Ne tenant pas les promesses que je me fais j'ai répondu aux deux possibilités de textes, dont pour les impromptus littéraires (http://impromptus.fr/dotclear/ ) sur le thème : "le vendeur du temps" pour lequel, n'étant satisfaite vraiment d'aucune, je mets les trois photos de l'horloge prises dimanche.
Comme je me sentais petiote et misérable, assise sur mon lit, frissonnant légèrement, les jambes ramenées contre moi, mes mains enserrant mes chevilles et les massant, guettant la douleur et son va-et-vient, il s'est planté devant moi et m'a dit "si tu veux, Madame, j'ai du temps à vendre".
J'ai levé les yeux et l'ai regardé : il avait, ce qui me parut normal, une grande cape sombre, une auréole de petits cheveux clairs autour de sa tête, qui se découpait devant la fenêtre, un visage indistinct, à contre-jour.
"... du temps, pour tout ce que tu veux, immensément de temps si tu le désires."
J'ai réalisé brusquement : "Qui..? Par où..?"
Il a secoué la tête et repris "si tu veux, Madame, j'ai du temps à vendre... du temps pour des voyages, du temps pour les rencontres, du temps pour réaliser tout ce que tu voulais faire avec ta vie..."
J'avais un peu le vertige et, pour réintégrer le réel, je me suis levée ; il s'est écarté un peu pour me laisser passer, et il parlait toujours d'une petite voix mielleuse : tu temps aussi pour le perdre, pour ne rien faire" - "ça, je l'ai".
Dans le miroir j'ai vu mes yeux, et les rides autour - et en riant je lui ai demandé : "Tu m'achètes les années que j'ai en trop pour ce programme, et surtout celles qui m'ont abîmée ?"
"Je ne sais pas si c'est possible - je demande (il l'a fait, comment ?)... Oui c'est d'accord - on prend - enfin un peu, les trois dernières ça va?"
Et il m'a fallu un certain temps pour lui expliquer que, même ainsi, je n'avais pas envie de temps, que je trouvais parfois que j'en avais trop, de temps, que je lui en aurais bien cédé un peu de mon temps à venir.
"C'est pas grave Madame, une autre fois Madame, au revoir Madame".
J'ai voulu saisir son bras, mais ce n'était que vide : "s'il te plait - sors par la porte, ça me rassurera".
Et les yeux perdus dans la lumière qui descendait dans la cour, j'ai mordu mon doigt, et je me suis dit qu'un café s'imposait.
17 commentaires:
C'est mignon ta dissertation sur le temps. Moi je dirai, comme feu le président Mitterand, qu'il faut laisser le temps au temps.
j'aime beaucoup, beaucoup ...
En changeant ton miroir le temps va s'éclaicir et durer, durer, et tu auras le temps.
excellent !
le temps, faut courir plus vite que lui, enfin je crois, même si au passage, forcé, il te griffe le visage, il t'ankylose le corps.L'histoire est super, mais avec sa gueule d'ange, il est un peu arnaqueur,ton marchand..je me méfie...
bonne journée, anyway et continue d'écrire de jolies histoires
Très joliment dit !
Un café s'imposait ...
Ben je vais me faire... un thé
J'aime beaucoup ce texte, Brigetoun.
allonger certains moments, en raccourcir d'autres même en supprimer
vous avez raison, j'ai aussi adoré crazy par the Kooks et c'est pour ça que je l'ai rajouté après coup !
Moi aussi j'ai beaucoup aimé ce texte. Bonne soirée Brigetoun.
Juste le temps de passer pour saluer et dire que le texte me plait ;-)
amitiés.
j'ai beaucoup aimé cette histoire. Moi en ce moment j'aimerai pouvoir avoir plus de temps, je serais prête à l'acheter si c'était possible ! :-)
Elle est belle ton histoire ! mais nul besoin de courir après le temps, on se le donne que si on veut, bien sûr. Racheter le mauvais temps pas d'accord : temps vécu c'est temps gagné même le plus dur !
Amitiés
le vendeur de temps, comme ça tout de suite et sans réfléchir, je lui en achéterais, mais si j'y pense un peu plus, il est mieux de bien remplir celui qu'on a, sinon, avoir du temps ne sera plus du luxe, mais seulement quelque chose à remplir.
Buona notte
ben moi sincèrement, comme je le lui ai dit : je ne suis pas preneuse, j'en ai eu bien assez (sauf dans la vie de boulot bien sur)
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