A midi, j’ai fini avec retard le Libération de samedi, salué d’un sourire la vieille dame apôtre du clitoris et me suis arrêtée sur l’article évoquant les nouvelles tentatives d’obtenir un « pardon » officiel pour les fusillés de 17, ces humains. Souvenir d’avoir pleuré, mon reste de fausse honte balayé, dans le métro, en lisant des lettres écrites la veille de leur exécution par certains, dans le beau petit recueil publié par Librio, que j’ai offert plusieurs fois et que je n’ai plus. Parmi d’autres aussi passionnantes pour leur humanité et par l’éclairage qu’elles donnent sur les conditions de vie et la culture populaire de l’époque.
Souvenir aussi de ma gratitude, une fois n’est pas coutume, pour Jospin qui avait fait scandale en disant « certains de ces soldats, épuisés par des attaques condamnées à l’avance, plongés dans un désespoir sans fond, refusèrent d’être sacrifiés » et en souhaitant qu’ils « réintègrent définitivement notre histoire nationale ». Et l’évocation des familles, pas toutes, où ils sont le trou noir vaguement honteux, le non-dit. Et du président de l’association soissonnais 14-18 qui pense qu’il reste « 250.000 soldats dans la terre du coin », et qui dit « je cultive sur des charniers ». Le début du suicide européen, avant la déroute morale et intellectuelle du nazisme, avec déjà ce record : la guerre la plus tueuse et la plus idiote que l’on ait connu.Bon, le temps était gris sur Avignon, les miens je ne sais où, alors je n’ai ici qu’une trace de ce que ma cour pouvait offrir comme reste d’une idée de beauté. Les troupes arrivent et le soir quelques affiches commençaient à fleurir encore timidement dans ma rue (une dizaine sur un vingtaine de mètres).
Reprenant George Sand (je me délecte avec sa correspondance, elle me ferait avaler n’importe quoi, comme ses lamentations de pure amante) je trouve au début de sa guerre, dont le résultat fut la liquidation de l’empire (ce qui ne lui aurait pas déplu si cela ne s’était accompagné de malheurs et si les républicains n’avaient pas partagé la responsabilité dans son déclenchement, avant par la suite de faire la détestable guerre à outrance) : « ce qui se passe dans nos campagnes, les plus paisibles, les plus patientes, les moins révolutionnaires de la France…. Eh bien, c’est une consternation, une fureur, une haine contre ce gouvernement qui me frappe de stupeur. … C’est une douleur, une pitié exaltées pour ces pauvres soldats qui sont leurs enfants ou leurs frères. » - et le même jour à Flaubert : « Cette boucherie humaine met mon pauvre cœur en loques. »
Et revenant à la xème guerre, celle des fusillés, dans l’Enfer de Barbusse, le vieux médecin après la mort d’un moribond, d’il ne sait quelle armée : « J’ai compris dans mes entrailles que l’homme s’enracine plus à l’homme qu’à ses vagues compatriotes ».
Je suis fille, petite-fille de militaires, mais je hais la guerre. Laquelle est décidée par des civils.
commentaires
désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération
lundi, juillet 02, 2007
Dimanche matin, ciel bleu, oiseaux, et une vague envie d’une promenade de quelques pas au bord du Rhône, dans l’après midi, en compagnie des lettres de George Sand – et puis vers 13 heures une petite pluie paresseuse et un ciel tourmenté d'un gris de tourterelle. Une odeur de terre mouillée qui est encore, pour l’ancienne parisienne, évocatrice de vacances comme ces interminables fins du mois d’août en Haute-Savoie dans mon adolescence. Agréable pourtant.
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10 commentaires:
Bon et bien bonne nuit Brig... on va essayer de dormir maintenant... et rêvons...
Drôle d'histoire tu nous contes, ici pas de soleil de la pluie, pas marrant
Bisous
Françoise
J'ai laissé un mot sur mon blog en réponse à ta question posée en commentaire. Je suis dans le sud, ma boite aux lettres ne retrouve plus sa clef...! Je fais donc un copié-collé (très exceptionnellement)pour prévenir ceux et celles qui m'ont posé une question à propos de mes petits bouqins.
A très bientôt
bonjour Brigetoun, je n'ai pas très bien compris le commentaire :) bonne journée :-)
Aujourd'hui, espace souvenirs, et je te rejoins totalement dans ta dernière phrase.
:-) pour l'huile d'olive j'avais compris, mais je ne comprenais pas avec le sucre :-)
merci d'évoquer14 18 ici; tu verras plus tard où je voulais en venir avec ma cigogne...je fil en Lozère, retour le 10
petit coucou pour un partage rapide et en toute sympathie d'idées.
Très belle note Brigetoun !
Je me souviens d'un livre fantastique deGabriel Chevallier, l'auteur de Clochemerle sur son expérience de la guerre... pour moi le plsu livre écrit sur ce sujet. Cela s'appelle "La Peur"
Il a été publié dans Poche, mais je suppose qu'il n'est pls réedité
Avignon envahi par la troupe... pacifique des comédiens! je respire.
Je me joins à tes pensées sur la guerre et sur ce qui s'ensuit.
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