« Enfermée dans mon poing, je défroissai la lettre de l’homme de la Margeride, la pliai et la rangeai dans mon sac. Elle irait rejoindre les autres dans un classeur tout en bas de ma bibliothèque. Le paquet était gros de vingt six courriers de plusieurs pages chacun que je ne relisais jamais de peur de me blesser à des mots trop distants, de peur de ne pas trouver ce que j’aurais aimé lire. Les frênes et les hêtres autour de la maison bruissent enfin ; il s’agit d’oublier l’hiver bien que je ne souhaite rien effacer » - un passage d’un texte de Cathie Barreau sur http://remue.net/spip.php?article282 , trouvé dans une promenade sur le blog et résisté à l’envie de rechercher cette seule lettre gardée depuis des années, et planquée à demi pour la retrouver une fois tous les deux ans ou à peu-près, constater l’évolution de mon ressenti devant une description de marche matinale avec un chien, de nuages, de beauté et de la plénitude que donne la solitude, et n même temps une petite honte pour le rôle que je lui fais jouer tant d’années après. Et l’histoire de l’homme de la Margeride étant plus forte, beauté de ce texte.
Un peu plus tard
« Entre chacune des unités superposables de la poésie, les vers,
il y a du vide occupable par l’air ambiant,
l’air et toutes les autres paroles qui ne sont pas de la poésie
parce qu’elles relèvent du chaos des trajets qui se croisent de façon aléatoire » dans Poème de métro de Jacques Jouet sur le site de P.O.L. –
et à ce moment une odeur a été assez puissante pour réveiller mes neurones. La cafetière avait fait son travail, puis le café s’était essentialisé, réduit à quelques gouttelettes sur le plan de travail et à un reste de liquide noir sombre. Laissé refroidir.
et à ce moment une odeur a été assez puissante pour réveiller mes neurones. La cafetière avait fait son travail, puis le café s’était essentialisé, réduit à quelques gouttelettes sur le plan de travail et à un reste de liquide noir sombre. Laissé refroidir.
Et trouvé un écho vague dans « Glossaire » de Cholodenko « ces mots absents échappant tant à l’auteur qu’au lecteur sont l’espace même du texte qu’il génère lui-même pour se faire air, flottant entre écriture et lecture : non écrit par le lecteur tel même qu’il le fut par l’auteur, ou aussi bien reçu par l’un et l’autre de manière identique, transmis sans perte, et cependant sauvé de la matière, respirable, respiré, lisible »
Et puis m’en suis allée, à côté, au Funambule, voir « la sonate des sorcières » par le Tainaner Ensemble, en chinois non sous titré, ce qui n’était pas franchement gênant, la troupe ayant choisi de ramener la pièce à neuf moments emblématiques qu’une connaissance même vague de la pièce devait permettre de suivre, ce qui l’était pourtant, les acteurs les plus faibles ayant opté pour un jeu excessivement démonstratif. Un bon Macbeth, une bonne Lady Macbeth par moment (les sorcières se relaient dans ce rôle). Des sorcières un peu girls de revue, Très stylisé par manque de moyens, ce qui aurait pu être un bien – transposé, mais pas réellement. Une ou deux bonnes scènes. Une franchement mauvaise (le banquet). Des idées faussement séduisantes (situer l’action finale dans un hôpital psychiatrique). Et bien sur la comparaison est lointaine (parti pris) et écrasante mais je n’aurais pas dû, à un moment, repenser au formidable spectacle assumé sur le même thème par Carmelo Bene. (une photo provenant du site du Funambule, les costumes ayant été modifiés depuis, mais dans le même esprit)
5 commentaires:
je n'arrête pas de me réjouir de l'éclectisme de tes billets et du style que tu leur donnes ! Bonne journée Brig
A défaut de regarder l'assemblée, regarde plutot le Tour de Fr... euh non, désolé... :)
J'adore la derniere photo du ciel avignonais avec les petits moutons dans le ciel. Et ta ballade est bien sympa.
(c'est chouette de venir ici le matin au bureau, à défaut de se ballader dans la citée des papes, soupir...)
C'est le sprint des derniers spectacles on dirait, tu vas t'ennuyer après ?
lecture - recherche de commerçants ouverts et pose pour les shorts et ventres affalés dans le petit train, en espérant qu'ils ne me jettent pas de cacahouettes je n'y ai pas droit et j'aime pas ça
Et quel bonheur d'avoir encore à te lire, même après la fin du festival.
Bonne fin d'après midi.
Ah! L'homme de la Margeride! J'en ai connu quelques uns, des hommes rudes comme le basalte des vastes plaines.
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