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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, octobre 15, 2006

une recherche de l'automne sur mon chemin samedi après-midi, mais cela s'est limité à des plantes abandonnées, un platane un peu rosi et ça ne se voit pas, des roses entrant en déliquescence avec moi.
Je continue à phagocyter et paraphraser ce que je trouve sur le net, aujourd'hui chez Jean Claude Bourdais http://www.jcbourdais.net/ la fêtes des laboureurs et ouvriers à Coudray au Perche et l'homme au boudin, la merveille du jardin de l'homme aux dahlias et, remontant dans le temps, le billet sur le Carnet de notes de Bergounioux.

il fait beau, dehors, mais c'est aux extrémités de la journée, fraîches, écourtées, que l'approche de l'automne se révèle.
Et puis, ce dont nous n'avons pas vraiment conscience,
la fatigue de l'enseignant face à des élèves pour lesquels il est trop tard depuis le début - bien sur nous attendons qu'il ne s'arrête pas à ce constat, qu'il essaie d'aller contre, et c'est ce qu'il a fait, puisqu'il a enseigné encore de nombreuses années - puis, ce que nous ne voulons pas penser, ce que nous nous interdisons de constater, ce qui rend ridicule de parler de la fin des "classes"
Bergounioux - samedi 15 septembre 1984 :
... Une heure avec les parents des élèves de CPPN, les hommes en minorité, rompus, éteints, marqués par les travaux de force, l'un d'eux déguisé en rocker, avec banane, blouson en jean trop court, bagues, les femmes à l'avenant, informes... ou alors vêtues de couleurs criardes, comme des adolescentes qu'elles ne sont plus depuis longtemps. Lorsque je retrouve leur progéniture, pour l'heure suivante, je me fais l'effet d'un qui jette, sans y croire, des graviers dans un gouffre béant...
Bourdais ! La lutte des classes ! je n'ai jamais compris pourquoi on n'en parle plus. J'y crois encore et ai souvent l'impression d'être en plein dedans, plus que jamais, et même si je ne suis pas socialement ni financièrement au plus bas de l'échelle, d'être du côté des plus pauvres. En tout cas, pas du côté des riches, du pouvoir, de ceux qui entubent les autres et les prennent pour des cons.

et ma petite voix : ce qu'on fait de vous hommes, femmes...
Bon, dans la description c'est la vision de Bergounioux, humain lui aussi, lui surtout puisqu'il s'agit de lui, la dedans, de sa fatigue. Et je me réconforte en pensant que, les parents décrits, je me serais trouvée bien avec eux comme le veut Bourdais, mais je dois reconnaître, en même temps que, eux, ils m'auraient jugée.
L'état de mon humble logement me garantissait de tout distance, autre que de l'admiration souvent, avec les intérieurs que je découvrais professionnellement - mais parfois un agacement devant certaines laideurs affichées. Et je sentais (quand je n'étais pas obnubilée par mon travail, disons en sortant dans la rue) mon étrangeté, mon inaptitude à m'insérer dans leurs références, mon ignorance héritée.
Et puis, le plaisir de ce qui m'a été donné. Avec les filles au bureau, l'envie de partager les livres, une musique plus variée.. et je me dis : pourquoi l'échange n'aurait-il pas été dans les deux sens. Il aurait fallu qu'elles le veuillent ou en aient le temps.
Après ma maladroite tentative d'introspection je retrouve ma niaiserie favorite avec Wodehouse
"Aussi me contentai-je de hausser une épaule ou deux".
"Jeeves part en vacances... Il va pêcher la crevette à Herne Bay, et je me sens comme l'oiseau de la fable après la perte de sa compagne - une gazelle, je crois, si mes souvenirs sont bons, ou quelque animal comme ça."
Idiot n'est-il-pas ? J'adore.
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16 commentaires:

Anonyme a dit…

La lutte des classes a toujours existé et elle existera sans doute encore longtemps (tant qu'il y aura des classes, dirait Monsieur de La Palice). Alors que l'avènement croisé d'un esprit scientifique et d'un esprit démocratique avait fait clairement apparaître l'existence et les mécanismes de cette lutte (XVIII-XXe siècles), ceux qui n'ont pas "intérêt" à ce que des conclusions soient tirées de ces certitudes ont réussi à maquiller à la fois la réalité elle-même et le langage, afin que des sbires mis à la tête des médias et des partis politiques guident les troupeaux vers l'aveuglement volontaire et la fierté du statut d'esclave.
Qu'y faire ? On a beau crier : "regardez autour de vous ! Arrêtez de "croire" n'importe quoi !", on voit les têtes de prime-time, de couverture et de gondole qui reviennent avec leurs "déficit de croyances" et leurs "besoins de religion" pour tous, car il faut bien que la misère produite par les gens eux-mêmes soit consolée... Et ça marche (sauf avec moi).

marie.l a dit…

et pourquoi ne pas aimer et même adorer ce qui est ou paraît idiot ? je suis en plein dedans !
Bon dimanche Brig !

Anonyme a dit…

Oui, je ne doute pas de l'existence de classes sociales bien distinctes, bien clivées, il m'arrive même de parler de castes. C'est sur la notion de 'lutte des classes' que je suis plus prudent. Je ne suis pas sûr en effet que l'ennemi de classe, pour les jeunes gens que je connais, ce soit nécessairement le patron. Je pense au contraire que le petit patron sera un jour leur allié, du moins je l'espère (et je ne vois pas quoi espérer d'autre pour eux). Je veux dire que je ne suis pas sûr que le patron ait intérêt à maintenir ces jeunes dans je ne sais quel état de suggestion. On ne peut pas douter qu'une part du pouvoir, en France, soit dans les mains du patronat. Mais on ne peut pas douter non plus qu'une part importante de ce pouvoir soit dans les mains de la bureaucratie. D'une caste où personne ne produit rien, ni en tant qu'ouvrier ni en tant que patron, mais où se partage l'argent public. Et la violence de cette lutte de classe est si terrible que je ne peux guère aller plus loin, désigner les lieux de ce pouvoir-là, donner des exemples de son exerice (qui pourtant nous crève les yeux), sans prendre beaucoup de risques.

Anonyme a dit…

j'ai souvent l'impression d'être de l'autre siècle...ce qui est parfaitement vrai du reste; en décalage avec des gestes, des attitudes, es paroles; je me laisse emporter par un vent de folie et qui sait où il m'entraînera!

Brigetoun a dit…

hum je pens

Brigetoun a dit…

hum je pensais moins à la différence économique qu'à l'arrière plan de traditions, relations, accès tellement direct à une certaine culture que certains ne vont pas plus loin qui font que nous avons plus ou moins de cartes en mains. (d'ailleurs quand on tient vraiment compte de ce capital on n'est plus vraiment gagnant dans le monde actuel mais on garde une sorte d'invulnérabilité même dans la débine)

Anonyme a dit…

Oui, Brigetoun, c'est ce que j'essaie moi aussi de dire avec d'autres mots. J'essaie de dire que les cartes qu'on a dans sa main peuvent (ou pouvaient) venir aussi des traditions populaires. Et que nous devons bien accepter de considérer que l'école, avec ses immenses mérites, a bien souvent aussi pour effet de disqualifier les traditions populaires (ce qu'Illich appelait le 'vernaculaire') sans mettre grand chose à la place... Si nous pouvions parler de cela paisiblement, sans nous arracher les cheveux (pour moi, pas de risque), nous nous mettrions sur le chemin d'un immense progrès. Un bon dimanche à vous...

Anonyme a dit…

Bonjour et merci beaucoup de ta visite !
Ton écriture est fascinante, et chaque petite phrase évoque une image particulière, c'est la magie des mots avec laquelle tu joues avec nos pensées de manière si agréable .
A bientôt et bon dimanche
YVES

Anonyme a dit…

"il fait beau, dehors, mais c'est aux extrémités de la journée, fraîches, écourtées, que l'approche de l'automne se révèle."
Juste un "copier-coller" pour te dire combien j'aime ton écriture

Brigetoun a dit…

mais pour être honnête c'est de Bergounioux, et c'est ce qui m'avait attirée vers le reste

Anonyme a dit…

Il vous va bien votre tailleur blanc, oui je sais je suis hors sujet, quoi que !

micheline a dit…

Lutte des classes, oui il y a toujours un petit reliquat des profits capitalistes pour la classe ouvrière, il faut bien qu’on distribue des jetons pour faire acheter, épuiser les stocks et faire b…( consommer) ce qui est produit et faire des bénefs pour en produire un peu plus afin d’en vendre un peu plus. Investissez messieurs, investissez !!
Le niveau de vie matérielle de la classe ouvrière s’est élevé dans les pays capitalistes….pas proportionnellement mais il s’est élevé ! gaspillage compris.

Ce qui est peut être nouveau et pitoyable c’est la lutte des classes productrices entre elles selon qu’elles sont de chine, du gabon , ou du limousin
Dehors ceux qui viennent voler le travail des un peu plus nantis !
Boycottez les produits qui ont permis à de plus pauvres d’avoir un peu moins faim..

Les vases finiront bien par communiquer mais en attendant que les niveaux s’équilibrent que de grincements de dents, que de bateaux au fond des mers !
Ensuite peut-être pourra reprendre la lutte de ceux qui travaillent contre ceux qui les exploitent, .peut-être peut-être !

Brigetoun a dit…

les mots luttes de classe correspondaient finalement très mal à ce à quoi je pensais - c'était l'épaisseur culturelle qui manque maintenant que la culture "populaire" qui était une culture comme une autre a été tranformée en culture marchande, est disparue - qu'il en est de même des cultures des populations qui s'instalent dans les mêmes conditions. Et en fait il y a une nouvelle culture, née de la télévision, d'une certaine presse qui m'est étrangère. Il y a heureusement aussi le slam, le hipa hop, les tags mais c'est une frange.
Sauf dans une misère réelle nous avons un "bagage" qui nous aide - je voudrais être sure qu'il en est de même pour tous même si elle est différente

Anonyme a dit…

Ce billet, chacun le voit avec son prisme. J'ai envie de comprendre aujourd'hui "lutte des classes" au sens propre, à l'école ou dans nos lycées où l'expression prend toute sa mesure aussi. Comme Bergounioux décrit si bien ces réunions parents/profs ! Découvrir les parents de ces "progénitures" que l'on a en face de soi toute l'année : c'est toujours un grand moment ! Hyper-réaliste la description !

Brigetoun a dit…

tu sais moi je les ai rencontré dans leurs logements, ainsi que toutes les strates, et j'ai été au bas de l'échelle dans les bureaux si je n'ai aucune expérience de l'usine, mais si je connais ce que peut être une vie médiocre au sens fort, je pense que s'ajoutent à cela des strates de culture qui ne sont pas exactement superposables - et que ces coupures dans la société qui ont toujours existé sont de moins en moins tolérables. Mais il manque souvent un langage commun.
Désolée, je ne voulais pas être aussi sérieuse au départ

Anonyme a dit…

Aujourd'hui ce billet aborde un sujet sensible: la lutte des classes. En tant qu'être humain, que pouvons nous faire pour soulager la souffrance des autres ? En tant que nation riche quelles sont nos responsabilités envers le tiers monde ? Tant de questions sans vraies réponses. Krishnamurti a dit que la révolution ne doit pas être sectorielle mais globale. Certains autres disent qu'il faut penser globalement et agir sectoriellement.