Le vent entraîne tout avec lui, et nous réduit aux os.
Je me vois comme une bulle qui a grossi, grossi, grandi dans le soleil des gentillesses réciproques, irisée et pleine d'un vide coloré.
Je choisis, pour rester dans mon moi retrouvé, une épingle sans tête de couleur, une tout simple épingle de couturière (et il ne m'est pas facile d'en trouver une), je l'approche, et je me retrouve mêlée au ciel, les gouttelettes giclant dans le vent.
Dans le vent qui fait que mon ciel de ce jour était moins joliment peuplé que celui de la photo, mais d'un bleu uniforme, clair et dur.
Il est si plaisant de faire passer un peu d'air dans les volutes de mon crâne, de vérifier si après tant d'années d'attention à la législation sur le logement et au fonctionnement des installations de plomberie, il peut s'éveiller au plaisir du débat.
Faut-il pourtant que je me risque à perdre le rôle d'écoutante, engrangeant, digérant et cherchant à faire mon miel de ce que je perçois ?
Nous sans qui les penseurs ne peuvent rien - le sol - la terre sans laquelle les graines ne sont que des petits bouts de matière sans intérêt (là j'aurais voulu une profonde glèbe, mais c'est chose rare dans mes réserves. Légère et friable cette terre, s'en va au vent et je la suis - je continuerais à encombrer les blogs).

Je m'en vais retrouver les brindilles bien décolorées, bien humbles, bien aggrippées, qui se sont installées dans le ciel, en haut du bas-côté de Saint-Agricol. Et lutter avec elles pour résister au vent méchant qui nous malmène.
Mais à vrai dire, le vent est tombé avant la nuit, et j'ai ramassé les feuilles mortes.