le sujet des impromptus littéraires http;//impromptus.fr/dotclear, était "les chemins vers la paix", mais avec en arrière fond la semaine d'ATD quart-monde, qui m'est chère. Mais j'avais ce matin une furieuse envie de m'éloigner des difficultés actuelles et à venir dans notre monde contemporain. Alors pochade, au réveil lundi matin
L’était un fils de seigneur, un peu mal-élevé mais qui ne le savait guère, les jeunes compaings élevés avec lui, pleins de leur amitié éblouie et de celle qu’il leur rendait, ses familiers, étant bien incapables de le lui dire, s’ils en avaient eu conscience.
L’étaient des marchands qui l’aimaient bien, quand lui et ses gentils coquins ne commettaient pas trop de dégât.
L’étaient les artisans et leurs apprentis qui le craignaient un peu de loin, mais aimaient le voir plaisanter, et se garaient avec prudence de sa garde.
L’étaient de gentes femmes qui vaquaient à la prospérité de leur maison, et qu’il ne concernait pas, de folles filles qui courraient à ses fêtes, quelques saintes filles ou garces décidées qui soignaient et consolaient les petites gens.
A la lisière des villes et des villages, dans de vieilles maisons pressées entre les églises et les marchés, près des couvents, l’étaient les manouvriers avec ou sans patrons qui courraient après les ouvrages de quelque nature que ce soit, qui s’inventaient récupérateurs de vêtements, faiseurs de soupe, mendiants, vignerons quand il le fallait, ou porte faix, ou rien, ou parfois futurs amants de la corde, détrousseurs ou vendeurs d’illusions ou de reliques, hommes de mains ou sbires, marchant pieds nu, mangeant quand ils le pouvaient, buvant dès que l’occasion se présentait du mauvais vin ou de la petite bière pour se donner force et chaleur.
L’étaient dans les bois, celles et ceux qui n’avaient plus de toit, les rescapés des guerres passées, les serfs chassés.
C’était un beau fief, bien ordinaire. Mais, au grand désarroi des quelques poètes de la cour seigneuriale, de l’abbé et des petits frères infirmiers, la colère était grande entre tous ces braves gens et surtout chez les derniers, mais eux personne ne s’en souciait.
Un jour le vieux seigneur, après longue vie de rapines bienveillantes, fut trouvé mort, sous le poids de son grand âge. Son fils pleura, avec une piété admirable. L’encens et les psaumes furent jetés au vent. Et le peuple, sauf ceux qui cherchaient leur pitance, ou se soignaient, ou que leur colère rendait indifférents à ces prières et fêtes, se réunit autour de la petite cathédrale. Sorti sur les marches, le nouveau seigneur salua ses sujets, leur donna son amour, parla des échauffourées qui animaient régulièrement les rues et les campagnes entre gens de peu et gens d’armes, leur demanda de rechercher des chemins vers la paix.
Les petits frères infirmiers ou nourriciers voulurent y croire, tout à leur amour, les marchants prêchèrent à leur domesticité la nécessité de la concorde sous leur direction, les gentes femmes continuèrent à vaquer.
Les gens des forêts, des faubourgs, en entendirent parler, redressèrent la tête et s’interrogèrent sur ce que cela voulait dire. Mais comme le seigneur, ses compaings et ses hommes d’armes passaient pour chasser, comme les jours se suivaient et qu’ils continuaient à se nourrir d’herbes et de miel volé, ils pensèrent que des chemins vers la paix pour eux, il n’y en avait guère..
Et puis le jeune seigneur se prit de querelle avec son voisin.
9 commentaires:
tu me donnes souvent l'occasion de découvrir et de travailler mon inculture, ainsi "compaing" que je ne connaissais pas ... merci et bonne journée Brig !
Pour faire suite à Mariel, moi pour une fois je connaissais ce mot ancien.
Commentaire peut-être décalé mais très significatif.....
Laurent Fabius s'est installé dans une loge de France 2 pour suivre tranquillement l'intervention de Ségolène Royal. Dans quelques minutes, il interviendra pour expliquer sévèrement : "Nous n'avons pas convaincu suffisamment que notre candidate pouvait être chef de l'Etat." Mais, pour l'heure, "notre candidate" apparaît sur les écrans, radieuse.
Haussement de sourcil de l'ancien rival qui dit : "Elle a l'air de vouloir continuer dans cette voie… Mais si on adopte aux législatives la même méthode qu'à la présidentielle, ce sera la même chose. En pire !" Sur l'écran, devant lui, "notre candidate" évoque pourtant, très souriante, "d'autres victoires" à venir. "D'autres victoires ?, s'étonne M. Fabius, mais il me semble pourtant que ce soir est une défaite…" A deux pas, son conseiller, Guillaume Bachelay reçoit sur son téléphone portable, des dizaines de textos de fabiusiens, furieux : "A-t-elle compris qu'elle a perdu ?" Mais, ce soir, Laurent Fabius a décidé d'attendre son heure : "Demain, ce sera la douche froide."
Les féodalités, le servage, l'exploitation, le travail pour rien, nos ancetres, en déclarant l'abolition des privileges, croyaient vraiment qu'ils allaient mettre a bas ce systeme. Mais il y eu toujours des castes puissantes. Jamais nous n'avons réussi a mettre en oeuvre les promesses et croyance en un bonheur que le règne de la liberté aurait assuré à la République...
Quoi qu'il en soit, tres beau billet, comme d'habitude.
"L'était" un jour où j'ai croisé ton blog, toi, ton écriture, ta culture.
Et depuis ce jour je suis un immense admirateur de tes talents.
Je t'embrasse Brigitte et merci !
Olivier
oui Villard j'avais lu. Et on ne peut donner tort à Fabius et à ceux qui ont réagi ansi. Je ne l'ai vue qu'après. Pour le moment les législatives, avec comme pilote François Hollande, c'est son boulot (et il parait qu'il aime ça - il a été un rien privé)
un blog culturel ...
quand j'apprécie , je laisse un commentaire et je reviens
merci et très bonne soirée
merci
quel beau texte!
et oui, finalement certaines choses ont changé au fil du temps, d'autres non...
les riches gouvernent, les pauvres courbent l'échine, parfois ils croient possible de modifier leurs destins, mais le capital veille
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