L’idée de voir Avignon et ses pierres englouties sous une végétation devenue folle et reine n’est même pas du royaume des rêves, mais j’aime bien les petites plantes courageuses qui font signe sur une bosse des murs ou à travers la rectitude d’un dallage.
Partie sous un ciel gris encore doux, et bleu moutonneux au dessus du Petit Palais (l’après midi crachin un peu morne) vers le Caravage et le groupe d’auditeurs dans lequel je me sens aussi bien qu’agacée par le public des conférences sur la contre réforme. Détendu et intelligent, au moins à mes yeux.

Une Madame avait amené un livre édité par son groupe et dont des exemplaires lui avaient été demandés par des assistants (je suis une petite nouvelle). Et je l’ai acheté pour le plaisir, même s’il y a peu de chance que je m’en serve. Intitulé « alimentation méditerranéenne et santé » (titre un rien usurpé, il n’est diététique que par le plaisir que l’on peut trouver aux traditions, et en effet la sagesse de ces dernières autour de la mare nostrum) c’est une collection de recettes de femmes vivant dans la région et originaires de pays méditerranéens, provençales, tunisiennes, languedociennes, italiennes, turques, algériennes etc..Fatima, Fathia, Malika, Mireille, Pierrette, Esengül, Ilham, Pascaline … avec de belles photos en noir et blanc de groupes de femmes dans des cuisines, des jardins, autour de fours, gaulant des oliviers avec les hommes, et quelques textes d’ateliers d’écriture qui se sont tenus à Apt, Orange, Avignon, « Je me souviens… »

De Pol : « Après mon certificat d’études, j’ai arrêté l’école et j’ai fait le berger ; au mois de mai, on partait à pied de Sarrians et on montait en Dévoluy. On marchait 20 à 30 kilomètres par jour, il nous fallait huit jours pour arriver. Pendant le trajet, on dormait par terre, on se protégeait de la pluie sous de grands parapluies bleus, sous lesquels on pouvait s’abriter à cinq ou six… »

Fatima : « Rfissa. Ma mère faisait cette recette pour accueillir les invités qui venaient de loin… Mélanger la semoule avec le beurre et le sel et travailler à la main. On forme un rond très fin et on le pose sur le tajine en terre. Une fois cuite la galette, on la casse en morceaux de galette avec un peu de beurre. .. »
Il y a le Za’Louk de l’Isle sur Sorgue, le ragout de poulpe d’Avignon, le Karmi-Yarik de Bollène, les blettes à l’anchoiade d’Apt, les polpettes d’Avignon, un peu plus de 300 pages de plaisirs simples.

N’ai eu guère de temps pour les blogs, j’étais à l’assemblée (virtuellement of course) à cause d’un article de la loi sur la sécurité sociale qui risquait d’entrainer le licenciement du personnel des associations ou maisons familiales en zone rurale, et en Lozère en particulier. L’horrible pression que nous avons exercée a permis d’éviter le pire jusqu’en 2009.
Oh ! et puis : à mon retour, vers midi, deux japonaises avec de jolis chapeaux et de petits rires courtois à moi destinés parce que je passais, se faisaient photographier dans la niche-guérite par un époux, l’autre baillant aux corneilles ou mesurant des yeux la hauteur de la tour.