Mais là, maintenant, le corps est fin, très fin, trop fin disent-ils, mais pas autant qu’elle le voudrait, encore et toujours présent, l’ombre qui glisse sur elle est celle d’un platane, cernée d’un lac de chaleur où certains se dissolvent, et la vie n’est plus devinée mais se montre devant elle, l’enserre.
Puisque corps il y a, un pas en avant, juste pour offrir à ses bras la jouissance d’entrer dans le soleil. Puisque vie il y a, se décider à se fondre dans ce qui l’enserre, communion attentive à ce qui est devant. Que se passe-t-il ? Une attraction bien sur, mais elle prend conscience d’une petite étrangeté, ou essai d’originalité – non ce n’est pas ça, de grâce peut-être ?
S’y accrocher, y trouver une petite nourriture pour sa curiosité, ou l’espérer, que cela advienne si cela peut. Au pire, apporter un peu de soutien muet à ces jeunes corps, esprits, désirs de reconnaissance qui s’affichent, et participer à l’attroupement qui se fait doucement.
C’est un parti pris, puisque la vie se poursuit, encore, toujours, se créer du désir, du plaisir.
La pensée est infirme, ou ne sait que plonger un peu trop, en ces jours, et elle se doit de mettre en sommeil le peu qu’elle en a.
Dans la longue dérive du petit-matin, corps frissonnant un rien dans le coton blanc, notant vaguement la tache des affreuses chaussettes de couleur verte se détachant sur les dalles roses de la cour, pendant qu’elle se penchait sur les pots, à la recherche de courageux boutons, un petit écœurement, mélange de café froid et de miel trop puissant, la faisant se redresser, elle l’a décidé – se faire une belle journée, comme il se doit dans un ville où tout le monde goute l’été avec plus ou moins d’élan spontané.
Se résigner à la réalité de ces mots : « et, ce jour là, le soleil s’est levé comme d’habitude ».
En fin d’après midi, après avoir donné à boire aux plantes et bu moi aussi, réveillant ainsi une petite douleur, en essayant de faire des projets me jetant dans les rues, j’écoutais la belle voix de tripes de Char se disant, et lisais ceci, un peu antérieur aux feuillets (légère appréhension de ce que donnera leur traitement pour la scène) « de ta fenêtre ardente, reconnais dans les traits de ce bûcher subtil le poète, tombereau de roseaux qui brûlent et que l’inespéré escorte ».