De vieilles photos récupérées parce que, exceptionnellement, elles sont peuplées. Et parce que au fil de lectures, de ruminations et en suivant la chemise bleue de l’homme qui marchait sur ma photo de samedi, me venait la bouillie suivante : En marchant, parfois, l’autre jour, surtout quand mon mal être me rends plus réceptive, je prends conscience de ceux que je croise, la femme de dos, le vieillard avec lequel je crois échanger un regard, les groupes qui discutent, des vies dont je ne connais rien. Que flotte-t-il à la conscience, ou en dessous, de ces gens ? Leur apparence peut inciter à les classer, mais ne dis rien en fait sur eux, et moins encore sur d’éventuelles pensées ; leurs mimiques peuvent être une réaction aux sensations ou aux idées qu’ils croient avoir à ce moment, mais cela s’arrête là.
Vertige, un peu. Alors, en fait, nous considérons le plus souvent ces êtres humains que nous croisons comme des « gens », que nous cataloguons un peu d’un clin d’œil si nous en avons l’envie et le temps, des éléments de ce milieu, cet environnement, dans lequel nous glissons. Mais si je vais pensant à eux, m’interrogeant, eux, volontairement ou parce qu’on ne peut faire autrement, pensent en ce même moment. Sans doute une chose qui me semblerait totalement anodine, ou que je ne comprendrais pas. Mon incapacité à connaître qui fait que je me suis toujours trompée sur les autres, pas automatiquement sur leurs actes ce qui me permet l’action si l’envie, par un hasard miraculeux m’en prend, mais sur leurs goûts, autres qu’affichés, leurs relations entre eux, autres qu’évidentes, la visibilité que j’ai ou non pour eux.
Tremblement, un peu encore maintenant, même si l’absence d’enjeu m’a libérée, en pénétrant dans un salon, en abordant un groupe. Ma naïveté qui me fait déborder, parfois, dans un désir d’échange, de la réserve qui veut qu’on n’évoque ni ses goûts ni ses opinions, en risquant d’effleurer, ou d’approcher, ce qui peut être baptisé l’essentiel. Mon bavardage stupide, qui se voudrait un appel, devant de pauvres personnages qui n’en demandent pas tant - et bien sûr je ne peux supporter ceux qui se comportent ainsi. Nos mensonges, notre façon de nous mettre en scène, même si nous tentons, d’ordinaire, d’approcher de la lucidité. Un reste de l’adolescente exaspérante que ses amis désignés ennuyaient, et qui tentait de s’immiscer dans les groupes d’adultes.
Vertige, un peu. Alors, en fait, nous considérons le plus souvent ces êtres humains que nous croisons comme des « gens », que nous cataloguons un peu d’un clin d’œil si nous en avons l’envie et le temps, des éléments de ce milieu, cet environnement, dans lequel nous glissons. Mais si je vais pensant à eux, m’interrogeant, eux, volontairement ou parce qu’on ne peut faire autrement, pensent en ce même moment. Sans doute une chose qui me semblerait totalement anodine, ou que je ne comprendrais pas. Mon incapacité à connaître qui fait que je me suis toujours trompée sur les autres, pas automatiquement sur leurs actes ce qui me permet l’action si l’envie, par un hasard miraculeux m’en prend, mais sur leurs goûts, autres qu’affichés, leurs relations entre eux, autres qu’évidentes, la visibilité que j’ai ou non pour eux.
Tremblement, un peu encore maintenant, même si l’absence d’enjeu m’a libérée, en pénétrant dans un salon, en abordant un groupe. Ma naïveté qui me fait déborder, parfois, dans un désir d’échange, de la réserve qui veut qu’on n’évoque ni ses goûts ni ses opinions, en risquant d’effleurer, ou d’approcher, ce qui peut être baptisé l’essentiel. Mon bavardage stupide, qui se voudrait un appel, devant de pauvres personnages qui n’en demandent pas tant - et bien sûr je ne peux supporter ceux qui se comportent ainsi. Nos mensonges, notre façon de nous mettre en scène, même si nous tentons, d’ordinaire, d’approcher de la lucidité. Un reste de l’adolescente exaspérante que ses amis désignés ennuyaient, et qui tentait de s’immiscer dans les groupes d’adultes.
Et puis les moments de grâce, comme un dialogue lent entre deux lettrés chinois (pourquoi, ne sais) les pieds au chaud, la barbe transparente, un verre de thé ou de choum devant eux, deux gars sur un banc, un couple, ou des frères et sœurs, ou des coéquipiers, dans le sport ou le travail, qui n’ont plus besoin de mots, mais qui, justement, un jour, décident tout de même de recourir aux mots. Un groupe, à l’âge des études, refaisant le monde à partir d’une chambre, avec ceux qui tranchent et ceux qui réagissent pour le principe, et même si, alors encore, les mots veulent mentir, ou le font contre la volonté de ceux qui s’en servent, de ces petits chocs, de ces petites montées à l’unisson, des césures, interruptions, bifurcations, nait quelque chose, qui diffère pour chacun, mais qui, touche après touche, nous fait.
Et je tournais allègrement en rond, dans la marre de ce qui me sert de cerveau, en ce dimanche matin un peu grisâtre, dans ma cour, et je notais mes divagations pensant que je pourrais arriver, je ne savais où, futilement. Et una vez màs je suis rentrée pour faire du café.
Et je tournais allègrement en rond, dans la marre de ce qui me sert de cerveau, en ce dimanche matin un peu grisâtre, dans ma cour, et je notais mes divagations pensant que je pourrais arriver, je ne savais où, futilement. Et una vez màs je suis rentrée pour faire du café.
9 commentaires:
ton billet me rappelle juste qu'il faut m'ouvrir davantage au monde des vivants que je ne comprends guère...
Et parfois l'autre en face, il pense exactement la même chose que toi avec une formulation tellement différente que la dispute serait obligatoire.
Et quand tu riiis je riiiis aussiiii, tu aimes tant la viiiie ! Pardon ça m'a échappé, une chanson que j'adore ! Ce texte est très juste, je serais effrayé que chacun aille sans rien penser, mais les ventes de lexomil prouvent le contraire. Bonne journée Brigetoun,
Un billet de réflexion dans lequel je me retrouve un peu, me posant beaucoup de questions au sujet des gens que je rencontre dont l'apparence re reflète pas forcément les pensées.
Grand MERCI pour le "tuyau" que tu m'as donné ce matin à propos des commentaires "qui ne voulaient pas passer sur mon blog". J'ai fait et CA MARCHE.
il me semble que c'est pour beaucoup un moment d'errance dans un tissu humain inconnu , ces gens, oui, que pensent-ils ou que sont-ils prêts à penser dans ce tourbillon imprévu , ces jeux de passe passe , ces je t'aime moi non plus...et moi ? que puis-je encore penser ? de ce qui va venir?
je rejoins Siréneau et tanette et je crois m'être exprimée ainsi dans le billet précédent !
Belle profondeur dans ce message aujourd'hui, Brigetoun!
C'est tellement vrai que nous circulons parfois en surface mais qu'il suffit de s'interroger quelques instants pour s'ouvrir à l'autre... Les artistes sont souvent plus sensibles à ces non-dits, ces souffrances refoulées chez l'autre, ces joies qu'on n'ose pas étaler de peur de se faire pointer du doigt mais il faut oser aborder l'autre en soi-même pour qu'il nous accepte également. Une belle inspiration!
Si je puis me permettre cette critique, je trouve, Brigetoun, que tu es bien injuste avec toi-meme... Ce qui tendrait a prouver que nous sommes de mauvais juges de nos vies.
Ma chère Brigitte,
Voilà un de tes textes les plus profonds que j'aime beaucoup. Même si une fois de plus tu te mets trop en retrait.
Le problème aujourd'hui de notre sociétéé donc des gens, c'est la communication ! mais la vraie, pas celle plus ou moins vraie du net. Il est temps de revenir à du respect entre nous. Et surtout se sourire, se dire "bonjour", etc...
Revenir 30 ans en arrière par exemple qd j'allais chez ma grand-mère en plein centre-ville, où elle m'attendait assise devant chez elle discutant avec ses voisins. C'était chouette !
Gros bisous,
OLIVIER
Tous les gens sur les photos ont-ils donné leur accord pour publiation sur le net?
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