Long et à usage personnel, en mini-thérapie.
En deux bolées, j’ai lu un peu plus de la moitié d’ »on n’est pas là pour disparaître » d’Olivia Rosenthal, et, avant de laisser reposer, pour couper avec la façon dont j’ai abordé ce qui est en effet un beau livre, pour le reprendre plus tard, je tente de formuler ma réception hautement subjective. Ce qui n’enlève rien au livre. Juste à moi.
Les passages que j’en lisais me tentaient, et en même temps s’était installée l’idée que ce livre n’était pas pour moi, non que j’ai particulièrement peur de la maladie d’Alzheimer pour moi, pas plus que d’un autre décrochage, mais le souvenir de périodes quasiment border-line, et plus comiquement ma tendance, répandue, à éprouver tous les symptômes des maladies surtout nerveuses ou mentales que l’on évoque et tous les effets secondaire signalés sur les notices des médicaments, m’incitent à une prudence que je me refuse à trouver lâche..En fait je craignais, comme lectrice, ce qu’Olivia Rosenthal décrit, comme auteur : «Car non seulement il est désagréable de se plonger, même en fiction, dans un avenir sombre et sans-espoir mais, comme je viens de le dire, on peut craindre de déclencher par le seul pouvoir de son imagination ce qu’on souhaitait justement à tout pris éviter ». Et plus encore si le « ce » est moins spécifique
En deux bolées, j’ai lu un peu plus de la moitié d’ »on n’est pas là pour disparaître » d’Olivia Rosenthal, et, avant de laisser reposer, pour couper avec la façon dont j’ai abordé ce qui est en effet un beau livre, pour le reprendre plus tard, je tente de formuler ma réception hautement subjective. Ce qui n’enlève rien au livre. Juste à moi.
Les passages que j’en lisais me tentaient, et en même temps s’était installée l’idée que ce livre n’était pas pour moi, non que j’ai particulièrement peur de la maladie d’Alzheimer pour moi, pas plus que d’un autre décrochage, mais le souvenir de périodes quasiment border-line, et plus comiquement ma tendance, répandue, à éprouver tous les symptômes des maladies surtout nerveuses ou mentales que l’on évoque et tous les effets secondaire signalés sur les notices des médicaments, m’incitent à une prudence que je me refuse à trouver lâche..En fait je craignais, comme lectrice, ce qu’Olivia Rosenthal décrit, comme auteur : «Car non seulement il est désagréable de se plonger, même en fiction, dans un avenir sombre et sans-espoir mais, comme je viens de le dire, on peut craindre de déclencher par le seul pouvoir de son imagination ce qu’on souhaitait justement à tout pris éviter ». Et plus encore si le « ce » est moins spécifique
J’admire, même si elle est assez habile pour qu’en en jouissant on ne s’y arrête pas, la construction en mosaïque, combinant en fragments généralement brefs les dialogues avec Monsieur T., d’abord poétiques
« Quelle date sommes-nous ?
Je ne sais pas.
Où êtes vous ?
A vos côtés
Dans quelle ville ?
Près du fleuve
Connaissez vous le nom de ce fleuve ?
Oui il coule » qui se dégradent peu à peu, l’histoire du Docteur Alzheimer, le récit de l’histoire de Monsieur T, repris en ajoutant des détails, l’histoire de l’écriture du livre, la voix de la femme, s’adressant tantôt à lui qui ne comprend plus, tantôt à elle, tantôt à nous, celle de la fille, les comptes-rendus presque, mais pas tout à fait, neutres des visites, la description de ce qu’est cette maladie, chaque élément réagissant, ou non, mais toujours lié, aux fragments d’autre nature qui l’entourent, le tout s’approfondissant d’étapes en étapes avec l’évolution de cette sacrée maladie d’A.
Mais, ce qui m’a fait laisser provisoirement la lecture, plus que le monologue (dans lequel curieusement je me trouve bien) et la douleur sous-jacente du manque même inconscient : «… toute la journée à me démener pour sortir de là toute la journée entouré d’incultes qui me demandent de participer je ne suis plus à l’école dites le nom d’une fleur je ne suis plus un enfant et aussi le nom d’un fromage et aussi le nom d’un monument camembert c’est pas le nom d’un monument et d’une couleur camembert….. » mais aussi « Il faudrait que quelqu’un me prête ses mots pour que je parle, il faudrait que quelqu’un me souffle à l’oreille les mots dont je ne dispose plus mais pour que quelqu’un me les souffle à l’oreille il faudrait qu’il devine ce que je ressens et voudrais exprimer. » - plus que les exercices, que d’ailleurs Olivia Rosenthal fait, relançant ainsi son écriture, ce sont les passages neutres, ou attentifs, mais extérieurs.
Revenant à une simple dépression je me dis que cela peut-être terriblement dur, que l’on peut en parler aux meilleurs moments avec distance, une tentative d’humour, mais que l’insupportable c’est d’entendre les autres en parler, d’être regardé, et il me semble que lorsque, dans la solitude, la souffrance vient, c’est par la petite perle de conscience que nous gardons et qui nous regarde.
Et voilà qu’après ces sottises j’ai envie de continuer ma lecture.
« Quelle date sommes-nous ?
Je ne sais pas.
Où êtes vous ?
A vos côtés
Dans quelle ville ?
Près du fleuve
Connaissez vous le nom de ce fleuve ?
Oui il coule » qui se dégradent peu à peu, l’histoire du Docteur Alzheimer, le récit de l’histoire de Monsieur T, repris en ajoutant des détails, l’histoire de l’écriture du livre, la voix de la femme, s’adressant tantôt à lui qui ne comprend plus, tantôt à elle, tantôt à nous, celle de la fille, les comptes-rendus presque, mais pas tout à fait, neutres des visites, la description de ce qu’est cette maladie, chaque élément réagissant, ou non, mais toujours lié, aux fragments d’autre nature qui l’entourent, le tout s’approfondissant d’étapes en étapes avec l’évolution de cette sacrée maladie d’A.
Mais, ce qui m’a fait laisser provisoirement la lecture, plus que le monologue (dans lequel curieusement je me trouve bien) et la douleur sous-jacente du manque même inconscient : «… toute la journée à me démener pour sortir de là toute la journée entouré d’incultes qui me demandent de participer je ne suis plus à l’école dites le nom d’une fleur je ne suis plus un enfant et aussi le nom d’un fromage et aussi le nom d’un monument camembert c’est pas le nom d’un monument et d’une couleur camembert….. » mais aussi « Il faudrait que quelqu’un me prête ses mots pour que je parle, il faudrait que quelqu’un me souffle à l’oreille les mots dont je ne dispose plus mais pour que quelqu’un me les souffle à l’oreille il faudrait qu’il devine ce que je ressens et voudrais exprimer. » - plus que les exercices, que d’ailleurs Olivia Rosenthal fait, relançant ainsi son écriture, ce sont les passages neutres, ou attentifs, mais extérieurs.
Revenant à une simple dépression je me dis que cela peut-être terriblement dur, que l’on peut en parler aux meilleurs moments avec distance, une tentative d’humour, mais que l’insupportable c’est d’entendre les autres en parler, d’être regardé, et il me semble que lorsque, dans la solitude, la souffrance vient, c’est par la petite perle de conscience que nous gardons et qui nous regarde.
Et voilà qu’après ces sottises j’ai envie de continuer ma lecture.
11 commentaires:
J'ai bien aimé ta description du livre d'Olivia Rosenthal, tu nous en fais un bon résumé, que ce soit pour la maladie d'Alzheimer ou les maladies mentales.
C'est bien d'être sensibilisée à ces maladies afin de les détecter dans notre entourage.
Merci d'avoir partagé cela.
Bon jeudi et bisous de ta p'tite cousine du Québec. xoxo
J'ai bien bu la victoire marseillaise hier soir. C'était bon. Et merci de ton clin d'oeil ^__^
J'adore la première photo.
Je ne connais pas Rosenthal, mais j'en ai entendu beaucoup de bien.
Bonne journée
Vu hier soir un reportage sur la fille d'Annie Girardot qui voudrait garder auprès d'elle sa mère atteinte de ce mal. Je revois cette femme pétillante de vie dans ses films et ne puis me l'imaginer en fauteuil et livrée à cette désespérante maladie...
En deux bolées tu pouvais aussi relire " le Cid " ok je file...
Chère Brig,
Douleurs, incompréhension, infantilisation, mémoire défaillante, etc, une maladie terrible...
Ce livre d'Olivia Rosenthal semble passionnant.
A bientôt,
OLIVIER
superbes extraits
je ne m'étends pas car mon dernier com n'est pas passé, ce qui est fort contrariant, ça doit être à cause de mon IP (ça m'arrive sur d'autres sites).
bonne journée
perdre toute conscience ce seait peut-être le bonheur ou plutôt l'absence de souffrance. j'y pense souvent mais comment sortir de l'impasse quand on pense encore un peu??
le problème est que ça ne s'arrête pas à une perte de mémoire et de conscience, que l'on devient totalement dépendant pour la vie quotidienne en toutes ses dimensions et possiblement violant.
Et oui, quand on atteind mon âge, la raison qui nous reste nous prévient : on se console de savoir que le temps qui nous reste sera plus court que celui que l'on a vécu...
Je crois que tu as raison Brigetoun, dans cette terrible maladie le plus dur doit être d'avoir "une petite perle de conscience" qui nous fait sentir la dégradation de notre état...
Une très belle analyse,sensible,à ta manière, d'une lecture qui te touche et de tes mots qui nous touchent...
La mémoire est une question qui me revient souvent: collective, individuelle, de mémorials du souvenir à la résilience...,mémoire des temps, mémoire affective...un passionant et vaste sujet;
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