Je suis partie en fin d'après-midi au vernissage de l'exposition d'Andrès Serrano à Lambert (150 oeuvres) dont le sous-titre est la part maudite en hommage-référence à Georges Bataille. Selon le programme l'écrivain avait démontré comment chaque société est condamnée à assumer ses excès. La part maudite est cette surenchère que représente la culture, capable de don, d'échange mais aussi parfois de faire dérailler l'ordre social établi.
Le catalogue avait des dimensions hors toutes normes et un poids considérable. Sur une feuille de carnet et sur mon invitation j'ai noté quelques bidules
Série Russia : un acteur qui semblait venir des années 60 rive gauche - la belle composition du portrait d'un officier de l'armée russe : grande auréole sombre de la casquette portée en arrière, petit visage toutes rides en descente comme les très grosses moustaches - les nus de Budapest : un vieux couple, une mère allaitant et une vieille femme décharnée cigarette aux lèvres qui aurait pu me ressembler avec quelques années de plus et sans mon régime actuel.
The morgue quelques coins de visages calmes dans des froissements de draps blancs, des gros plans de blessures, et derrière un rideau une salle où je suis restée fascinée et émerveillée, un peu malade de cette émerveillement devant la beauté de cette horreur : des corps en décomposition, ou ruisselants de sang, un égorgé, un squelette, aussi somptueux qu'un tas de bijoux et de pierres.
dans cette petite salle une légende tirée des Transis de Daniel Arase ... Devant certaines de ses grandes images funêbres, j'ai pensé à Bossuet et au sublime sermon sur la mort. "le corps prendra un autre nom, même celui de cadavre ne lui demeurera pas longtemps.
Des gros plans de canons d'armes à feu que j'ai trouvés sans grand intérêt.
Une salle avec des indiens, des membres du Ku Klux Klan (et je n'ai pu m'empêcher d'imaginer une femme repassant la tenue de son mari) tout plein mignons et des noirs.
La salle vue de loin en bas : nonnes, frères vénitiens assez effarants, des détails d'églises, des crucifix ornés, un abbé bien convenable.
Avant d'attaquer les escaliers et le dédale des salles aux étages, des hommes et femmes body buildés qui sont peut-être ce qui m'a le plus horrifié.
Dans une salle interdite aux enfants la série the history of sex grands montages plutôt jolis, assez mignon.
Et une collection de portraits en buste d'américains de tous sexes, âges, races, conditions dont une horrifique petite miss America lolitilla fardée, et un ancien journaliste noir du New Yorker dont j'ai eu envie d'être l'amie.
bien entendu les séries célèbres the immersions et body fluids le fameux crucifix baignant dans l'urine (cette série baigne dans un flou doré faisant un peu penser aux photos "artistiques" de la fin du 19ème) plusieurs rarement vus et dont je ne connaissais pas de "reproductions" (idiot à dire pour des photos) en noir et gouttelettes dorées qui m'ont interrogés, des nappes de sang et une mer d'huile dans laquelle semble glisser un fantôme de cachalot et qui est du sperme.
Un renard pendu et je n'ai plus noté - ah si ! un crucifix tenu par des pattes de poulets qui ma foi est beaucoup plus décoratif que provoquant et pourrait trouver sa place dans un lieu de culte avec un commentaire à trouver.
Dans l'ensemble une légère gêne de n'avoir pas été choquée alors que c'est tout de même un des buts, et d'avoir trouvé ça beau. Les buffets étaient quand même délaissés, alors qu'il était l'heure de l'apéritif.
Toutes mes félicitations à ceux qui sont arrivés jusque là.
3 commentaires:
Il me semble que de ne pas avoir été choquée reflète plutôt le degré de libération de ton regard, Brigitte, et ton accointance avec ceux qui t'ont été offerts au cours de cette exposition.
Par ailleurs, je suis régulièrement étonnée de constater ta grande activité (tes sorties, tes lectures, tes visites de blogs, tes commentaires un peu partout, etc.), et ça m'amuse un peu finalement, car on me fait parfois la même remarque, surtout si je publie une note à chaque jour, et pourtant toi et moi éprouvons de mêmes limites (mais je ne sors pas autant que toi, ni ne lis autant) du fait de nos problèmes de santé. Tout ce qu'on ferait alors si nous nous portions bien, imagines tu!!
Bon dimanche...
C'était moi (je ne comprends pas ce qui se passe avec les signatures sur Blogger, mais au cas où tu ne m'aurais pas identifiée sous ce pseudo)...
je suis arrivée jusque là et salut à ton énergie de plume!!quel univers où tu n'es certainement pas paumée!!
Enregistrer un commentaire