Ce jour là, en sortant, il a été surpris par la lumière, ou plutôt son absence. Pas absence non, elle était là, à peine voilée par les petits nuages, ou plus assombrie qu’ils ne l’expliquaient. Elle ressortait du mur du collège, exaltant son ocre, comme elle le faisait d’ordinaire en fin de journée, à l’heure que l’on nomme entre chien et loup.
« Chien et loup » il l’a murmuré, gouté, un peu par jeu, en se redressant d’avantage, pour le plaisir de sentir ses muscles, le jeu de ses vertèbres. Il a pensé au cou de son cheval favori, là bas chez son père.
Qu’était il venu faire ici ? Avait-il cru un moment qu’il avait réellement cette vocation qu’on lui vantait ? A ses mauvais moments, comme maintenant, il pensait qu’il avait simplement suivi ce que lui dictait la famille, son rôle de cadet, mais il n’en était pas sûr.
Le jour s’était-il mis en harmonie avec son humeur ? Les murs des bâtiments du collège étaient pourtant bien doux, le roux pâle de l’un et la clarté presque blafarde de l’autre, mais ils l’enserraient, et le trou entre eux semblait bloqué par l’arceau du passage, plus qu’il ne l’aurait été par un mur. Y trouver son confort ? et se souvenir des livres qu’ils contenaient, et de l’intelligence qu’il y rencontrait parfois, avec soif, dans la médiocrité des jours.
Il a haussé un peu les épaules, ou l’a pensé, et puis il est parti dans la ville, à grandes enjambées souples, dressé, comme un cavalier. Un petit vent, tout jeune, s’est levé pour l’accompagner. Il l’a salué.