Pour sortir, vraiment par le haut, du billet d'hier, en vague écho, des passages bien aimés, de Montaigne, et, pour en rester à mon niveau, deux photos ridiculement emphatiques.
"La faiblesse de nostre condition fait que les choses, en leur simplicité et pureté naturelle, ne puissent pas tomber en notre usage. Les elemens que nous jouyssons sont alterez, et les métaux de mesme ; et l'or, il le faut empirer par quelque autre matiere pour l'accommoder à nostre service.
...
Des plasirs et biens que nous avons, il n'en est aucun exempt de quelque meslange de mal et d'incommodité,.....
Nostre extreme volupté a quelque air de gemissement et de plainte. Diriez vous pas qu'elle se meurt d'angoisse ? Voire quand nous en forgeons l'image en son excellence, nous la fardons d'epithetes et qualitez maladives et douloureuses : langueur, mollesse, foiblesse, deffaillance, morbidezza ; grand tesmoignage de leur consanguinité et consusbantialité."
mais ....."Je ne sçay s'il vouloit dire autre chose ; mais moy, j'imagine bien qu'il y a du dessein, du consentement et de la complaisance à se nourrir en la malancholie ; ... Il y a quelque ombre de friandise et delicatesse qui nous rit et qui nous flatte au giron mesme de la melancholie."
Pour ne pas s'y complaire tournons la page, et d'abord que j'avoue l'extrême plaisir que me font, outre la pensée de Michel de Montaigne, son orthographe.
Et je viens de me délecter avec le documentaire AK de Chris Marker sur le tournage de Ran : un quatuor de Takemitsu, une sympathie (au sens fort) pour Akira Kurosawa, son visage et son équipe, des moments d'affairement efficace au sein du chaos, les figurants en costume mélangés aux jeans, blousons et casquettes, se pressant autour des braseros, des moments de pure poésie, une grande beauté, et des Ucello animés.
14 commentaires:
quand le Japon et le Quattrocento se marient j'imagine bien ces "moments de pure poésie d'une grande beauté"
Très rigolo de lire ce vieux françois.
J'ai "RAN" en DVD et toujours pas vu... Donc je vais le regarder cette semaine !
Belle semaine et bisous !
OLIVIER
Chère Brigitte,
je t'ai emprunté deux photos, celle de la fresque avec le papi et la maman donnant le sein, belle photo !
Dis moi ton café s'appelle vraiment le "café Ségolène" ? ça me plairait d'avoir une photo, merci !
Merci pour tout !
Bises du luundi,
Olivier
l'orthographe de Montaigne, un plaisir supplémentaire.
Je te souhaite une très bonne semaine.
Une bonne semaine
Montaigne, je le revisite en ce moment..Bonne semaine Brig
"....Il y a quelque ombre de friandise et delicatesse qui nous rit et qui nous flatte au giron mesme de la melancholie....."
Oui, il y a des traces de plaisir dans la mélancolie .
C'est une chose que j'ai souvent observé en moi .
Mais , je me trompe peut être , il me semble que ce plaisir vient que dans une douleur pas trop violente , où nous ne perdons pas notre contrôle , nous avons la sensation d'être , de densité de vie , de poids , d'intensité.
je voulais juste remercier pour tout est passage fréquent et ta fidélité je te souhaite une bonne soirée à très bientôt
"Je ne sçay s'il vouloit dire autre chose ; mais moy, j'imagine bien qu'il y a du dessein, du consentement et de la complaisance à se nourrir en la malancholie ; ... Il y a quelque ombre de friandise et delicatesse qui nous rit et qui nous flatte au giron mesme de la melancholie."
criant de vérité, comme on se complait parfois, dans la demi-teinte, pas vraiment la tristesse ni le spleen, la mélancolie justement, joli mot passé de mode
En ce jour si spécial, puisque l'abolition de la peine de mort est aujourd'hui définitivement insctrite dans notre loi fondamentale, petit extrait de "punition de la couardise" (1595)
Mais quant à la couardise, il est certain que la plus commune façon est de la chastier par honte et ignominie. Et tient-on que cette regle a esté premierement mise en usage par le legislateur Charondas : et qu'avant luy les loix de Grece punissoyent de mort ceux qui s'en estoyent fuis d'une bataille : là où il ordonna seulement qu'ils fussent par trois jours assis emmy la place publicque, vestus de robe de femme : esperant encores s'en pouvoir servir, leur ayant fait revenir le courage par cette honte. (Suffundere malis hominis sanguinem quam effundere.)
Je ne sais absolument pas qui est Takemitsu, mais s'il est comme Kurosawa, il ne peut pas etre mauvais...
Au sujet de Montaigne, petite citation:
"Le monde n'est qu'une branloire pérenne."
Hello...
Il est pass"é à la télé le documentaire sur Ran ?
Je suis un grand fan de Kuroawa et là, vous me faites saliver...
pour la télé je ne sais pas, je ne l'ai pas - non c'est sur le DVD de Ran (en fait c'est un coffret de deux DVD)
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