ciel blanc, un peu de mouvement de nuages, avant la déchirure du soir, somnolences, vaguelettes nauséeuses, mais dans la fraîcheur de la cour, le matin, plongée d'attention fascinée, heureuse parce qu'avec l'illusion d'un accord, dans l"Innommable de Beckett, avec les approfondissements successifs du "je" qui se dégage de Mahood et de Worm, qui finit par se constituer comme représentant paradoxal de l'humain dans l'immense phrase de neuf pages commençant par "Difficile aussi de ne pas oublier, dans la soif de quelque chose à faire, pour ne plus avoir à le faire, pour avoir ça en moins à faire, qu'il n'y a rien à faire..." me conduisant, pensée coulant au fil de la page, guidée à travers les redites, les variations, les fausses digressions, d'étapes en étapes - "on s'est toujours raconté n'importe quoi.... ne cherchant plus, cherchant encore, ne trouvant rien, trouvant enfin, ne trouvant plus...... sans savoir quoi, sans savoir où, où est la nature, où est l'entendement...... où sont les autres ? qui est ce qui parle, ce n'est pas moi qui parle... que je sois cela, que je crie, que je bouge, que je sorte d'ici, que je naisse, que je meure, que j'écoute..... les mots sont partout, dans moi, hors de moi.... je suis fait de mots.... où que j'aille je me retrouve, m'abandonne, vais vers moi, viens de moi.... peur du bruit, peur des bruits, bruits des bêtes, bruits des hommes, bruits du jour et de la nuit..." jusqu'à "... pourquoi le temps ne passe pas, ne vous laisse pas, pourquoi il vient s'entasser autour de vous..." et "je ne vois plus rien pour l'instant".
restent la voix fraîche d'une nièce au téléphone, un pétale de géranium et cette merveilleuse collection de reéditions à bon marché "musique d'abord" chez Harmonia mundi avec, entre autres pépites, les Shakespeare songs par le Deller Consort.
restent la voix fraîche d'une nièce au téléphone, un pétale de géranium et cette merveilleuse collection de reéditions à bon marché "musique d'abord" chez Harmonia mundi avec, entre autres pépites, les Shakespeare songs par le Deller Consort.
8 commentaires:
je te lis en attendant que vienne, là, sous peu, la vampirette en jupons (non ce n'est pas une insulte mais une tendre appellation pour mon infirmière préférée !) pour une Xième et non dernière prise de sang et je souris à : "Difficile aussi de ne pas oublier, dans la soif de quelque chose à faire, pour ne plus avoir à le faire, pour avoir ça en moins à faire, qu'il n'y a rien à faire..." , et toujours autant impressionnée par tes photos, ta culture et ta belle façon de nous la faire partager !
Bon jeudi Brig, te souhaite un répit de très longue durée enfin dans ces vaguelettes inconfortables
Bel esprit qui voit "une taie sur l'oeil qu'il devait clore" alors que je ne vois que désordre... ulcérant.
la voix fraîche d'une nièce au téléphone, un pétale de géranium... en un instant cette phrase m'a fait voyager et j'ai été dans notre maison d'été en Italie, qui n'existe plus. Merci Brigetoun
La 1ère photo est superbe !
Tout comme ta note.
A plus,
Olivier juste quelques mots...
Bravo à tes yeux qui s'arrêtent sur une façade à laquelle j'aurais tourné le dos et à ta phrase qui me la fait regarder différemment.
je crains que tu me donnes des qualités que je n'ai pas, la façade était belle, noble, bien récurée, s'imposait et au contraire j'en ai vu les défauts. La perfection me met mal à l'aise
Des belles façades
J'aime !!!
Une bonne soirée
A+
Et sans parler de tous ces sourires de façade que l'on voit sur la face de nos gouvernants.
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