Beau temps revenu sur Avignon. Le ciel de notre après-midi avait retrouvé sa clarté.

Je n'ai qu'un goût d'estime pour Carmen, un goût extrêmement modéré pour l'Arlésienne, j'ignore tout de la musique instrumentale de Bizet et je ne connaissais pas les Pécheurs de perles, alors que les enfants des écoles d'Avignon ont planché dessus.

Heureusement surprise par la musique simple et subtile à la fois. Délicatesse de la partie d'orchestre, bien mise en valeur par Vincent Barthe qui a une très jolie gestuelle en dirigeant. Quelques choeurs qui pourraient être chantés dans la rue.

Un joli décor, des costumes pleins de transparences raides évoquant plus les miniatures du Radjastan que Ceylan. Au ballet de l'opéra d'Avignon, plus sollicité que d'habitude, s'était jointe une jeune danseuse d'origine indienne Maria Kiram.

Il est dommage que le livret soit en français, vu sa qualité plus que médiocre qui est un peu gênante. Mais si je n'écouterai sans doute pas une autre fois cet opéra, la musique a du charme et de beaux passages. J'ai aimé le duo de Nadir (Antonio Figueroa dont j'aime beaucoup le timbre chaud) et Zurga (Marcel Varnaud décevant un peu à ce moment, qui s'est fort bien rattrapé à la fin) - la poésie de la scène nocturne au cours de laquelle se déclare l'amour entre Nadir et Leïla (Patrizia Ciofi, une voix, souple, claire, assurée) - le choeur condamnant les deux amants et surtout l'affrontement entre Zurga et Leïla qui m'a enfin emballée.

J'aurais dû en rester là. La fin m'a déplu. Étais-je lasse ? Les musiciens, dans la rue, m'ont dépassée.

Mais si je n'ignore plus les Pécheurs de perles, il m'a fallu découvrir dans ma messagerie une photo pour faire connaissance de Benjamin, qui est arrivé un peu plus tôt, ce mardi, parmi nous, dans ce monde. Je sais qu'un grand père transmetteur de nom, l'autre plus discrètement sont fiers et heureux comme s'ils avaient accompli un exploit. Et malgré cet outrage à la gent féminine, je te souhaite mon tout beau la très bien venue. Faute de mieux je t'offre le combien discret gazouillis des oiseaux d'une assiette - et m'en vais dîner en écoutant Croesus de Reinhard Keiser, musique qui me parle d'avantage que Bizet.