Une photo comme ça, encore une fois. Ou pour le novice qui, cet après midi, un peu avant que la révolution vide Saint Louis, lisait en cachette, psautier à proximité, « le crocheteur borgne » de Monsieur de Voltaire (oui encore lui) :
« Il vit par hasard passer dans un char brillant une grande princesse qui avait un oeil de plus que lui, ce qui ne l'empêcha pas de la trouver fort belle; et, comme les borgnes ne diffèrent des autres hommes qu'en ce qu'ils ont un oeil de moins, il en devint éperdument amoureux. On dira peut-être que, quand on est crocheteur et borgne, il ne faut point être amoureux, surtout d'une grande princesse, et, qui plus est, d'une princesse qui a deux yeux. Je conviens qu'on a bien à craindre de ne pas plaire; cependant, comme il n'y a point d'amour sans espérance, et que notre crocheteur aimait, il espéra. Comme il avait plus de jambes que d'yeux, et qu'elles étaient bonnes, il suivit l'espace de quatre lieues le char de sa déesse, que six grands chevaux blancs traînaient avec une grande rapidité. La mode dans ce temps-là, parmi les dames, était de voyager sans laquais et sans cocher, et de se mener elles-mêmes; les maris voulaient qu'elles fussent toujours toutes seules afin d'être plus sûrs de leur vertu, ce qui est directement opposé au sentiment des moralistes, qui disent qu'il n'y a point de vertu dans la solitude. Mesrour courait toujours à côté des roues du char, tournant son bon oeil du côté de la dame, qui était étonnée de voir un borgne de cette agilité. »
Et je ne sais pour le novice, mais ce ton m’a mis, une fois encore, d’une humeur délicieuse.
« Il vit par hasard passer dans un char brillant une grande princesse qui avait un oeil de plus que lui, ce qui ne l'empêcha pas de la trouver fort belle; et, comme les borgnes ne diffèrent des autres hommes qu'en ce qu'ils ont un oeil de moins, il en devint éperdument amoureux. On dira peut-être que, quand on est crocheteur et borgne, il ne faut point être amoureux, surtout d'une grande princesse, et, qui plus est, d'une princesse qui a deux yeux. Je conviens qu'on a bien à craindre de ne pas plaire; cependant, comme il n'y a point d'amour sans espérance, et que notre crocheteur aimait, il espéra. Comme il avait plus de jambes que d'yeux, et qu'elles étaient bonnes, il suivit l'espace de quatre lieues le char de sa déesse, que six grands chevaux blancs traînaient avec une grande rapidité. La mode dans ce temps-là, parmi les dames, était de voyager sans laquais et sans cocher, et de se mener elles-mêmes; les maris voulaient qu'elles fussent toujours toutes seules afin d'être plus sûrs de leur vertu, ce qui est directement opposé au sentiment des moralistes, qui disent qu'il n'y a point de vertu dans la solitude. Mesrour courait toujours à côté des roues du char, tournant son bon oeil du côté de la dame, qui était étonnée de voir un borgne de cette agilité. »
Et je ne sais pour le novice, mais ce ton m’a mis, une fois encore, d’une humeur délicieuse.
4 commentaires:
je conviens que ce passage est excellent et que de lire de l'excellent met d'humeur délicieuse, merci de m'en avoir fait profiter et bon début de semaine Brig !
Oui l'Amour est permis à tout le monde !
Merci Brigitte pour cet excellent texte !
Passe une belle semaine et je suis là !
Bises,
Olivier ;)
rendons avec toi hommage à Voltaire et à son écriture qui ne peut que me mettre d'excellente humeur à chaque lecture...bonne journée Brig
"Nos deux yeux ne rendent pas notre condition meilleure. L’un nous sert à voir les biens, et l’autre, les maux de la vie"
Oui, décidemment, le crocheteur borgne reste un texte magnifique, et le passage par toi choisi est un bijou du genre.
Cela ne suffit pas, cependant, a me rendre heureux : il a plu toute le journée, et je n'aime pas la pluie.
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