un skyblog. ;o)
[oui, je sais, c'est moins poétique que ton texte... sorry ;o)]
Très belle histoire, touchante. D'accord avec Céleste, la tentation est souvent grande quand on voit "trainer" un cahier ou une lettre, ce texte est tout : finesse et respect.
UU pas d'argent mon bon Monseur pour un PC
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