« Ne t’étonne, Damer, de voir la conscience,
L’honneur qu’on doit aux loix, la foy ni la raison,
Non plus que des habits qui sont hors de saison,
N’estre point approuvés parmi la bien-séance.

Ne t’étonne de voir mépriser la science,
L’impiété par tout épandre son poison,
Et l’Etat, dépité contre sa guérison,
Courir à sa ruine avec impatience.

Ne t’étonne de voir le vice revestu
Des mesmes ornements qui parent la vertu,
La richesse sans choix injustement éparse.

Si le monde fut pris des plus judicieux
Pour une comédie au temps de nos ayeux,
Peut-estre qu’à présent l’on veut jouer la farce. »

Et Racan ne fut pas, je crois, immortel ! Retrouvant, dimanche, sur http://blog.lignesdefuite.fr/, Girard de Saint-Amant et le sonnet de la paresse « accablé de paresse et de mélancolie.. », je me suis souvenue de mon goût pour ces poètes, et n’ayant plus de recueil, m’en suis allée à leur recherche sur le site de la BNF. J’y ai trouvé Saint-Amant, bien sûr, mais surtout Malleville, Rocrou, Maynard un peu et beaucoup Honorat du Bueil, sieur de Racan, pour ce sonnet – et puis j’ai survolé les Bergeries, en picorant, comme les aveux d’Artenice, navrée que « l’honneur, cruel tyran des passions » l’entrave, alors que :
« … dans ces prez que borde la rivière,
Que j’entendis de loing sa musette et sa voix,
Qui troubloit doucement le silence des bois
…
Je passay tout le front par-dessus un buisson,
Du costé d’où venoit cet agréable son.
De quel aymable traict fut mon âme blessée,
Quelle timide joye entra dans ma pensée,
Lorsque j’en vy l’auteur sous un chesne écarté… »
A propos de rien, j’aime bien.

Comme à propos de rien des photos, traces de mon cheminement mardi matin.