comment être trop longue avec une journée preque vide.
L’air était léger, doux et chaud, samedi matin, de quoi panser les dégâts qu’ont subis certains vauclusiens (enfin pas les vignerons ou les producteurs de fruits, là c'est sans remède).Une envie de danse, et de jupes virevoltanteEn allant faire provision de pates cuites, j’étais un peu déstabilisée par mon brusque passage aux talons hauts qui appellent de grands pas et la relative étroitesse de ma jolie robe au mollet, puisque définitivement les minijupes ne sont plus de mon âge, mais le cœur y était.
Et pendant qu’un petit tout léger vent s’amusait avec mes cheveux et que le soleil caressait ma joue qui me disait son bonheur, j’ai baigné mes yeux dans un ciel redevenu bleu. Juste une petite idée, y-a-t-il un rapport entre notre ciel et notre enthousiasme, enfin celui de la majorité dont comme toujours je ne suis pas, pour suivre et presque précéder la vague bleue. Déchirant !
Et pendant qu’un petit tout léger vent s’amusait avec mes cheveux et que le soleil caressait ma joue qui me disait son bonheur, j’ai baigné mes yeux dans un ciel redevenu bleu. Juste une petite idée, y-a-t-il un rapport entre notre ciel et notre enthousiasme, enfin celui de la majorité dont comme toujours je ne suis pas, pour suivre et presque précéder la vague bleue. Déchirant !
Dans l’après midi, jouant avec l’idée de m’attaquer à ma montagne de repassage, j’écoutais la célébration de Julien Gracq sur France Culture, et un passage, je crois, de « La littérature à l’estomac » devenue un rien consensuel, qui n’était pas ceci, s’agissant là de l’écriture ou plus exactement d’une sorte d’écriture.
… l’abandon total au " caractère inépuisable du murmure ", à la dictée intérieure, y doit se doubler d’un effort de tous les instants, et qui réclame, lui, l’attention la plus soutenue, pour desserrer les mâchoires du langage, pour paralyser ses mécanismes moteurs, toujours prêts à se substituer à la pensée qui lâche la bride. Une langue, et surtout une langue qui comme la française a beaucoup servi (il s’agit ici de son usage littéraire) tend à ressembler de plus en plus à un système compliqué d’aiguillages entrecroisés – où le mécanicien aux yeux bandés, beaucoup plus souvent que de provoquer quelqu’une de ces magnifiques catastrophes de locomotive renversée dans la forêt vierge dont rêve Breton, risque, plus banalement encore que d’autres, d’aboutir au cul-de-sac ensommeillé d’une voie de garage…
Et je retrouve la timidité que l’élève de terminale, que je fus, éprouvait devant lui, si je rencontrais de ses lecteurs passionnés. Curieuse et avide d’un peu tout, des pavés à la mode dans les salons à Butor ou autres, j’éprouvais devant lui une crainte, une distance, un peu comme le sentiment de ne pas être digne de son exigence. Je ne sais d’ailleurs pourquoi ;
J’ai un souvenir vague et agréable du Château d’Argol, mais d’avoir senti aussi que je le lisais mal, un souvenir d’ennui du Balcon en forêt, je l’avoue, ennui qui devait venir surtout de moi, du moins de mon moi d’alors. Mais pourtant j’avais été séduite par la Presqu’île, seulement, même là, la trace est plus un souvenir d’avoir aimé qu’autre chose. Je devrais relire, ou, pour tout le reste de l’œuvre, lire. Ce que je constate en écoutant le cher Jacques Ralite et surtout en flânant sur le site que lui consacrent les éditions Corti, pêchant des brides, comme : .
« Aspects paradisiaques de la terre cultivée dans l'ïle Batailleuse ; les cultures même semblent l'objet d'un choix décoratif : plantes luxuriantes à haute tige, maïs, tabac, osier, chanvre, dont les petites futaies vertes secouent dans le vent l'odeur grisante, entêtante. La belle fourrure des saules, qui reborde l'île de petit gris comme une pelisse étalée. «
Et le repassage ne fut pas fait. Ne faut compter sur aujourd’hui, où je vais compter les électeurs.
Un solo de Tayeb Benarama, qui s’approprie cette technique et dont le physique de pâtre méditerranéen colle au thème. Un moment de transgression extrême : les danseurs fumant et amusement de constater que certains n’avaient pu s’y résoudre et mimaient cette horrible action.
Et aux quelques passages où mon attention faiblissait je levais les yeux vers mes chers platanes.
… l’abandon total au " caractère inépuisable du murmure ", à la dictée intérieure, y doit se doubler d’un effort de tous les instants, et qui réclame, lui, l’attention la plus soutenue, pour desserrer les mâchoires du langage, pour paralyser ses mécanismes moteurs, toujours prêts à se substituer à la pensée qui lâche la bride. Une langue, et surtout une langue qui comme la française a beaucoup servi (il s’agit ici de son usage littéraire) tend à ressembler de plus en plus à un système compliqué d’aiguillages entrecroisés – où le mécanicien aux yeux bandés, beaucoup plus souvent que de provoquer quelqu’une de ces magnifiques catastrophes de locomotive renversée dans la forêt vierge dont rêve Breton, risque, plus banalement encore que d’autres, d’aboutir au cul-de-sac ensommeillé d’une voie de garage…
Et je retrouve la timidité que l’élève de terminale, que je fus, éprouvait devant lui, si je rencontrais de ses lecteurs passionnés. Curieuse et avide d’un peu tout, des pavés à la mode dans les salons à Butor ou autres, j’éprouvais devant lui une crainte, une distance, un peu comme le sentiment de ne pas être digne de son exigence. Je ne sais d’ailleurs pourquoi ;
J’ai un souvenir vague et agréable du Château d’Argol, mais d’avoir senti aussi que je le lisais mal, un souvenir d’ennui du Balcon en forêt, je l’avoue, ennui qui devait venir surtout de moi, du moins de mon moi d’alors. Mais pourtant j’avais été séduite par la Presqu’île, seulement, même là, la trace est plus un souvenir d’avoir aimé qu’autre chose. Je devrais relire, ou, pour tout le reste de l’œuvre, lire. Ce que je constate en écoutant le cher Jacques Ralite et surtout en flânant sur le site que lui consacrent les éditions Corti, pêchant des brides, comme : .
« Aspects paradisiaques de la terre cultivée dans l'ïle Batailleuse ; les cultures même semblent l'objet d'un choix décoratif : plantes luxuriantes à haute tige, maïs, tabac, osier, chanvre, dont les petites futaies vertes secouent dans le vent l'odeur grisante, entêtante. La belle fourrure des saules, qui reborde l'île de petit gris comme une pelisse étalée. «
Et le repassage ne fut pas fait. Ne faut compter sur aujourd’hui, où je vais compter les électeurs.
Et vers neuf heures et demie j’ai suivi la rue Joseph Vernet vers les Célestins, presqu’un prologue au Festival. Les flammèches rose pâle du ciel exaltaient la teinte des tuiles, et la lumière frisante semblait sourdre des façades. Le récurage, la réfection de l’église des Célestins ressortait plus abruptement dans la fin du jour, entre maquette et os de seiche et j’ai espéré que l’intérieur de l’église était resté dans son état de décrépitude extrême, pour servir de cadre au spectacle de Castelluci et que le cloître serait gardé en l’état, même si le contraste est saisissant.
Il s’agissait d’une création du ballet « Présence » chorégraphie de Tayeb Benamara sur une intention un rien ambitieuse « J’ai une utopie, celle de croire que les citadins peuvent vivre en paix avec leur environnement et avec la part naturelle de chacun… ressentir une émotion oubliée, mise de côté, une présence ».
Le cadre les servait, qui est irrésistible à mes yeux, flatté par de jolis éclairages. Un spectacle sympathique, entre jeux et leçon de danse au début, entre tenues de plage et longueurs romantiques, classicisme et traces de hip hop. Des symboles point trop insistants, contact des pierres et des troncs, petits tas de riz.
Un chauve en charge du rôle de l’hurluberlu, se singularisant peu à peu par sa danse souple, énergique, hip hop dépassé, qui s’est révélé être la vedette invitée Aragorn Boulanger, gracieux serpent à corps d’homme, ou Pierrot égaré, ou carcasse secouée, ou ascète hindou. Contraste entre la technique un peu scolaire du corps de ballet, même si la chorégraphie servait la beauté de chacun, et une danse habitée. Peut-être pas encore un très grand danseur, mais déjà une très belle danse.Le cadre les servait, qui est irrésistible à mes yeux, flatté par de jolis éclairages. Un spectacle sympathique, entre jeux et leçon de danse au début, entre tenues de plage et longueurs romantiques, classicisme et traces de hip hop. Des symboles point trop insistants, contact des pierres et des troncs, petits tas de riz.
Un solo de Tayeb Benarama, qui s’approprie cette technique et dont le physique de pâtre méditerranéen colle au thème. Un moment de transgression extrême : les danseurs fumant et amusement de constater que certains n’avaient pu s’y résoudre et mimaient cette horrible action.
Et aux quelques passages où mon attention faiblissait je levais les yeux vers mes chers platanes.
10 commentaires:
Joli texte pour t'exprimer, et belles toutes ces photos
Bises
Françoise
un moment de choix de te lire, les photos d'Avignon avec les lumignons roses me laissent rêveuses. Et... un instant de nostalgie lorsque tu évoques Julien Gracq dont je connais très peu l'oeuvre mais dont j'ai lu, jeune adulte,"le rivage des Syrtes".
Encore une journée à compter et à décompter pour toi j'imagine, qu'elle te soit néanmoins agréable !
Lecture agréable de ta journée d'hier, tant pis le repassage peut attendre. Bon courage pour tes occupations d'aujourd'hui.
Encore beaucoup de toi dans ces quelques lignes si joliment écrites; je suis partie dans un plaisir de lire qui me convient tout à fait, surtout que tes jolies photos viennent charmer mes yeux...Je dois avouer mon inculture sur Julien Gracq mais j'ai le temps à présent de combler mes manques, l'Alcazar m'y aidera sans nul doute...
J'ai adoré le début de ton texte ! Te voilà heureuse !
J'avoue ne pas avoir lu cet auteur... Tes photos sont sublimes. Tafin sur les cigarettes, je la partage entièrement !
Beau dimanche aux urnes ! courage !
Bises,
Olivier
as tu reçu mon mail ?
Julien Gracq par lui-même…
Ce que nous avons appelé la courbe d’une phrase se décompose en deux segments dont il y aurait grand intérêt par rapport à un certain point critique, qui en constitue le sommet, à souligner les sens diamétralement opposés. Dans le début de la phrase, le mouvement de la pensée, que guide ou que reproduit (peu importe) la syntaxe, apparaît comme un pur surgissement : c’est toujours d’une espèce de coup de vent d’une liberté extrême qu’il dépend que nous surmontions le vertige d’inertie, d’un caractère proprement stupéfiant, que dégage " le vide papier que sa blancheur défend "…
[André Breton, Gracq par lui même]
L'écriture, tout un art Brig... Vous y êtes.
Chance, brigetoun, d'être comme toi habitée d'un tel foisonnement de visions, de rencontres et de pouvoir les marier avec tant de mots recréés dans l'instant du ressentir
j'ai chance ...pas trouvé d'autres mots , non c'est une fleur, c'est un fruit mûri
entre soleil et pluie...sur la dure terre de nos vies.
Ce fut une belle chose que "le repassage ne fut pas fait" ...
comme j'aime ces promenades avignonaises et culturelles...c'est un peu partir en weekend...
baci
Une journée presque vide plutot bien remplie!
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