journée sans importance parmi tant d'autres
Étonnée par l'odeur qui m'enveloppait sous ma douche, j'ai réalisé que je me lavais avec un shampoing à la pomme.

En buvant mon café, je regardais le dessin de mon papa juvénile et souriait à ses rêves d'élève officier de marine marchande, et au souvenir d'une jolie lettre, écrite au temps de ses toujours attendrissants trente ans, que m'a communiquée mon petit frère. Sa fraîcheur et plus tard son sens des responsabilités, son besoin de porter nos ennuis graves ou non, lorsqu'il était là.

En tournant la tête j'ai vu le pot de gardénia venir vers moi, pendant que les autres plantes, celles qui étaient restées debout, s'agitaient frénétiquement.

En déjeunant, j'ai vu une photo de Sarkozy serrant la main de Bush, avec un sourire de gamin ébloui et, sans aucun attendrissement, je suppliais les fées, les lutins, le sort, les hommes politiques, les électeurs, de nous éviter ce mélange de midinette, de sous-officier de cavalerie (qu'ils m'excusent) et de jeune loup du second-empire triomphant (je pense à lui à tous les tours de page des "Châtiments").

En déjeunant, j'ai décidé d'aller enfin voir l'exposition Signac au musée Angladon (un délicieux endroit à voir si on a peu de temps, quelques tableaux, presque tous importants), et je me suis endormie.
Je me promets que ce sera aujourd'hui, et j'ai repris le grand catalogue d'une exposition Seurat au grand palais, puisque, par un automatisme répandu, je pense toujours à lui à propos de Signac, pour le préférer à ce dernier - comme peintre, non comme homme. Goût pour le charme, ou rébellion devant le dogmatisme ? Vrai qu'avec son choix de Honfleur et Gravelines, il est étranger à la lumière que Signac est venu trouver ici. Vrai aussi que rien ne me semble plus différent de ses dessins où la forme paraît sortir des ombres, sculptées par la lumière, que le trait de Signac.

Et je suis les débats à l'assemblée sur la privatisation de GDF où je trouve beaucoup plus que ce que les grands journaux peuvent ou veulent indiquer, sur les négociations avec Suez, sur ce qu'il faudra sans doute céder, sur l'ignorance des conditions... tout cela me semble aussi stupide que grave, et ne pourra être corrigé contrairement aux dispositions de la loi sur la délinquance.
Keep quiet, keep cool.