Dans mon imagination ignorante issue d’une enfance livresque et adepte de l’à-peu-près, le lierre, comme le gui, sont de très méchantes et belles choses, et leur affection pour les arbres auxquels ils s’attachent est pleine de danger. Et je voyais de petites griffes traverser la fine peau des platanes, cette peau qui, avec sa tendance à peler, me semble fraternelle, et les beaux grands troncs ou les branches étouffer sous ces enlacements. Mais chaque année le plus petit platane de la place, tout de même de fort belle taille, se peuple allègrement avec le soleil du printemps, et les petites feuilles à la base de son nouveau dôme se penchent en se balançant amicalement vers leurs cousines, cet épais capiton, un peu une doudoune, qui habille le tronc et masque sa forme, la rend imprécise.
Dans le genre douce et ferme étreinte, sur le site de Paroles Plurielles (http://coumarine2.canalblog.com), cette photo de Nicolas Ranaldi, assortie de la consigne « finir ou commencer par : excuse-moi, c’est une erreur » et d’un plaidoyer pour la brièveté, est apparue le 6 juin et je l’ai trouvé belle, se suffisant assez manifestement à elle-même et pas du tout dans mon registre. Je suis passée. Mais, curieuse, je suis revenue pour lire les histoires charmantes, les pensées, qui commençaient à s’y attacher. Alors, sans aucun mal pour respecter la brièveté, puisque je trouve que la phrase mise en légende aurait suffi, en délayant comme je le pouvais au contraire, j’ai voulu me faire l’interprète de cette évidence, telle que je l’avais vu s’afficher sous mes yeux. Et ma foi, voilà :
Après midi à la maison de pêche
Les volets ne laissent passer qu’une torpeur lumineuse. De la plage montent des voix. Je les ai quittés, navrée, je dois rentrer en ville. Ils étaient allongés et ont tendu leur bras et leurs visages pour me dire au revoir. Jacques a dit : « vraiment ? »
J’enlève mon maillot et fouille dans le tas pour retrouver ma vêture citadine. La porte s’ouvre dans mon dos. Je me redresse, entre gêne et bonheur.
Il s’approche. Un pas surprenant. Je me raidis un peu, interrogeant ce bruit.
Il est dans mon dos, et ses mains se posent avec les miennes sur mes seins. Je le sens contre moi, mais ces mains ! ce ne sont pas les bonnes.
Et comme j’avale l’air, je l’entends, cet idiot : « excuse moi, c’est une erreur »
Les volets ne laissent passer qu’une torpeur lumineuse. De la plage montent des voix. Je les ai quittés, navrée, je dois rentrer en ville. Ils étaient allongés et ont tendu leur bras et leurs visages pour me dire au revoir. Jacques a dit : « vraiment ? »
J’enlève mon maillot et fouille dans le tas pour retrouver ma vêture citadine. La porte s’ouvre dans mon dos. Je me redresse, entre gêne et bonheur.
Il s’approche. Un pas surprenant. Je me raidis un peu, interrogeant ce bruit.
Il est dans mon dos, et ses mains se posent avec les miennes sur mes seins. Je le sens contre moi, mais ces mains ! ce ne sont pas les bonnes.
Et comme j’avale l’air, je l’entends, cet idiot : « excuse moi, c’est une erreur »
9 commentaires:
Très évocateur, texte et image, je n'arrivais pas à dormir, maintenant ça risque d'être pire. Merci Brigetoun.
(La peau du platane, évidemment ...)
de l'arbre aux seins, d'un enlacement à un autre, d'un naturel doux à une goujaterie, voilà encore un superbe texte qui me fait commencer un nouveau jour, dans le plaisir de te lire.
Que ton samedi soit lumineux Brig !
L'erreur serait de ne pas s'attacher à la peau si douce, du platane ou des seins...
Deux étreintes joliment interprétées : celle de l'arbre et celle de la consigne. Bon week-end Brigetoun.
En fonction où ça pousse, je déteste les lierres.
Sinon je trouve ton texte et la photo très sensuels. Passe un bon samedi.
En enlacement de branche bras, glisse sous les mots mes pensées imaginées.
Tu me pose un dilemme, j'aurai voulu être à deux endroits..faire cette photo et..
Tout est dans "cet idiot" ! devait il ou non se taire ?...
bonheur de venir te lire ce soir...tu laisseras mes rêves faire le reste..bonne soirée Brig
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