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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, avril 02, 2007

le sujet des impromptus littéraires est cette semaine la musique, le texte devant commencer par "au pupitre le chef d'orchestre" et je réalise en écrivant cela que je n'ai pas vraiment suivi la consigne, la musique n'étant que sous-jacente http://impromptus.fr/dotclear


Au pupitre le chef d'orchestre après s'être incliné devant le public s'est redressé avec une aisance apparente, et retourné vers nous, les basques de son habit désuet suivant son mouvement avec grâce. Il nous a regardé longtemps, presque l'un après l'autre et j'ai senti l'attention de ce bizarre public se tendre, ce public composé de nos familles, des personnalités locales, de ses anciens admirateurs ou de ceux qui avaient entendu parler de lui.

Il nous regardait, nous offrait toute son attention.

Je savais qu'il avait conscience de la présence de ses anciens ennemis, que quelque part dans la salle se carrait l'auteur de l'article ironique sur le retour, des années après, de cette gloire présentée comme contestable, et de ces phrases sur les vieillards incapables de se résoudre à avoir été. Alors qu'il ne lisait plus rien depuis longtemps, son imbécile de fille, je le savais, lui avait donné le journal avec une délicieuse compassion.

Il nous regardait, nous soutenait du regard.

Il avait tenté de faire taire en coulisse celui qui venait lui annonce la présence de critiques "éminents" intrigués par cet orchestre amateur que le vieil homme aurait décidé de constituer, de former forcément avec exigence, lui qui traînait une réputation de tyran, perfectionniste et terrible, qui avait amené, il y a si longtemps, mais la légende perdurait, à leur plus superbe niveau d'exactitude et de musicalité les plus célèbres orchestres. Il nous avait désigné, un doigt sur la bouche, mais j'étais, comme toujours, à côté de lui et j'avais entendu.

Il nous regardait et ses sourcils se sont joliment levés, avec un peu d'ironie et nous nous sommes rappelés sa petite harangue, juste avant que nous envahissions la scène ; 'il n'y a pas d'enjeu, il n'y en a qu'un, la musique, aussi parfaite que nous le pourrons. Et puis, si - il y a le résultat de votre, de notre travail commun".

Il a regardé sa partition, sa baguette s'est levée et les cordes ont attaqué.

Je retenais un peu mon souffle, le piccolo posé sur le pupitre, la flûte serrée dans mes mains. Et je l'ai vu relever la tête vers nous avec un merveilleux sourire, tout son visage illuminé jusqu'à la petite couronne de gais cheveux blancs.

sans doute un de mes plus jolis flops, et j'aimais bien - pan !

6 commentaires:

Jean a dit…

J'adore !
Quelle vie , quelle intensité !
Je m'identifie à ce chef d'orchestre en lisant cette page !

Anonyme a dit…

Magnifique texte qui me va droit au coeur: j'ai deux enfants musiciens professionnels dont une flûtiste!! Tu décris admirablement bien ce court instant qui précède le concert. Merci!

Anonyme a dit…

On le vit, on est présent, on vibre !

Anonyme a dit…

Je ne sais pas si je t'ai déja avoué combien j'enviais ton aisance stylistique. Enfin, c'est chose faite. Bien entendu, c'est beau.

Beau métier qu' "il" fait...

Merci Brigetoun.

Anonyme a dit…

Il est super ton chef d'orchestre, autant que celui qui nous a dirigé ce week end.

Anonyme a dit…

Et vive la musique...