La berline de Vivien s’est arrêtée au bord de la route. Il avait décidé que l’on ne se fierait pas aux auberges, dans cette campagne aussi rogue que belle.
Ils sont descendus, ont redressé leurs dos ; les femmes ont donné des coups de pied dans leurs jupes pour récupérer leurs jambes.
Antoine, le palefrenier est revenu : le fermier prêtait sa terrasse sur la vallée et une table. Muets, les yeux perdus dans le paysage étalé, que la lumière bleutait légèrement, ils se sont avancés. Aurélie a remercié leur hôtesse, Magalie lui a souri.
Ils se sont installés, Angélique Marie insistant pour que les deux gars, le cocher et Antoine s’asseyent avec eux.
La bourriche était superbe…
Bon, il me fallait trouver un usage pour cette mallette de piquenique.
Le trajet de Vivien et des trois femmes vers Marseille la justifiait encore. Ce que ne font plus les autoroutes et les cafétérias, le monde d’ »Autoroute » de François Bon que je lisais cette nuit, y retrouvant l’admiration pour leur dessin, que je ressens encore, comme au temps où seule existait l’autoroute de l’ouest, tournant autour de la cité universitaire, en épousant la forme, avant de filer vers Orly.
Je déteste la voiture, et j’ai sans doute fait un peu moins d’une dizaine de trajets longs en trente ans, ce qui me donne un regard de huron sur le paysage transformé en parc inaccessible mais si décoratif, les ouvrages d’art, les longues courbes tendues.
« On passait un haut de côte, et puis une grande descente avec le sentiment, un instant de flotter. Des variations lentes de paysage, de plaines à collines, et ces vieux villages perchés loin, tel château juste aperçu, ou la lente trace d’un tracteur dans les champs… »
Et, dans la bouche du responsable de l’hydrographie des routes : … »l’autoroute quand elle longe tel fleuve puissant et les variations de l’eau dans les saisons quand elle s’élève et s’épaissit toute grise et qu’on dirait que le ciment de la route participe d’une même violence à rebours, ou bien que le fleuve s’alanguisse aux temps plus cléments et que la route alors semble venir comme à s’y rafraîchir et épouser les courbes toutes liquides…… si j’aime mon métier qui pourrait me le reprocher ? »
Pas moi
et ce soir, outre une saine colère, trop longue, peut-être jouée mais certainement pas complètement j'ai appris que dans le joli monde imaginaire de Nicolas Sarkozy, où l'on décide de faire des heures supplémentaires, nous pairons plus chers les produits américains, taxés pour non respect du protocole de Kyoto.
10 commentaires:
comment ne pas regretter le temps des berlines, des chemins cahoteux et même de la poussière?un temps où tout allait moins vite et où l'on prenait peut être encore soin de la qualité de vie...
Je croise les doigts pour ne pas avoir à croiser le fer !
moi j'aime le train, partout, tout le temps.
l'autoroute a un côté inhumain, chacun enfermé dans sa petite nacelle...
ce n'était pas anonyme, c'était moi!
Juste de passage à pieds, pour te souhaiter un bon week-end... et la réalisation de tous tes voeux.
La colle, c'est lui ! Mettre le son...et écouter !
http://www.leoferre.net/et%20basta.htm
J'ai regardé le fleuve le long de l'autoroute, il m'a apaisé.
Ma chère Brigitte de tout coeur avec toi !
Grosses bises,
Olivier ;)
moi aussi, quand je me déplaçais, je préférais le train. Voilà pourquoi je découvre les autoroutes avec des années de retard, maintenant que je suis toute contente qu'on me prenne en charge, et qu'en outre avec le TGV il devient difficile d'aller où l'on veut
"Saine" colère: est-ce contagieux, ma soeur?
"Monde imaginaire" de S?,pas si imaginaire que ça , avec un bon veto à la "bouche" le monde est à vous!!!!
Pour aller à la Préfecture
Prends la route numéro trois
Tu suis la file des voitures
Et tu t'en vas tout droit, tout droit...
C'est un billard, c'est une piste,
Pas un arbre, pas une fleur,
Comme c'est beau, comme c'est triste,
Tu feras du cent trente à l'heure
Mais moi, ces routes goudronnées,
Toutes ces routes
Me dégoûtent,
Si vous m'aimez, venez, venez,
Venez chanter, venez flâner
Et nous prendrons un raccourci :
Le petit chemin que voici...
Ce petit chemin... qui sent la noisette
Ce petit chemin... n'a ni queue ni tête
Ahhh, que Mireille me manque...
Quant à la colere de Royal, je ne la crois pas surfaite. Lorsque l'on revisionne les images, on la sent bien trop naturelle, alors que lorsqu'elle récite un texte appris, cela se voit.
Sarkozy, hier soir, une fois de plus, m'a fait peur.
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