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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, mai 29, 2007

Le sujet des impromptus littéraires était : n’importe quoi avec « 2155 » dans le texte, et j’ai triché en ajoutant un point (http://impromptus.fr/dotclear)


Je reviens à la surface de ma vie en frissonnant un peu, le serein (je m’amuse que ce mot me vienne) est tombé sur mes épaules et l’herbe est légèrement humide. J’ai dû m’endormir, et ne m’en souviens pas ; je reste un peu les yeux perdus dans ce noir qui doit être le fleuve, et le bruit des feuilles, dans un petit reste de vent, peu à peu, me parvient. Le noir en fait ne l’est pas, et dans la lumière qui vient de la ville ou qui émane des choses, le monde qui m’entoure reprend une forme un peu étrange, juste un souvenir. C’est beau.
Mais au bout d’un moment je me lève et me tourne vers la ville. Je marche dans la nuit et j’entre dans les rues. Je m’entends marcher. Les maisons se sont fermées sur leur vie et les noctambules doivent être arrivés sur leurs terrains. Je rythme mes pas en fredonnant « tard, tard, il est tard ».
Sur le trottoir, devant l’Oratoire, des silhouettes jeunes discutent. Je croise le regard d’un barbu un peu joufflu, avec de jolies boucles enfantines, et stupidement je romps brièvement leur colloque et ma douce solitude en demandant « l’un d’entre vous a-t-il l’heure ? »
La blonde boulotte, corsage offert dans une dentelle faussement enfantine me toise, la grande fille sourit joliment, des regards agacés, bovins, ou absents, et puis un grand geste pour regarder une superbe montre qui s’exhibe, et le garçon lit platement ce qui est sous ses yeux « 21.55 ».
Je remercie et je repars, ma comptine devenue « il est près de dix heures, rentrez les grands-mères » mais en même temps je rêve de rouages, d’échappement, de cadrans ronds avec de jolies aiguilles dont il fallait apprendre le sens, d’oignons pendus sur la poitrine tendue des hommes installés, de la jolie châtelaine de ma grand-mère qui n’a jamais marché, des montres des premières communions et du temps où 12 heures se disaient midi ou minuit. Où l’on travaillait du matin au soir, mais où la précision n’avait pas de sens
.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Un joli texte avec jolie photo

Bisous
Françoise

Anonyme a dit…

Ce serein d'autrefois tombé sur tes épaules, s'est rajeuni en zen, que l'on dit aujourd'hui.
Bon Avignon cette semaine.
Ici grand vent, à rendre fou, comme celui d'ailleurs, que l'on appelle "d'autan"

Anonyme a dit…

Immédiatement, en lisant ta prose sublime, j'ai pensé au texte de l'horloge de baudelaire, dans "les fleurs du mal", dont je copie-colle la seconde partie...

Remember! Souviens-toi! Prodigue! Esto memor!
( Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi,
Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi!
La gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide,

Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encore vierge,
Où le Repentir même ( oh! la dernière auberge! ),
Où tout te dira : Meurs vieux lâche! il est trop tard!

Brigetoun a dit…

ô Bruno je suis partagée entre le plaisir de ton passage et mon goût pour ces vers et puis le fait que depuis ce matin je me dis il faut po si ti ver !

Anonyme a dit…

Ne pas se préoccuper de l'heure, quel bon"heure"

Anonyme a dit…

@ Brigetoun : Entierement d'accord. Po-si-ti-vons !

(content, moi aussi, de te retrouver)

micheline a dit…

"depuis ce matin je me dis il faut po si ti ver ! "
faut-il donc tant le redire??et toujours à redire ...
comme
"la pendule d'argent qui ronronne au salon
qui dit oui, qui dit non...et puis qui nous attend.."

Anonyme a dit…

Chère Brigitte,
Encore une fois je savoure ton beau texte. Où est cette belle blonde ? ;)
Merci pour ton soutien !
Bises,
Olivier

tanette a dit…

Ô temps suspend ton vol... et po-si-ti-vons. Bonne semaine.

Anonyme a dit…

évidemment po-si-ti-vons hé hé !! je reviens après une petite absence pour lire une nouvelle fois avec grand plaisir.
Bon début de semaine Brig

Anonyme a dit…

Il est minuit moins 1/4 Brig, j'ai aimé, comme d'habitude, ce tour chez vous.
Bonne nuit, à demain...

P.S. Merci pour vos messages chez moi, je me suis "embarqué" dans une une nouvelle campagne comme vous avez sans doute pu voir...