Matinée paresseuse à Avignon, en longue tartine verbeuse.
Mercredi matin, la ville et presque moi étions au mieux de notre forme. Soleil, une légère brise et une chaleur ferme mais pas encore forte et moi, assez joyeuse d’avoir reconquis malgré de nouveaux grammes la possibilité de porter un long tube étroit de coton bleu sombre avec de fines rayures blanches, un décolleté carré et de hauts talons - j’ai gommé un léger mal être sous ce petit plaisir, et suis partie d’un pas presque conquérant vers Calvet.
L’exposition de l’été, toute petite, est dénommée « la Grèce des provençaux », basée sur le comte de Choiseul-Gouffier, touriste avant l’heure sur les côtes ioniennes, auteur d’un Voyage pittoresque, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, colonel, académicien, ambassadeur auprès de la Porte, mécène, conseiller de Paul Ier de Russie, possesseur de terres en Lituanie et mort en France. A vrai dire c’était surtout le mécène, collectionneur, et dessinateur fort honnête qui était concerné, son entourage et les voyageurs lettrés ou collectionneurs provençaux, à son époque et dans les générations suivantes.Mercredi matin, la ville et presque moi étions au mieux de notre forme. Soleil, une légère brise et une chaleur ferme mais pas encore forte et moi, assez joyeuse d’avoir reconquis malgré de nouveaux grammes la possibilité de porter un long tube étroit de coton bleu sombre avec de fines rayures blanches, un décolleté carré et de hauts talons - j’ai gommé un léger mal être sous ce petit plaisir, et suis partie d’un pas presque conquérant vers Calvet.
Il y avait le musée, des gardiens, quelques fleurs, la lumière des grandes fenêtres et moi.
L’exposition fait feu de tout ce qui peut avoir un rapport avec son thème, joli mélange, disposé en pensant aux cabinets des seigneurs ou négociants, évitant par un peu d’espace l’effet de fourre-tout.
Inventaire à la je ne sais qui :un beau torse conservé à Calvet de la collection de Choiseul-Gouffier, des dessins de costumes fait par un de ses protégés pendant son ambassade et venant de la BN, des stèles des iles grecques, des livres de bibliothèques d’honnête homme féru de voyages, des œuvres venant du Louvre ou de collections particulières, des dessins du comte, deux petites huiles de J.B.Hilaire (grecques dans leur salon d’été et je ne sais plus où) et de très jolies sépias et encres du même, des paysages oeuvres de romantiques en voyage, de très fins dessins de Louis François Cassas et, de lui aussi, de grands dessins à mes yeux assez plats et fades, à coté d’une des grandes fenêtres sur la cour une très jolie vue de Rhodes toujours du même, crayons de couleur sur papier gris, une pixide, un joli portrait de Cassas, encore lui, dessiné par Vivant-Denont, de petits dessins de Fauvel à la touche libre, un album, une lettre, des reliefs dont un représentant un chameau monté, découvert à Alexandrie de Troade, d’une simplicité un peu grossière et savoureuse, et d’autres classiquement d’honnête facture, ramenés par nos nobles parlementaires ou gros bourgeois riches et érudits de la fin du 18ème, de grands portraits à l’apparat décontracté, un portrait assez ingrat d’un chef d’escadre étonnamment présent, les aimables doubles mentons d’Esprit Calvet sur toile et en marbre, et des savants romantiques, portraits, gravures, statuettes joliettes, livres, plus quelques érudits du 17ème à lourdes perruques.
Avant de redescendre j’ai fait un détour pour saluer le Joseph Bara de David, des Soutine, et j’ai traversé les Parrocel et Vernet (un clin d’œil au Joseph Vernet par Van Loo et son visage pétillant d’esprit), puis un déclenchement pas trop réussi devant mon bien-aimé Saint Pierre sauvé des eaux napolitain et sa géométrie.
Immobilité béate, baignée de chaleur douce de midi dans la cour, avec un discret chant du vent dans les platanes, et retour flâneur le long de la rue Joseph Vernet.
J’ai passé le nez par une porte entrouverte et découvert une assez merveilleuse (pour moi) cour, écho de l’exposition, suis passée en me répétant « jupe de Ventilo, jupe de Cotalac, jupe de Ventilo » devant de jolis cotons délicieusement mous au Comptoir du coton et de belles barbotines chez Mistral - et j’ai fait dessaler de la morue.
5 commentaires:
Merci de cette belle balade en ta compagnie
Bisous
françoise
Tiens, toi aussi, t'as vu des statues récemment ?
Et puis, cette jolie cour à Avignon. Vivement qu'on s'y retrouve pour une plus longue ballade en ta compagnie.
...et où croyez vous que je m'en vais demain matin ? Passer quelques jours en Bretagne... Ne regardez pas la carte météo, vous risqueriez d'avoir peur... Ah le sud !...
Tu as de la chance d'habiter ce haut lieu de la culture qu'est Avignon, et tu en profites bien, c'est parfait.
Bien sympathique tout ça... Et en plus elle a du soleil, la coquine!
Ce n'est pas l'enfer justement, pendant le festival, Avignon?
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